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Dr MOHAMED BEKKAT BERKANI SUR LE COVID-19 EN ALGÉRIE : « La prévention est le maître-mot »

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Le docteur Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l’Ordre des médecins, invité hier, au Forum du Courrier d’Algérie, a affirmé que la prévention est le meilleur moyen et voie à emprunter pour se prémunir des risques de propagation du virus Covid-19 en Algérie, notamment par le pistage du parcours des personnes affectées. Surtout que, dimanche soir, deux cas confirmés positifs au coronavirus, une femme de 53 ans et sa fille de 24 ans, ont été annoncé du côté de Blida.

Insistant sur l’implication de tous pour faire face à la situation imposée par la propagation du virus à travers le monde, car, souligne-t-il, notre pays « ne peut être à l’abri » du fait que le monde devient comme un village, où il appelle à faire preuve d’un degré élevé de responsabilité au niveau individuel, collectif, et notamment de la part des pouvoirs publics.

« Les autorités prennent les choses au sérieux, tant mieux ! »
Même si pour le citoyen et le corps médical, plus particulièrement, notre système de santé souffre de carences et d’insuffisances, liées à la mauvaise gestion et l’absence de mesures adéquates à même d’opérer une amélioration effective, notre invité assure que « la volonté est là pour lutter efficacement contre toute maladie émergente ».
Saluant la démarche adoptée, jusque-là, par le ministère de la Santé en matière de communication, sur les cas affectés par le Coronavirus, dont le ressortissant italien transféré à son pays, et, depuis dimanche soir, les deux femmes de Blida ainsi prises en charge par les services sanitaires concernés, le président du Conseil national de l’Ordre des médecins, s’exprimant sur la réunion du Haut Conseil de Sécurité, présidée dimanche dernier, par le chef de l’État, il dira que « cela veut dire que les autorités algériennes prennent les choses très au sérieux et c’est tant mieux ! » Faisant remarquer, à ce propos, que «c’est la première fois, dans notre pays que les autorités politiques prennent les choses au premier degré ».

« La traçabilité des personnes affectées est impérative »
Poursuivant, il dira que, finalement, la question de savoir si toutes les mesures du ministre de la Santé annoncées ont été prises, les quelques jours à venir, voire dans quelques semaines, apporteront des réponses, parce que, explique-t-il, « aucun pays n’est à l’abri d’une épidémie » ou pandémie, qui n’est pas annoncée par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS). S’agissant du Covid-19, la traçabilité des personnes affectées, après signalement de cas affectés, « est la tâche essentielle à prendre en compte »  dès la découverte de cas affectés par le virus en question. Cette étape, explique notre invité, est le maillon fort à intégrer dans le plan de prévention, pour une efficacité effective allant dans le sens de limiter la propagation de la maladie.

« Que chacun adopte les mesures basiques d’hygiène »
Pour ce faire, insiste le docteur spécialiste en pneumologie, Mohamed Bekkat Berkani, sur les mesures basiques d’hygiène, pour réduire au maximum les possibilités de transmission du virus en question, sans se laisser entraîner dans l’engrenage de la panique. Car, insiste-t-il, « il n’y a pas lieu de paniquer » et d’insister à ce que «chacun adopte au moins les mesures basiques d’hygiène ». Il cite, comme exemple, le lavage fréquent des mains avec du savon ou des solutions hydro-alcooliques, se moucher ou tousser dans des mouchoirs jetables et éviter de serrer la main dans un environnement classé zone de foyer du Virus.
Ce sont là, poursuit-il, « des mesures qui sont aptes à casser toute transmission », explique Bekkat Berkani, sans manquer d’insister sur l’importance des campagnes de sensibilisation, lesquelles font défaut, alors que le Covid-19, après avoir été à nos portes, en Italie et notamment en France, pays comptant un nombre important de ressortissants algériens. Preuve en est, dimanche soir, le ministère de la Santé annonçait deux cas confirmés, après celui de l’Italien, qui est rentré dans son pays vendredi dernier. Dr Bekkat a souligné la « difficulté de la traçabilité » du virus, vu, explique-t-il, des « porteurs sains peuvent l’avoir contracté d’une personne affectée et avérée, sans que cela soit visible », sans manquer de noter qu’il « ne s’agit, toutefois, pas de la peste qui tue à tous les coups », invitant les citoyens à ne pas se livrer à la panique.

Que faire pour améliorer la santé et assurer les situations d’urgence ?
Le président du CNOM a réitéré, hier, son appel, à l’amélioration des prestations au regard du financement dont bénéficie ce secteur par le budget de l’État, indiquant qu’«il faut établir des comptes pour savoir pourquoi nous injectons autant d’argent et qu’au bout du compte, nos établissements hospitaliers sont déplorables ». Autre volet abordé, lors des réponses du docteur Bekkat Berkani aux questions des journalistes présents au Forum, la refonte du système de santé. Refonte qui doit passer, préconise-t-il, par «l’injection de plus de moralité dans la profession des médecins et l’amélioration de leur situation sociale», par la résolution, notamment cite-t-il, «du problème de gestion des hôpitaux ».
Il affirme par la même occasion que «la construction dans les plus brefs délais de nouveaux hôpitaux», à travers le pays, répondra aux attentes des citoyens en matière de soins et allègera fortement la charge à laquelle font face les hôpitaux et les CHU existants. Déplorant, plus loin dans ses réponses, l’état des lieux de nos établissements hospitaliers.
Concernant le plan d’action du gouvernement, notre invité s’est montré surpris de constater qu’il a survolé l’aspect lié à la prévention, qui est censé être « son cheval de bataille », et de rappeler l’adage selon lequel « prévenir c’est guérir ! ». Réitérant, à ce propos, la proposition qui devra conforter toute dynamique ou plan d’action de prévention, à savoir la création d’agences spécialisées, car, et jusque-là, « nous avons toujours été dans la défensive ou dans la réaction » face à un problème de santé touchant un nombre important de citoyens, citant le cas de l’apparition et la propagation rapide du choléra en Algérie durant l’été 2018.

« Anticiper sur les événements au lieu de les subir »
Pour l’invité de notre Forum, il est urgent de passer du stade « subir les événements à celui de les anticiper et les prévenir ». Pour y parvenir, le président du CNOM réitère également sa proposition de la création d’une haute instance devant tracer les plans d’action et les grandes lignes devant être traduites en toutes situations d’urgence ou d’anticipation dans la gestion et le traitement d’éventuelle problèmes de santé. Comme c’est le cas, aujourd’hui, avec la situation du Covid-19, à travers le monde. Car, dira-t-il, « l’Algérie n’est pas à l’abri d’une diffusion du coronavirus » et «c’est pourquoi la prévention reste le maître-mot pour faire face à cette situation ».
Autre point abordé par notre invité hier, les campagnes de vaccination, notamment antigrippale, qui devrait être, selon lui, «obligatoire» et de consolider les autres systèmes sanitaires de vaccination. Estimant qu’il est «primordial» de mettre en place une « politique de santé préventive » à travers la création d’une Agence de Veille Sanitaire «indépendante» de la tutelle, composée de professionnels, qui se chargera de l’établissement de modèles de prospection, « de sorte à prévoir ce type de situation », a-t-il sugéré.
Plus loin encore, Docteur Berkani affirme que si l’Algérie disposait de ce type d’autorité, « on aurait été en mesure d’anticiper les choses » à travers notamment « des études épidémiologiques sur ce phénomène » et d’«’informer la population sur les réflexes et les nouveaux comportements à adopter » pour éviter toute situation critique en matière de santé publique. Car, faut-il le rappeler, cette question est aussi une affaire de sécurité.
Karima Bennour

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