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Cherté du mouton de l’Aïd El-ADHA : L’État incapable de contrôler les prix des moutons

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À moins d’un mois de la fête religieuse de l’Aïd El-Adha, les Algériens se pressent pour acheter une bête, dont les prix très élevés cette année inquiètent de plus en plus les ménages et font fuir d’autres.

Des prix trop chers qui sont dus à la demande grandissante des clients, croient savoir les pouvoirs publics pour justifier leur impuissance à rabaisser les prix au marché, au moment où beaucoup, y compris des spécialistes, pensent que l’État a tout de même une part «indirecte» de responsabilité. Malgré que les agriculteurs et éleveurs achètent l’orge et le blé à des prix bas et subventionnés, les lenteurs des procédures pour s’approvisionner auprès des OAIC contraignent nombre de ces derniers à aller chercher ailleurs, chez des intermédiaires. Ces derniers, en vrais spéculateurs, pratiquent des prix très au-delà des prix réglementés pour les agriculteurs, qui de leur part, répercutent ces augmentations sur le prix des bêtes vendues, c’est-à-dire, sur le consommateur. La demande qui est plus importante que l’offre pendant la fête de l’Aïd El-Adha est l’argument ressorti à chaque occasion par les pouvoirs publics pour souligner que le consommateur est le premier responsable d’augmentation des prix des moutons. Lundi dernier, le ministre de l’Agriculture, de Développement rural et de la pêche, Abdelkader Bouazgui, avait indiqué que «l’État ne peut pas contrôler les prix des bêtes» et que le marché répond uniquement à la loi de l’offre et de la demande. Le ministère de l’Agriculture ne peut intervenir pour réguler les prix, car «il est responsable uniquement de l’encadrement au niveau des abattoirs et les points de vente ainsi que de veiller sur la santé des consommateurs», affirme le ministre. Aissa Mansour, expert agronome, considère, au contraire, que le ministère de l’Agriculture à sa part de responsabilité pour réguler l’envolée des prix, qui ne dépendent pas, pense-t-il, uniquement aux règles du marché. «Le ministre de l’Agriculture a indiqué que ses services ne peuvent pas contrôler les prix des sacrifices et que seules l’offre et la demande déterminent les prix. Oui, le ministère n’intervient pas directement pour réguler les prix, mais il intervient quand même d’une manière indirecte», rétorque l’expert. «L’approvisionnement des éleveurs en orge subventionné est de la responsabilité du ministère. Quand les intermédiaires et les spéculateurs arrivent à mettre la main sur ce produit pour imposer leur prix, l’éleveur serait ainsi contraint d’acheter l’orge à 4 000 DA au lieu de 2 500 DA (prix réglementé), l’impact sur les prix des bêtes serait plus grand alors», explique Mansour. L’OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales) est l’organisme étatique responsable d’approvisionner les agriculteurs et éleveurs en blé (dur et tendre) et en orge à des prix subventionnés et moins chers, mais la lenteur des procédures et contraintes rencontrés au niveau de ces offices par les professionnels les poussent à aller chercher ailleurs. Les mêmes problèmes bureaucratiques découragent les producteurs de blé et orge de diriger leur production à l’OAIC, en préférant au lieu et place de les écouler directement sur le marché ou vers des espaces de stockage privés où le revenu est plus important. Des professionnels soulignent même que des producteurs préfèrent vendre directement leurs récoltes aux moulins, alors que ces derniers sont obligés de passer par l’organisme professionnel au niveau de leur wilaya pour s’approvisionner. Cela a laissé place à «un marché parallèle» sur lequel l’État n’a aucune emprise. Même si les prix de blé et d’orge sont régulés, et pour l’agriculteur et pour le consommateur final, il est quasiment impossible de trouver ces produits sur le marché avec leurs prix fixés préalablement par le gouvernement. Un phénomène qu’observent notamment les boulangers. Mais, le scandale est que des quantités de blé subventionné ont été écoulées au marché à des prix plus non réglementaires, ce qui est une grave infraction. Ces derniers temps, des comptes-rendus de médias ont fait état d’informations selon lesquelles les services de la Gendarmerie nationale ont enquêté au niveau de plusieurs coopératives de l’OAIC dans plusieurs wilayas. Des accusations concernent le détournement de quantités importantes de blé et orge des silos de l’OAIC vers des garages et espaces de stockage privé pour leur éventuelle revente à des prix dépassant largement les prix pratiqués et imposés par l’État.
Hamid Mecheri

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