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Danemark : l’adieu aux migrants

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Avoirs confisqués, réduction des droits… Le Parlement danois a approuvé un train de mesures musclées pour tenir à distance les demandeurs d’asile. Les rappels à l’ordre de l’ONU et les protestations des organisations de défense des droits de l’homme n’y ont rien changé : le Parlement danois a adopté, mardi, une réforme du droit d’asile qui avait fait couler beaucoup d’encre dès sa gestation.

La disposition la plus spectaculaire a certes été assouplie, elle n’en demeure pas moins radicale : la police danoise pourra désormais saisir les biens et les avoirs des migrants au-delà d’une valeur de 10 000 couronnes (1 340 euros), confiscation destinée à financer leur séjour dans le royaume. Par ailleurs, le texte prévoit notamment des restrictions au regroupement familial, à l’octroi de droits sociaux ainsi qu’une réduction des droits de résidence.

« Mieux vaut éviter le Danemark »
Bien que sa formation, le parti libéral, soit minoritaire au Folketing (le Parlement danois), le Premier ministre libéral Lars Lokke Rasmussen n’a eu aucun mal à rallier une majorité de députés. Précurseur des populismes nordiques qui se sont développés dans tous les pays scandinaves au cours des dernières années, le Parti du peuple danois a apporté un soutien enthousiaste à un projet de loi qui conforte son hostilité affichée envers les migrants. Même l’opposition sociale-démocrate s’y est ralliée moyennant quelques ajustements. L’objectif du gouvernement issu des législatives de juin dernier n’est pas seulement, ou pas prioritairement de faire payer leur séjour aux étrangers déjà présents ; il est avant tout de dissuader de futurs demandeurs d’asile. Le porte-parole du Parti du peuple danois l’a dit crûment : « Ce que nous disons, c’est que si vous voulez venir en Europe, mieux vaut éviter le Danemark. »

Point de passage vers la Suède
Contrairement à l’Allemagne ou la Suède, le royaume n’est pourtant pas submergé par les migrants venus principalement de Syrie mais aussi d’Irak, d’Afghanistan ou d’Érythrée, puisqu’on n’y a enregistré que 21 000 demandes d’asile au cours de l’année écoulée. Il constituait en revanche le point de passage favori de tous ceux qui cherchaient à gagner la Suède, pays dont la coalition de centre-gauche a longtemps pratiqué une politique d’accueil très généreuse avant d’effectuer un spectaculaire revirement en décembre. Depuis que le flux des migrants est devenu hors contrôle, l’été dernier, la plupart des pays européens ont pris des mesures pour le détourner, érigeant des barrières de barbelés ou rétablissant le contrôle aux frontières aboli par les accords de Schengen. Mais jamais à ce jour un gouvernement nordique, région d’Europe supposée la plus ouverte à l’altérité, ne s’était montré aussi restrictif. Ce faisant, il joue sur du velours : le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe a certes mis en garde Copenhague ; il n’en demeure pas moins que 70% des Danois assurent que l’immigration constitue leur principale préoccupation.

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