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Application de l’accord UE-Turquie, depuis hier : renvoi massif des réfugiés de la Grèce vers Ankara

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L’opération de renvoi en Turquie, des migrants arrivés en Grèce, après le 20 mars dernier, en provenance d’Ankara a débuté, hier matin, en application de l’Accord conclu le 18 mars dernier entre Ankara et l’Union européenne (UE).

Même si les Nations unies (ONU) et les défenseurs des droits de l’Homme ont critiqué cet accord, pour ne citer que le haut commissaire onusien aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al –Husssein, indiquant que l’accord est perçu comme une « expulsion collective». Le premier ferry transportant des migrants clandestins en provenance de l’île grecque de Lesbos, est arrivé, hier matin, au port turc de Dikili, situé à l’ouest du pays. Parti plus tôt de Lesbos, un autre navire avait accosté à Dikili dans la région d’Izmir, alors qu’un troisième chargé également de migrants avait quitté l’île de Chios pour se rendre dans le port turc de Cesme, situé plus au sud de la Turquie. Selon les estimations d’observateurs et d’associations de défenseurs des droits, plus de 6000 migrants, la majorité, d’origine afghane, pakistanaise et marocaine, devront refaire le chemin inverse, Grèce Turquie, outre sous escorte policière mais seront aussi accueillis par les policiers turcs. La veille, près d’un millier de manifestants se sont rassemblés, en réponse à l’appel du collectif italien de soutien aux réfugiés, au Col de Brenner, point de passage entre les régions italienne du Haut-Adige et autrichienne, brandissant des banderoles et des panneaux sur lesquels étaient écrits «arrêtez les guerres, pas les gens !», «aucun migrant n’est illégal !», «Idomeni (camp de réfugiés en Grèce) n’est pas seul !», «ouvrez les frontières !», « on ne veut pas des forteresses !».Des Ongs de défense des droits de l’homme, ont exprimé leur opposition à ces opérations d’expulsion massive des réfugiés fuyant les guerres dans leurs pays respectifs, Syrie, Irak, Yémen, ou l’Afghanistan, soulignant que ces pratiques sont en violation de la convention de l’ONU (1951) pour le statut des réfugiés. Pour rappel, l’Onu a qualifié cette crise migratoire que connaît le Vieux continent « la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale ». La Turquie qui a reçu, 3 milliards d’euros de l’UE pour qu’elle accepte de recevoir les migrants-réfugiés, dans des camps, après avoir durant des mois, l’année dernière, « orchestré » leur départ des territoires turcs vers l’espace européen, notamment vers la Grèce, pour ne citer que ce pays. L’accord UE-Ankara stipule, faut-il le rappeler, que pour chaque syrien renvoyé de Grèce, un autre sera admis dans l’UE, dans le cadre d’un plan limité à 72 000 places, dont la première vague des syriens est arrivée hier en Allemagne. Le conseiller spécial de l’ONU sur les migrations, Peter Sutherland a indiqué que le renvoi collectif «sans considération des droits individuels de ceux qui clament être des réfugiés est illégal» a-t-il souligné, s’exprimant sur l’accord controversé entre Bruxelles et Ankara.

Renvoi sélectif et début de militarisation des postes frontaliers dans l’espace européen
Une semaine avant la mise en application du l’accord précité, les habitants de la petite ville du sud de la Turquie, Dikili, dans la région d’Izmir, ont protesté contre le projet du gouvernement d’Erdogan de construire des camps d’accueil. De leurs côtés les réfugiés qui ne sont pas au bout de leurs peines, après avoir emprunté les rudes chemins de l’exil et échappé à une mort certaine, à l’exemple des Syriens, Irakiens et yéménites, pour ne citer qu’eux, s’opposent à rebrousser chemin, veulent continuer leur route vers l’Europe et ont fait entendre leur voix. à Polykastro, en Grèce, les réfugiés et les migrants ont bloqué l’axe routier menant à des installations d’une station d’essence. Certain scandaient des slogans au milieu des voitures et des camions à l’arrêt, alors que d’autres se sont allongés sur la route. Si les opérations de renvois des migrants et réfugiés de l’UE vers la Turquie a débuté, mobilisant forces de l’ordre des deux côtés, de nouvelles mesures concerneront les postes frontaliers. Ces derniers seront équipés prochainement d’un dispositif de contrôle militarisé, pour prévenir selon les responsables européens, d’une « éventuelle hausse des flux migratoires illégaux ».
C’est ce qu’a annoncé le gouvernement autrichien, pays le plus sollicité, qui a durci depuis sa politique d’accueil des demandeurs d’asile. Dans une interview à un quotidien allemand, le ministre de la Défense autrichien, Hans-Peter Doskozil a réitéré la volonté, de son pays, de mettre en place des «contrôles massifs» précisant «avec la participation de soldats, au niveau du Col de Brenner» a-t-il annoncé.
Rappelant que conformément à l’accord entre Bruxelles et Ankara, les migrants dont la demande d’asile a été « jugée infondée » seront renvoyés en Turquie, sans de plus amples précisions.
Karima Bennour

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