Les agressions sexuelles, dont l’enlèvement, le viol et le meurtre de la petite Salsabil, constitueraient un paroxysme récent et sont susceptibles de favoriser les opinions favorables au rétablissement de la peine de mort. Certes, il ne faudrait pas trancher plus vite, mais de plus en plus d’Algériens, la plupart sous influence idéologique religieuse, sont pour le retour de la peine de mort. Une peine suspendue par l’Algérie suite à la signature d’un mémorandum sur l’abolition de la peine capitale. Parmi les réactions des internautes sur les réseaux sociaux après les révélations sur la fillette de 9 ans — tuée par strangulation la semaine dernière à Oran — on peut facilement faire état d’une progression significative de l’opinion favorable au retour de la peine de mort. À travers les différentes pages dédiées à la petite Salsabil sur Facebook, les internautes déchaînent leur colère. Il faut souligner, à ce propos, le contenu subversif de certaines de ces pages. En effet, le débat sur ces pages n’est pas encadré. Certaines pages proposent simplement de répondre sur la question : êtes-vous pour ou contre l’exécution du meurtrier de la petite Salsabil ?, en joignant une photo d’elle et un petit commentaire : «Ceux qui sont en faveur de la mise à mort de cet animal – le meurtrier de Salsabil – qu’ils cliquent sur un “j’aime”!». Et les nombres de ces «j’aime» sont comptés par milliers, alors que les avis contre sont très loin derrière. Et les commentaires exprimés témoignent tous de la rage, du mécontentement et des appels à la vengeance. Pour augmenter la dose, certains postent une photo d’un adolescent, traits de visages maléfiques, qu’ils présentent comme le meurtrier de Salsabil. Du côté du grand public, la proportion augmente aussi nettement chez les personnalités nationales et des vedettes de médias, qui n’ont pas manqué d’appeler eux-aussi à appliquer « la loi du Talion» à travers leurs pages. La multiplication des crimes de viol et du pédophilie ainsi que le sentiment que la violence est de plus en plus forte, conduisent à radicaliser la prise de position, en montrant une forte progression du soutien au rétablissement de la peine de mort depuis les années 2010. Et cela affaibli, à contrario, l’idée qu’on peut réintégrer dans la société tous les condamnés, quel que soit le crime. Le retour de la peine de mort est à tout le moins improbable : le président Abdelaziz Bouteflika est défini, par les défenseurs des droits humains, comme un abolitionniste de cette peine « inhumaine ». Mais récemment, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait dit en janvier, au lendemain des révélations sur le meurtre de la petite Nihal, qu’il était « personnellement favorable » à l’application de la peine de mort contre les narcotrafiquants et les tueurs d’enfants. Cependant, la déclaration d’ Ouyahia n’est pas la seule à marquer le débat politique. Récemment, des formations de la ligne islamiste n’en cachent pas leur souhait de voir réinstaurer la peine de mort, alors qu’elles étaient contre cette idée pendant les années du terrorisme.
Hamid Mecheri
