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Certains dépensent jusqu’à 3 millions de DA pour la cérémonie : Les Algériens se « ruinent » pour se marier

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Le mariage en Algérie n’est pas qu’une affaire d’amour et d’eau de rose mais surtout …d’argent ! D’une année à une autre, les frais que les couples algériens doivent dépenser pour organiser un mariage ne cessent d’augmenter.

Reportage réalisé par Lamia Boufassa

Au-delà du poids des traditions, les mariages imposent le plus souvent des dépenses qui défient toute logique. Dot, bijoux, cérémonie des fiançailles, diner des noces, cérémonies de henné, salles des fêtes….Les dépenses n’en finissent pas. Et les Algériens sont prêts à mettre le paquet. Certains disent qu’ils dépensent jusqu’à 300 millions de centimes pour la cérémonie, un chiffre qui donne le tournis !

60 millions de centimes pour le trousseau !
Le marketing sur les réseaux sociaux fait des ravages ces dernières années. De nombreuses futures mariées ont tendance à faire leurs achats sur le Net. Les groupes et pages de vente sur les réseaux sociaux poussent comme des champignons. C’est le cas de Khadidja qui affirme qu’elle a acheté de nombreux produits via le réseau social Facebook. « Les vendeuses sur le Net proposent des produits de bonne qualité, à des tarifs compétitifs », affirme-telle en estimant que « pour faire des bonnes affaires, il faut avoir le temps de chercher dans le monde virtuel». Précisant qu’elle prépare son trousseau depuis plus d’un an, la future mariée, a néanmoins précisé qu’elle a, d’ores et déjà «dépensé plus de 600.000 DA pour les produits essentiels», bien qu’elle note qu’elle «n’a pas encore tout acheté». «Le trousseau est composé de nombreux produits, il ne faut rien oublier», indique-t-elle en expliquant qu’elle doit désormais penser à sa Tassdira (vêtements que la mariée devra porter le jour de la cérémonie) avant de terminer les achats. Autrement, il serait préférable de se focaliser sur ce que les gens vont voir lors de la fête. «Avant de terminer les achats pour le trousseau, je vais d’abord songer à ma Tassdira. Je veux que tout soit parfait le jour J», a indiqué encore Khadidja. Pour elle, la Tassdira est un vrai «show de mannequinat». Pour ce qui est des produits qu’elle a acheté, la jeune femme a cité les matelas, les couvertures, les draps, les couettes, les vêtements d’intérieur et de sortie, les parfums et le maquillage, et même du savon et des tabliers de cuisine !

Une Tassdira coûte les yeux de la tête !
Tout en notant qu’elle a dû sacrifier de nombreux produits rien que pour la Tassdira, Khadidja a précisé en chiffres qu’elle a prévu de dépenser « 300.000 DA pour ces habits ». Ce chiffre pourrait être revu à la hausse dans la mesure où le nombre de tenues n’est pas encore ficelé, témoigne Khadidja.
Pour elle, il faut mettre le paquet pour être belle. «La Tassdira c’est un spectacle, tous les invités ont hâte de voir les tenues », atteste-t-elle. Interrogée pourquoi les habits de la mariée sont aussi chèrs, la jeune future mariée a indiqué qu’elle a préféré aller vers une couturière. «Si on veut des vêtements originaux, on ne peut pas acheter dans n’importe quel magasin, n’importe qu’elle femme pourra avoir la même chose», ironise-telle en précisant que la location est tout aussi chère. «Au lieu de dépenser 300 000 DA pour la location des habits, je préfère les acheter, au moins je les garderai en souvenir», insiste-t-elle. À titre d’exemple, Khadija affirme qu’elle a commandé son caftan à 60 000 DA, blouza oranaise à 60 000 DA, ainsi que le karakou à 50 000DA. Néanmoins, elle prévoit de rajouter une robe kabyle, dont le prix peut atteindre les 20 000 DA et une robe chaouie pour 25 000 DA. À cela, il faudrait ajouter les bijoux qui seront soit prêtés par les membres de famille, ou tout simplement loués. Il faut dire que le business des mariages a connu une tournure ces dernières années. Ainsi, rien n’est laissé au hasard, et tous les moyens sont bons pour les bonnes affaires. Certaines femmes proposent même de louer leurs bijoux sur les réseaux sociaux, mais en plaqué or.
C’est le cas de Meriem qui a affirmé qu’elle a loué tous les bijoux en plaqué or à 20 000 DA. Interrogée pourquoi c’est aussi cher, la femme qui s’est mariée au mois de mai dernier, a indiqué qu’acheter une parure en plaqué or est au même tarif. « Le prix du plaqué or est excessivement élevé, je préfère louer pleins de bijoux à 20 000 DA que d’en acheter une seule parure à ce prix exorbitant», atteste-t-elle.

L’or de plus en plus cher
L’autre dépense qui déplume les couples algériens concerne les bijoux en or. Alors que le prix du gramme a atteint les 8000DA, certains hommes ne peuvent, hélas, ne pas satisfaire les demandes de leurs dulcinées. C’est le cas de Yahia qui, malgré le fait qu’il soit un simple fonctionnaire, a dû dépenser plus de 300 000DA pour la parure de la mariée. « C’est les mœurs qui ont exigé cela, je n’ai pas pu refuser les demandes de ma future épouse», témoigne-t-il, bien qu’il estime qu’ «elle mérite bien plus». Pour Samir, il affirme qu’il n’a pas les moyens de se permettre de faire de telles folies. «Je dois penser à d’autres dépenses, telles que le loyer et les meubles», précise-t-il. «J’ai déjà acheté les bagues à 60 000 DA, je ne peux pas dépenser cinq fois ce prix pour la parure», signale-t-il, «même si les traditions l’exigent».

La dot ou le « fardeau »?
Pour se marier, il faut également ne pas oublier la dot à sa future épouse dont la somme varie d’une région à une autre. Si celle-ci est de 200 000 DA, voire 300 000 DA dans les wilayas du Centre, elle peut atteindre les 700 000 DA dans la région de l’Ouest. Néanmoins, la Kabylie est connue pour être une région moins exigeante. En effet, la tradition stipule que le père de la mariée demande à son futur gendre de rendre sa fille heureuse. Cependant, il est à noter que la dot permet à la future mariée de faire les achats nécessaires à la constitution de son trousseau, c’est aussi parfois une aide pour les dépenses de la noce. Malgré le montant exorbitant de celle-ci, certaines jeunes femmes affirment qu’elles ne comptaient plus trop sur cette dot. « La cherté de la vie rend cette somme dérisoire », affirme Yasmine âgée de 26 ans.

Les coiffeurs s’enrichissent !
Pour être parfaite le jour de la cérémonie, la jeune Marwa âgée de 22 ans, a affirmé qu’elle a mis de côté 80 000 DA pour payer la coiffure et le maquillage. «Je sais que ça peut paraitre absurde, mais je ne vais pas faire de concessions là-dessus », affirme-t-elle, tout en précisant que son choix est fait. « J’ai choisi d’aller vers le meilleur coiffeur. C’est Omar à Hydra, il est réputé pour son travail », indique Marwa. Pour elle, elle doit tout faire pour être une princesse ce jour là.
Pour ce qui est de la Naggafa, ou de l’habilleuse, la jeune femme a précisé que celles-ci prennent cher mais elles sont «efficaces» le jour J.

Les gâteaux «supprimés»
Histoire de faire quelques économies, certains ont décidé tout simplement de supprimer les gâteaux. Il faut dire que les ingrédients de fabrication des gâteaux ont connu des hausses vertigineuses, à l’instar des amendes qui oscillent les 2.000 DA/kg. «Pour fabriquer 400 boîtes de gâteaux, il faut au minimum 200 000 DA », c’est hallucinant. «Je crois que je vais tout bonnement ne pas distribuer de gâteaux pour les hommes», témoigne Samira qui malgré le fait qu’elle considère cette décision de «sexiste» et «radicale» mais «obligatoire» au regard de la cherté des gâteaux. «Cela me permettra de faire des économies que je dépenserai sur autre chose», assure-t-elle

Salles des fêtes de plus en plus chères
Choisir sa salle des fêtes relève d’un défi cornélien. Et pour cause, les prix sont excessifs en l’absence d’une cadre juridique qui cadre ces salles.
Les tarifs des salles sont très variables, mais pour vous donner une idée, cela peut aller de 80 000 à plus de  250 000 DA. Il va donc sans dire que c’est une grosse partie du budget de la fête et qu’il ne faut pas hésiter à visiter plusieurs salles pour comparer. Certaines salles prennent en charge les boissons chaudes et froides, le caméraman et le Dj, mais ce n’est pas le cas de toutes les salles. C’est pour cela que les couples algériens doivent faire le tour d’horizon et étudier toutes les propositions. Malgré ce, il faut se rappeler que les réservations se font une année à l’avance, surtout si le mariage est prévu durant la saison estivale. En effet, en dépit de leur prix très élevé, les salles affichent «complet» tout au long de l’année. À cela il faudrait rajouter le dîner, qui coûte dans les 200 000 DA.

Les feux d’artifices : la nouvelle tendance
Pour marquer l’adieu au célibat, les Algériens ont inventé une nouvelle façon. Alors que dans certaines régions, on utilise le baroud, désormais les feux d’artifices concurrencent les vieilles mœurs. En effet, les mariages sont devenus de plus en plus «explosifs». Et pour certains, peu importe le prix, l’heure est à la fête et la joie. Bien qu’ils soient dangereux, les Algériens n’hésitent pas à débourser des sommes colossales pour «attirer l’attention». Autrement, les fêtes se transforment en champ de bataille. Alors que l’unité coûte entre 700 et 1.000 DA, peu importe le prix, Samir veut que tout le monde partage sa joie ! Et pourtant, il n’est pas conscient que cette pratique dérange les riverains.
Dans tous les cas de figures, à en croire les chiffres officiels, l’Algérie enregistre près de cas de divorce par an. Ainsi, malgré toutes ces «folles dépenses», le bonheur est loin d’être acquis. Si seulement, en dépensant cet argent, ces familles pouvaient être tout aussi heureuses. Comme dit le dicton, l’argent ne fait pas le bonheur ….. Et les Algériens ont du chemin pour comprendre cela.
Reportage réalisé par Lamia Boufassa

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