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Évocation : Tahar

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Par Amar Zentar

Je revois encore cette moustache en guidon qui collait si bien à ton toi. Ton si beau sourire qui ferait craquer même un iceberg. Ce visage d’éternel adolescent, sinon de juvénile inachevé. Ce statut de fils de bonne souche que tu portais avec élégance. Cette politesse pas de celle feinte d’hypocrites invétérés masquant leur vilenie sous un dentier flamboyant, mais cette vraie pudeur toute de respect vêtue. Jamais un mot de trop ni de parole blessante. Bon ça suffit pour le côté attractif car je te sais si plein d’humilité que tu n’aurais point accepté ce modeste hommage. On s’est connu, tu t’en souviens sans doute à « Algérie-Actualité » et le courant est vite passé entre nous. Pas parce que nous partageons le même terroir, mais pour l’essentiel le même terroir. Une superficie cultivable et surtout cultivée. Là où d’immenses mélomanes notamment ont poussé leurs premiers vagissements. Là, tout juste là, à proximité de cette mer si bleue qu’on la boirait volontiers. Mais elle reste toujours à voir et revoir. Comme tout ton œuvre en somme parfois fluide, d’autres impénétrable. Tu te souviens lorsque tu m’as remis « l’exproprié » pour le parcourir. Diantre, je n’ai pigé que dalle. Et je t’en ai fait part avec ma causticité coutumière…Sans méchanceté aucune toutefois. J’ai trouvé cette œuvre un peu à l’instar de « Nedjma » de feu Kateb Yacine : tout simplement inaccessible et impénétrable. Loin de te démonter tu m’as répondu toujours avec le même modestie qui te collait à la peau tel un justaucorps « mon ami Amar, l’œuvre dépasse souvent son propre auteur »…Ce qui m’a rassuré quelque peu question quotient…Je me suis tout de même donné la peine de relire et relire moult fois ton ouvrage. Car comme disait l’autre et sur le métier, remettez vingt fois votre ouvrage ». Franchement je n’ai pas tout compris mais je peux me targuer d’avoir saisi toute la portée. Académique sur le fond. Et réservée à ceux qui affectionnent le questionnement ? Sinon c’est quoi une œuvre misérabiliste hacha « Les misérables » ? Ceci étant, je me suis bien racheté en broutant sur les vertes prairies des « Vigiles », « Les chercheurs d’os », « Les rets de l’oiseleur », tant tu surfais sur tous les registres littéraires avec ce je ne sais quoi qui conférait à tes écrits quelque chose de magique et « mystique » en même temps. Mais les ennemis de la lumière ont une « sainte » horreur des porteurs de vrai.
Des chantres de la rigueur et des pourfendeurs impénitents des ténèbres. Des esthètes du verbe. Des ciseleurs de mots. Alors les fils de la haine ont tranché. Mort à l’intelligence et sus au génie. Quelle racaille de la pire Vengeance. Tu étais trop beau, trop sublime pour la nuit qui descend sur l’océan. Cette mer qui roucoule et célèbre ton art, pas loin de cette mosquée du village à laquelle tu avais mis la main à la pâte. La bonne, l’une des meilleures sans conteste. À tout à l’heure Tahar, je suis si fier de t’avoir connu. Peut-être pas assez mais assez pour en dire un peu…

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