La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a fait savoir, hier, que son parti «n’est concerné ni de près ni de loin» par l’appel du patron de l’ex-parti unique (FLN), pour la création d’un “front” pour soutenir le programme du président de la République. Précisant à ce que son parti, et sur la base de sa démarche et sa vision politique, «peut soutenir un point du programme», quand le PT juge qu’il est bénéfique pour le pays, et «ne pas soutenir d’autres points» contenus dans le programme en question. L’ex-candidate à la dernière présidentielle a exprimé, hier, ses appréhensions sur la situation socio-économique et politique, qui «ouvre les portes du pays à tous les périls et dangers», a averti Louisa Hanoune, dans un discours, à l’adresse des professionnels des médias, avant la réunion, à huis clos, du Bureau politique du PT. Indiquant que les évènements dans notre pays «se bousculent et s’accélèrent», la responsable du PT met en garde contre les conséquences de «l’austérité» décidée et portée dans le projet de loi de Finances 2016 et des mesures prises lors du dernier Conseil des ministres. Elle précisera dans ce sens que l’austérité escomptée à travers ces mesures «touche la grande majorité des Algériens, et non pas l’oligarchie qui s’est vue encore une fois bénéficier de cadeaux et de nouvelles facilités». La secrétaire générale du Parti des travailleurs n’a épargné personne, hier, dans son allocution. À l’adresse du gouvernement, dont son Premier ministre entame, aujourd’hui à Biskra, les travaux de la 17e Tripartite, à laquelle Louisa Hanoune écarte la possibilité de voir des décisions en faveur des travailleurs. Pour la responsable du PT, en plus des mesures d’austérité annoncées dans le Projet LF-2016 et par le Conseil des ministres, la Tripartite est «un cadre déséquilibré» au regard «du nombre important» des organisations patronales qui prennent part à ce dialogue social, et seule l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) y participe. «Prendront-ils des décisions en faveur des travailleurs ?», a-t-elle lancé, une manière pour la responsable du PT d’affirmer ne pas s’attendre à des annonces et des mesures en faveur des travailleurs au terme des travaux de la Tripartite de Biskra. Ne manquant pas, comme à chaque occasion, d’avertir outre les «appétits voraces de l’oligarchie» et «le siphonage de l’argent public». Louisa Hanoune a critiqué la dernière sortie médiatique du ministre de l’Industrie et des Mines, annonçant la reprise du complexe sidérurgique d’El-Hadjar par le rachat par l’État des 49 parts d’ArcelorMittal. Qualifiant de «grande pompe» l’annonce en question du ministre Bouchouareb, la patronne du PT, après avoir expliqué les contours de cette question, -processus et chiffres à l’appui-, elle conclut que le géant indien «s’est retiré suite à la chute vertigineuse de la valeur de son action» sur le marché international et par ailleurs ce complexe est «convoité» localement par un homme d’affaires, sans le citer nommément. Assurant, à ce propos, que les travailleurs dudit complexe «se mobiliseront contre la privatisation» du Complexe d’El-Hadjar. Pour l’ex-candidate à la Présidentielle, les évènements dans notre pays «se bousculent et s’accélèrent» sur une voie «inquiétante», touchant l’ensemble des secteurs de la vie socio-économique, politique et institutionnelle. Ce qui fait craindre «le pire pour le pays», selon Louisa Hanoune, indiquant qu’il y a «un changement brutal et radical» de la politique des responsables du pays. Elle soutient que les dernières mesures comprises dans les décisions précitées -Projet LF- 2016 et celles du Conseil des ministres- «consacrent le recul de l’État par rapport aux engagements du président de la République», dit-elle, et d’ajouter que c’est un «changement brutal». «Il y a une angoisse profonde chez les citoyens, et ils ont peur pour le pays», a déclaré hier, Louisa Hanoune, constaté, notamment, «lors des activités politiques de proximité des militants et cadres du parti» à travers le pays. Une inquiétude au regard «du démantèlement d’institutions de l’État», souligne Louisa Hanoune, qui a pour conséquence «la fragilisation davantage de l’immunité du pays». Et de s’interroger sur les objectifs escomptés par «la dissolution de certains services relevant de la sécurité du pays», citant l’exemple du GIS, du service de sécurité en charge de la lutte contre la corruption, et celui contre l’espionnage économique… «alors que des actes terroristes sont commis encore» contre l’Algérie, et que le pays est ciblé par «la prédation étrangère et ses serviteurs locaux», a-t-elle averti. Par ailleurs, à l’adresse de ceux qui considèrent que les changements en question mènent à «l’instauration d’un État civil», L’ex-candidate à la dernière présidentielle leur rappelle que «c’est par des élections libres et transparentes que la démocratie et l’État civil se construisent». Et de leur lancer que «si ça continue comme ça, c’est un régime militaire qui pointera son nez, et que la régression socioéconomique mène droit vers les systèmes autoritaires».
Karima Bennour