Les étudiants se sont mobilisés, hier, pour le 38ème mardi consécutif, à travers les marches tenues à Alger et d’autres wilayas du pays. Ils ont contesté, dans leurs slogans, les lourdes peines prononcées, par le tribunal de Sidi- M’Hamed, à Alger, à l’encontre des détenus du mouvement populaire pacifique et des porteurs de l’emblème amazigh, tout enréaffirmant encore une fois le rejet de la présidentielle du 12 décembre prochain.
Dans la Capitale, les étudiants, rejoints par de nombreux citoyens, ont défilé côte-à-côte à travers les principales artères d’Alger-Centre en parcourant la Place des Martyrs et les boulevards Larbi Ben M’hidi, Ali Boumendjel, Ché Guevara, Colonel Amirouche, en passant par la Grande-Poste et la Place Maurice-Audin. La procession s’est ébranlée vers 10h30 et les pluies, non interrompues depuis la matinée, se sont arrêtées comme par enchantement. «Non, dixit le peuple», lit-on sur une pancarte brandie par un manifestant, résumant le rejet du prochain scrutin présidentiel, comme solution à la crise à laquelle est confronté le pays. Refusant de voir régénérer le même système politique, les manifestants, l’emblème national sur le dos, très nombreux, ont réaffirmé, à travers les slogans et les messages écrits qu’ils ne lâcheront pas en l’absence d’une réponse directe et claire à toutes leurs revendications. «Non à l’héritage de pouvoir d’une bande par une autre ! », peut-on lire ou sur une autre grande pancarte soulevée par une manifestante, «pas question de rentrer chez nous sans la liberté entre nos mains», lit-on. «Talbin l’horya : (nous réclamons la liberté : Ndlr) » «Hna wlad 3mirouch, nous sommes les dignes enfants de Amirouche»-colonel de l’Armée de libération, surnommé le lion du Djurdjura-ont crié, hier, les étudiants, enseignants universitaires et les nombreux citoyens qui ont rejoint la marche hebdomadaire de la communauté universitaire. Après avoir soutenu, lors de leur 37ème mardi, le mouvement de grève des magistrats, hier, les étudiants ont manifesté leur colère contre eux, en réaction aux peines prononcées par le tribunal de Sidi-M’hamed d’Alger, en leur lançant «laissez tranquille nos jeunes, ce ne sont pas des voleurs»,ont-ils scandé. Les portraits des détenus du mouvement populaire pacifique ont été brandis pendant toute la durée de la marche des étudiants, hier. Les candidats à la présidentielle n’ont pas été eux aussi épargnés par les manifestants, qui ont scandé encore hier, «pas de vote avec la bande». Lorsque la manifestation a traversé la place Émir Abdelkader et les sièges du ministère de l’Agriculture et la sûreté de wilaya d’Alger, des cris forts fusent de toutes parts : «Istiqlal !», (indépendance !), Ya 3li! Ba3uha lkhawana !», (ô Ali, (Ali la Pointe : Ndlr) l’Algérie a été vendue par les traitres !). Vers 12:30H, des policiers ont interpellé un jeune manifestant devant la Fac centrale, avant de le relâcher sous la pression des manifestants. À la fin de la marche, vers 14 heures, les manifestants ont récité la Fatiha à la mémoire des sinistrés et victimes des inondations de Bab El-Oued du 10 novembre 2001, dont la journée d’hier coïncide avec le 18ème anniversaire de cette tragédie. Ils ont entonné ensuite ensemble l’hymne national avant de se disperser dans le calme.
Hamid Mecheri