Le manque de précipitation de cet hiver et la sécheresse des sols depuis deux mois déjà dans plusieurs régions de l’Algérie inquiètent aussi bien les autorités que les agriculteurs et les éleveurs de bétails.
«Cette année c’est encore beaucoup plus que l’année passée. Mais espérons que dans quelques jours ça commencera à pleuvoir et à s’améliorer », s’alarme le professeur à l’école supérieure d’agronomie, Brahim Mouhouche. «Bien que l’Ouest du pays est toujours sous l’effet du manque d’eau et ce n’est pas pour demain que la pluie commencera tout de suite à tomber », a-t-il ajouté, hier, sur les micros de la Chaîne 3 de la Radio nationale. Brahim Mouhouche a indiqué que le déficit en pluie pendant l’automne et jusqu’au début de l’hiver de cette année, n’ont pas permis à assurer un démarrage de la saison agricole dans de bonnes conditions. Les deux mois de retard de pluviométrie ont fait que l’agriculture a subi un choc très important. « Il n’y a pas de doutes qu’il y aura des conséquences directes sur les récoltes agricoles de cette année. Tout choc provoque un stress et tout stress provoquera une diminution de la rentabilité de la production », a-t-il analysé.
Les agriculteurs sont les premières victimes de cette sécheresse, car ils consomment des quantités importantes d’eaux que les autres citoyens, a constaté Brahim Mouhouche. L’Algérie est classée parmi les pays les plus secs au monde parce qu’elle fait partie de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique de Nord). Elle est considérée par tous les spécialistes de la climatologie comme étant la zone la plus sèche au monde. Ce qui est confirmé par les chiffres : l’Algérie ne détient que 5 % de la moyenne mondiale des ressources en eaux renouvelables par personne et par an, l’équivalent de 300 mètres cubes/personne/an, alors que la moyenne mondiale est de 6 000 mêtres cubes/personne/an.
Concernant le manque de précipitation, Brahim Mouhouche a expliqué que l’Algérie ne peut pas être à l’abri de ce phénomène, mais « à la limite, on peut diminuer de son ampleur si l’on s’organise comme il faut pour utiliser toutes les ressources hydriques disponibles et utilisables en Algérie ». « Il ne s’agit pas uniquement de construire plus de barrages. Il faut aussi que ces barrages soient remplis à un certain niveau assez élevé. Malheureusement, on tourne chaque année autour de 50 % et à 80% pour les meilleures années. Donc, il y aura toujours un manque de remplissage des barrages », a-t-il fait savoir. Depuis quelques années, l’Algérie a expérimenté avec succès les techniques de désalinisation de l’eau de la mer. Cela a permis au pays de disposer d’une quantité de près de 1 milliards de mètre cube en eau de mer désalinisée. « C’est déjà quelque chose d’avantageux pour réaliser la sécurité hydrique.
Malheureusement, il reste le problème de réutilisation et de recyclage d’eau. On a potentiellement l’équivalent d’un milliard de mètre cube d’eau rejetée annuellement et on n’en n’utilise que moins de 100 millions par an pour des utilisations strictement agricoles », a-t-il déploré. Le spécialiste en agronomie a estimé toutefois que l’eau produit par les stations de dessalement d’eau ne peut être utilisé dans l’agriculture à cause de son prix de revient très relevé (plus d’un dollars pour le mètre cube).
Pour obtenir un prix de revient moins onéreux, Brahim Mouhouche préconisent d’utiliser les techniques de dessalement dans l’extraction des eaux sous-terraines dans le Sud du pays, car contenant moins de sels, ce qui facilitera son exploitation dans l’agriculture.
Hamid Mecheri