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Coupure des réseaux sociaux : un impact d’ordre moral et politique, selon Dr Kahlane

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Pour éviter un autre scénario de fuite de sujets, à l’origine d’une fraude massive qui a fait scandale lors de la session du Bac, le gouvernement a trouvé l’«ingénieuse» parade de suspendre l’accès aux réseaux sociaux, tout au long de la période du déroulement du Bac partiel, dont les épreuves sont lancées, hier, dimanche. Cela étant dit, cette mesure aura-t-elle impacté l’économie ? En effet, durant la soirée de la journée de samedi, les usagers auraient remarqué qu’il y a eu effectivement des perturbations et des flottements dans l’accès à Internet. Un souci qui a impacté, notamment plusieurs sites web et autres moteurs de recherche parmi les plus usuels, à l’exemple de Google. Il a fallu attendre le milieu de la journée pour que l’accès à la Toile se rétablisse, si peu que ce soit, au profit des abonnés. Ceci, au moment où toute tentative de se connecter aux réseaux sociaux, tels que Facebook et Twitter, fortement convoités par les Algériens, est rendue impossible, puisque la liaison était sèchement interrompue. Le même constat est relevé durant les premières heures de la matinée, d’hier, dimanche. Ainsi, au-delà des férus de la Toile, les entreprises qui génèrent leurs revenus financiers à partir des services web, tel que les start-up et les cybercafés, ont subi de plein fouet cette coupure, aussi pénalisante qu’inconvenante. Même si cette mesure était annoncée depuis quelques jours déjà par le ministère de l’éducation nationale, et est prise en concertation avec d’autres départements ministériels, il n’en demeure pas moins que ses conséquences sur la vie économique du pays n’ont pas été réfléchies par les pouvoirs publics, semblerait-il être le cas. C’est à cela à quoi fait référence un spécialiste du domaine des Tic (Technologies de l’information et de la communication), notamment Ali Kahlane, Docteur en informatique fondamentale, non moins président de l’AAFSI (Association algérienne des fournisseurs de services internet). Qu’en-est-il justement de l’impact d’une telle décision sur l’économie? Pour notre interlocuteur, que l’on a joint, hier, par téléphone, «l’impact économique n’est pas aussi important qu’il puisse paraitre», dans la mesure où le taux de connectivité des entreprises, des institutions publiques, des établissements financiers (…) du pays et leur dépendance au réseau Internet sont infimes,- avoisinant les 20% seulement, a fait savoir l’expert, ayant indiqué que l’on est loin des pays européens où 70 % à 80% de ces entités sont en interconnexion permanente et en corrélation directe avec la Toile. À en croire donc les explications de Dr Kahlane, il y en aura point d’incidences sur l’économie du pays, pour la plus forte raison qu’il s’agit de perturbations et non pas d’une coupure nette de l’Internet. Même si l’interruption a touché la quasi-totale des sites web se rapportant aux réseaux sociaux, a-t-il rappelé, rien n’indique qu’un tel acte puisse toucher l’économie dès lors que l’utilisation des services web par l’entreprise économique reste insignifiante, selon lui. Il en veut pour parallèle à cette mesure coercitive, l’incident de la coupure du câble sous-marin en fibre optique, reliant Annaba à Marseille, qui s’est produit le 22 octobre 2015, et qui a crée des perturbations pendant près d’une semaine. En effet, à la ministre du secteur des PTIC, Imane Houda Feraoun, qui a estimé les pertes d’Algérie Télécom (AT) à un milliard de dinars (100 millions de cts), celui-ci n’en croit pas aux chiffres ainsi avancés. «Je n’en accorde pas de crédit aux chiffres publiés dans la presse à l’époque», dira-t-il à ce propos, comme pour soutenir l’idée selon laquelle l’impact de la perturbation en cours sur le réseau Internet est négligeable, pour ainsi dire. Cela étant dit, notre interlocuteur croit que l’impact le plus important est à chercher au niveau des plans politique et moral, allusion à la décision intergouvernementale prise à l’occasion de l’organisation du Bac partiel. En quelque sorte, cette décision ne doit pas normalement être prise au dépend des usagers de l’Internet, a-t-il laissé entendre. «On ne doit pas gérer les conséquences. On devait prévoir et anticiper sur ces incidents au lieu de s’attaquer aux effets», a-t-il recommandé aux pouvoirs publics. Mieux encore, cet ancien Professeur de l’EMP (École militaire polytechnique) a souligné que le scandale de la fuite de sujets de l’examen du Bac ne vient pas des réseaux sociaux, mais plutôt des hauts responsables qui sont impliqués dans cette affaire, a-t-il soutenu. C’est ce qui l’amène donc à dire que «le plus grave n’est pas économique. Mais, le problème est une question de confiance et la manière avec laquelle on a gèré les affaires dans le pays», a-t-il souligné. «Je n’ai pas tant peur des pertes financières. On en est déjà avec la crise financière actuelle. Mais j’ai peur pour l’aspect moral et politique», a-t-il fait remarqué. Si non comment expliquer le fait de procéder à une coupure de l’Internet, avec toutes ses retombées sur le quotidien du pays, à chaque fois qu’il y ait un problème de cet ordre, comme l’exemple de la fuite de sujets au Bac, a déploré notre interlocuteur. Pour lui, il n’y a aucune raison de décider d’une telle mesure, dès lors que les pouvoirs publics ont une année pour «anticiper en amont à même de bien préparer le Bac». Ceci, d’autant plus que le gouvernement a annoncé la création d’un ministère en charge de l’économie numérique, a conclu le Dr Kahlane.
Farid Guellil

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