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Bir El Djin (Chlef) : Un «phénomène karstique» nécessitant davantage d’études

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Un phénomène karstique rare, objet de curiosité dans la région de Boukadir (wilaya de Chlef) doit faire l’objet davantage d’études et de fouilles complémentaires pour dévoiler ses secrets, a conclu une équipe de chercheurs et de spéléologues à l’issue d’une mission d’exploration du site, fin octobre dernier.

Trois jours durant (29-30-31 octobre), le Club de spéléologie et de sports de montagne de Bejaia, en coordination avec des professeurs et chercheurs spécialisés en géologie, ont effectué une descente dans ce gouffre appelé «Bir Djenneb» ou «Bir El Djin» et prélevé des échantillons d’os d’animaux, de matière plastique, de roches et de terre avant de les envoyer aux laboratoires universitaires spécialisés, notamment dans l’application de la technologie «carbone 14», à l’effet de fournir des informations précises sur leur composition et l’historique du site. Une coupe topographique du site a, également, été réalisée, par les spéléologues, en plus d’une 2eme coupe géologique réalisée par des professeurs et chercheurs, pour servir, à l’avenir de documentation scientifique et de référence à d’autres équipes de recherche pour dévoiler les secrets de ce site aux dimensions historique, touristique et scientifique. Selon l’explication géologique du site, fournie par Abdelhak Mahdjoub, professeur spécialisé en géologie à l’Université de Chlef, ayant pris part à cette mission d’exploration, le gouffre de Bir El Djin, situé à 25 km à l’ouest de la ville de Chlef, «est un Sinkhole», soit un cratère de fonte de calcaire, issu d’un ensemble de phénomènes «karstiques» résultant du processus d’érosion chimique des roches calcaires ou salines. Selon Mahdjoub «avec le temps, l’eau qui s’infiltre dans la couche calcaire accentue les fissures, conduisant ainsi à la formation de larges cavités, qui peuvent s’effondrer à tout moment en raison de facteurs naturels». Les premières estimations disponibles sur son âge font ressortir que le site remonte à plus de 500 ans au moins, a fait savoir le spécialiste. Néanmoins, «seule la technique de datation par la radio-carbone (ou carbone 14) peut déterminer l’âge exact de ce phénomène et du site en général», a-t-il observé. De l’avis de M. Mahdjoub, ce phénomène n’est pas isolé puisqu’un phénomène similaire s’était produit, en juin 1988, dans la même commune (Boukadir) au niveau de la RN 4, avec l’apparition soudaine d’une fosse de 60 mètres de diamètre, qui avait été comblé par la suite. D’autres sites similaires existent à travers le monde, à l’instar du gouffre du diable au Texas(USA), et les sites Millhopper en Australie, Bamah à Oman et le puits de Barhout au Yémen. A noter que l’Association de spéléologie et de sports de montagne de Bejaia, qui a exploré le site de Bir Djenneb, s’emploie à apporter sa contribution pour valoriser ces grottes et phénomènes karstiques en Algérie, en les intégrant dans l’inventaire des sites similaires des pays méditerranéens .

Dévoiler des faits historiques
L’équipe de spéléologues a atteint une profondeur de 53 mètres, sachant que les indications de John Pierbent issues d’un document sur l’exploration ésotérique de l’Algérie 1946-1947 font ressortir que la profondeur de Bir Djenneb se situe à 63 mètres. Ce qui signifie que dix mètres ont été engloutis, en raison de l’amoncellement et de glissements de terrain, a indiqué l’Association de spéléologie et de sports de montagne de Bejaia, dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Le représentant de l’Association réflexion et communication de la ville de Boukadir, Abdelaziz Saber a, à ce titre, sollicité le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit afin de dégager une enveloppe financière devant permettre de réaliser des fouilles au niveau des dix mètres ensevelis afin de rechercher les éventuelles restes des martyrs qui auraient été jetés dans les profondeurs de Bir Djenneb durant la guerre de libération, selon les témoignages des habitants de la région. Il a rappelé, dans ce sens, l’exécution, par les soldats français, de cinq martyrs de la région, le 6 juin 1957, à savoir Djaafer Abed, Attou Tahar, Aïssa Serandi, Abderrahmane Serandi, et Darguaoui Abderrahmane, en les jetant dans Bir Djenneb. Saber a, en conséquence, appelé à son classement en tant que site historique, témoin des sacrifices des enfants de Boukadir et de leur résistance contre le colonialisme français. Le représentant de l’Association a, également, souligné l’impératif de réaliser des études historiques approfondies sur les crimes commis, pour déterminer le nombre réel de chouhada, qui ont péri dans les profondeurs du puits. Outre la symbolique historique, pour les habitants de Boukadir en particulier et de Chlef en général, ce site géologique «peut constituer une destination culturelle et touristique par excellence pour les touristes, chercheurs et spéléologues, devant contribuer, à terme, à la promotion du tourisme interne et enrichir la cartographie des circuits touristiques de la wilaya de Chlef», a souligné M. Saber.

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