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Amar Belhimer, ministre de la Communication, et porte-parole du gouvernement, au « Courrier d’Algérie » : « Le savoir c’est bien, le faire savoir c’est mieux »

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Militant de la première heure de causes justes et nobles, comme celles liées aux droits des journalistes, ou bien de la liberté d’expression, l’actuel ministre de la Communication répond ici, sans détour, ni fioritures, à l’ensemble de nos interrogations. L’entretien, particulièrement passionnant, revient sur le profond lifting opéré par les pouvoirs publics en matière de « com », s’appesantit sur les « tracas » que subissent certains sites d’informations en lignes pour en détailler les raisons cachées, et parle sans fars du cas Khaled Drarni.
Cerise sur le gâteau, le ministre soulève le couvercle de la pub dite institutionnelle pour évoquer son détournement éhonté, ainsi que le travail colossal mené par lui-même ainsi que par le nouveau PDG de l’ANEP, Larbi Ouanoughi, afin de mettre un terme à cette mise à sac programmée…

Entretien réalisé par Mohamed Abdoun

Le Courrier d’Algérie :  Monsieur le ministre, avant d’entrer dans le vif du sujet, nous tenons à vous remercier pour cet entretien. Tout d’abord, on constate une amélioration plus que notable en matière de communication. Les décideurs quittent leurs tours d’ivoire pour agir et réagir en fonction des évènements. Si l’on ne peut que s’en féliciter, on en est encore à se demander où en est l’accès à l’information ? Pas mal d’institutions, prisonnières du schéma passé, refusent encore et toujours de communiquer. C’est le cas de plusieurs collectivités locales, ministères  et entreprises publiques. À quand la fin de la défiance qui a (presque) toujours existé entre certains décideurs et les représentants de la presse ?

Pr Ammar Belhimer, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement : Je note dans votre première question deux aspects : d’abord « une amélioration plus que notable » selon votre propre appréciation en matière de communication des pouvoirs publics, ce qui est de bon aloi. Ce signe positif, né de l’annonce des dix chantiers de réformes envisagés, n’est que le début d’un long processus de maîtrise de l’art de communiquer à une époque où les progrès fulgurants de la communication de masse, via les réseaux sociaux, imposent de communiquer en permanence en s’acquittant du maximum de transparence possible. Le mutisme, l’opacité et le culte du secret qui caractérisent un peu, et depuis longtemps, les modes de gouvernance anciens, souvent autoritaires et peu participatifs, sont incompatibles avec la communication globale et les extraordinaires flux d’information dans la sphère Internet où monsieur tout le monde produit de l’information ou la partage dans l’exercice de ce qu’il est communément appelé « l’information citoyenne ». Communiquer, c’est exister. Le savoir-faire, c’est bien, le faire-savoir, c’est mieux. Ceci dit, soyons optimistes et trouvons dans cette « amélioration plus que notable » que vous avez notée en matière de communication des responsables un signe de bon augure d’une prise de conscience.
Le second volet de votre question concerne l’accès à l’information. Après votre satisfécit global au sujet des progrès dans le domaine de la communication publique, vous établissez toutefois un constat de carence relatif à des collectivités locales, certains ministères et des entreprises publiques « qui refusent encore et toujours de communiquer ». Et vous me demandez de vous dire à quel moment il sera mis fin à ce que vous estimez être de la défiance qui « a toujours existé entre certains décideurs et les représentants de la presse ». Cette défiance existe mais elle ne constitue pas une règle de conduite générale. C’est un phénomène universel car elle est le propre de l’Homme lorsqu’il est en charge d’une responsabilité. C’est aussi une question de tempérament. C’est surtout une question de culture. C’est-à-dire un apprentissage permanent et un goût de le faire avant même que ce ne soit une obligation professionnelle. Ceci dit, l’accès des professionnels des médias à l’information publique doit relever du droit au service public, et doit être le reflet des obligations pesant sur les personnes publiques. Le plan d’action de notre secteur rejoint toutefois pleinement votre préoccupation en dédiant un des dix chantiers de la réforme globale au développement de la communication de proximité. Ce faisant, nous remettons à l’ordre du jour le décret exécutif 88-131 du 4 juillet 1988 organisant les rapports entre l’administration et les administrés. L’article 8 du texte oblige (elle est « tenue » de la faire) l’administration d’informer les administrés sur les règlements et mesures qu’elle édicte, alors que l’article 10 accorde aux administrés la possibilité d’accéder aux documents et informations administratifs. C’est donc souvent le mépris de la caution juridique qui alimente ces situations conflictuelles regrettables. La transparence et le secret sont les deux faces d’un même dilemme éthique. Cependant, à l’ère de la 5G et de la volonté du président de la République d’œuvrer à l’émergence d’une Nouvelle République, c’est la transparence qui semble prendre aujourd’hui le pas sur le secret au fil des évolutions de notre société et à l’aune des réformes constitutionnelles, législatives et administratives à venir qui l’érigeront en principe fondamental de l’action publique. Jusqu’ici, le droit national a faiblement encadré cette obligation, mais les choses sont vouées au changement inéluctable et rapide. Rien n’est figé, rien n’est irrémédiable. C’est dans cet esprit et dans cette optique, que dès ma nomination à mon poste et en ma qualité de porte-parole du gouvernement, j’ai ouvert un chantier de réflexion sur la communication institutionnelle à laquelle une direction centrale est déjà dédiée au ministère de la Communication. En parallèle, j’ai proposé au gouvernement la mise en place d’un système d’information intégré basé sur l’existence d’un service d’information gouvernemental, d’un service de documentation gouvernemental et d’un autre service de veille médiatique à 360°. Ces propositions ont été validées en Conseil de gouvernement et adoptées en Conseil des ministres. Sans compter la réflexion sur la fonction même de porte-parole du gouvernement qui sera relancée dès le lancement du processus de déconfinement à l’échelle nationale.

En votre qualité de journaliste, avant celle de chercheur universitaire, vous connaissez sans doute mieux que personne le monde de la presse. Quel constat ou bilan, en faites-vous après sa « grande aventure intellectuelle » des années 90 ?
Votre question, même si elle n’évoque que la presse privée, me rappelle que la presse nationale fête finalement ses noces de perles. 30 ans après la loi 90-07 du 3 avril 1990 à l’émergence de laquelle j’ai contribué en ma qualité de journaliste et de militant syndicaliste du Mouvement des Journalistes algériens, le MJA, qui symbolisa le premier et le plus grand élan d’émancipation professionnelle des journalistes algériens depuis l’Indépendance de notre pays. En termes de bilan, je constate d’abord que la profession elle-même n’en a pas établi de façon lucide et rigoureuse à ce jour. Faute de temps ou ne s’en est-elle pas soucié du tout ? La question est posée. Je constate aussi que le champ de la réflexion au sujet de son évolution depuis trois décennies n’est pas aussi riche qu’on l’aurait souhaité. Un travail d’introspection des acteurs de la profession doit aller de pair avec la réflexion académique au sujet d’un métier indispensable pour l’avènement d’une démocratie approfondie et apaisée. Il est vrai que les conditions politiques et sécuritaires que le pays a connues après la promulgation de cette loi ne pouvaient pas faciliter la réflexion approfondie. Encore moins offrir à la presse nationale les conditions optimales d’un essor harmonieux et d’un épanouissement bénéfique. Je note toutefois que la presse algérienne présente des faiblesses structurelles en termes de contenus et de contenants. À savoir que la forme et le fond sont, de manière générale, moyennement attractifs quand ils ne sont pas, par endroits, faibles et indigents.
Le constat vaut pour l’ensemble de la presse, écrite et audiovisuelle, y compris les médias en ligne.
L’université et les entreprises de presse ne forment plus pour tous les corps de métiers impliqués dans le processus de production et de mise à disposition de l’offre éditoriale. La formation universitaire est centrée essentiellement sur les techniques de rédaction et le cursus de culture générale. À leur tour, les médias ne s’acquittent pas de leurs obligations patronales, éthiques et légales de former et de perfectionner. Résultat final : une offre éditoriale faible et peu séduisante de manière globale, avec cette impression qu’a le lecteur ou l’auditeur d’être en présence d’une presse qui informe peu quand elle ne déforme pas, et qui ne produit que faiblement du contenu et du sens. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bons journalistes, de bons techniciens et de bons managers, voire de très bons. Mais cette frange qui représente l’élite est l’arbre de la qualité qui cache la forêt de la pauvreté globale du fond et de la forme.
Il est vrai qu’il y a aussi des conditions objectives qui ont fonctionné comme des freins empêchant la presse d’évoluer toujours vers la qualité d’informer et de mieux éclairer. Parmi ces conditions, les facteurs politiques et économiques en tête de liste. C’est-à-dire le champ restreint des libertés, la rétention de l’information, la difficulté d’accès aux sources, les modèles économiques des entreprises de presse, le marché publicitaire,… etc.

La gestion de la manne publicitaire, véritable nerf de la guerre, a longtemps fait l’objet d’une gestion à tout le moins discutable. Un grand coup de balai y a été entrepris sur instruction du président de la République, et sous votre direction avisée. Quelles sont les « anomalies » relevées, et comment comptez-vous y remédier ?
Évoquer « une gestion à tout le moins discutable » de l’agence publique ANEP est un euphémisme.  Au cours des vingt dernières années, sa gestion, son administration et ses choix d’entreprise furent catastrophiques. Impéritie, gabegie, concussion, corruption, dilapidation, déviations d’attributions et médiocrité furent en quelque sorte les sept plaies d’Égypte de cette grande entreprise publique soumise à l’influence systématique de forces extramédiatiques et extraconstitutionnelles. Il s’agit pourtant d’une société d’édition, de communication, de publicité, de messagerie et d’affichage réduite durant longtemps à une gestion atypique, précisément à la manipulation de sa seule régie publicitaire par le truchement d’une distribution clientéliste d’une énorme manne financière composé de deux parties : une partie, la moins importante, même si elle est volumineuse, est destinée à la presse écrite ; l’autre, nettement plus importante, bénéficiait aux médias audiovisuels et échappait à la gestion par l’ANEP, étant donné qu’elle était attribuée, sous forme de contrats de sponsoring extrêmement lucratifs, versés au grand bénéfice de clientèles privilégiées. Des réseaux transversaux de coteries se sont opportunément constitués pour organiser un véritable système de pompage de la manne publicitaire (argent public) notamment dans les moments où le prix du baril du pétrole était au plus haut. Cette force de captation de finances publiques avait comme base de détournement sophistiqué la surmultiplication de titres de presse dans le seul but de bénéficier de la publicité publique conçue initialement comme une aide indirecte de l’État à la presse nationale.
Un appui permanent, entre autres aides directes ou indirectes (papier subventionné, locaux a prix modiques,… etc), pour la survie et le développement de la presse publique et privée en tant que vecteur de consolidation et d’épanouissement de la vie démocratique. Effectivement, et comme vous l’avez souligné, sur instruction du président de la République et sous ma direction, une vaste entreprise d’assainissement et de redressement de l’ANEP est en cours. Sous la houlette de son nouveau PDG, mon conseiller au ministère de la Communication, M. Larbi Ouenoughi.
En quelques semaines seulement, et parallèlement à des enquêtes approfondies de l’Inspection générale des finances et des services spécialisés de la Gendarmerie nationale, et avec l’aide experte et précieuse d’un Conseil d’administration entièrement renouvelé et appuyé par 4 comités d’audit qui seront incessamment installés, un travail profond de diagnostic, d’évaluation, de rationalisation et de mise à niveau a été accompli depuis le 6 avril date à laquelle j’ai installé M. Ouenoughi dans sa mission de réformes.
Les premiers indicateurs du tableau de bord de gestion, du tableau de bord opérationnel et du tableau de bord stratégique qui s’en sont ainsi dégagés, dessinent déjà les contours précis d’une vaste œuvre de restructuration et de redéploiement d’une entreprise qui ne sera plus jamais réduite à la seule gestion de la cagnotte publicitaire. L’ANEP ne sera plus jamais une simple centrale d’annonces et une exclusive courroie de distribution de l’argent des annonceurs publics. Une ANEP qui ne dispose pas d’une direction commerciale, qui « égare » en cours de route des pièces d’administration, et dont un certains nombre de faits de gestion étaient le produit d’injonctions téléphoniques, sans compter une certaine prédilection pour le gré à gré dans la passation de certains marchés.  Son redéploiement et son essor relèvent d’une action complexe et durable pour laquelle Larbi Ouenoughi a été choisi. Sa longue expérience de gestionnaire d’entreprises de presse publiques, sa carrière de journaliste au long cours, sa réputation d’intégrité et sa forte personnalité ont plaidé pour ce choix. En dépit des contraintes liées à la gestion des risques du coronavirus, avec notamment la mise en congé forcé de la moitié des effectifs de l’entreprise, et vu les congés estivaux et la nécessité d’apurer les stocks de congés, la nouvelle direction de l’ANEP s’est fermement engagée à présenter, d’ici au 31 décembre, son plan de modernisation et de développement. Entre-temps, une action de recouvrement de plusieurs centaines de milliards de dinars a été entreprise, en même temps que la récupération de la gestion de la grande masse publicitaire destinée aux medias audiovisuels et qui était orientée essentiellement vers certaines télés privées hyper privilégiées et super protégées, au détriment même de la télévision publique dont la masse critique fait d’elle un poids lourd du paysage audiovisuel algérien (PAA).

 Il est question de se conformer à un certain nombre de critères en matière de distribution de la manne publicitaire ?
En effet, des critères rigoureux et simples, quinze au total, ont été définis. Ces critères d’éligibilité au bénéfice de la publicité publique seront valables jusqu’à la promulgation de la future loi sur la publicité qui sera la première du genre depuis l’Indépendance du pays. Parmi ces critères de base, la nécessité d’être en règle avec le fisc et les organismes sociaux. C’est-à-dire de déclarer tous ses salariés en CDI et en CDD, de même que les pigistes. En somme, être une entreprise vertueuse. Il y a aussi l’obligation de publier ses comptes sociaux consolidés à la fin de l’année, de mentionner les tirages réels de la veille, et de disposer notamment d’un agrément du ministère de la Communication qui soit nominatif et non un prête-nom. Ces critères ont rarement été appliqués, la ventilation du pactole relevant en règle générale du bon vouloir, du favoritisme, d’intérêts catégoriels et de rentes captives au profit d’individus ou de groupes précis. Ces critères transitoires, transparents, fiables et vérifiables, selon les propres termes de la direction de l’ANEP, seront adoptés prochainement par le conseil d’administration de la société. Ils seront ensuite rendus publics par voie de presse, avec une large diffusion, après avoir été enrichis et précisés suite à 4 rencontres régionales avec les éditeurs à Alger, Constantine, Oran et Ouargla.

Dans ce cadre précis, est-ce que les éditeurs auront leur mot à dire ?
La définition de ces critères, fondée sur des bases légales, est du ressort du management de l’ANEP qui tient compte de l’avis des éditeurs qui auront été consultés. Il s’agit, comme précisé plus haut, de paramètres transitoires ayant un caractère de mise en conformité avec le droit, notamment avec la loi sur l’Information, la loi sur l’audiovisuel et le futur texte réglementaire mettant la presse en ligne en conformité avec la loi. En revanche, les éditeurs auront parfaitement leur mot à dire dans le processus d’élaboration de la future loi sur la publicité.

Qu’en est-il des journalistes ? Ira-t-on enfin vers plus de justice sociale et un partage des richesses plus équitable ?
S’agissant des journalistes, aller vers plus de justice sociale et un partage des richesses plus équitable dépendra à la fois du marché et du respect du droit par les éditeurs. Pour qu’il y ait plus de justice sociale, il faudrait que les éditeurs garantissent les droits des journalistes en stricte conformité avec la législation du travail. Un partage des richesses plus équitables suppose avant tout de meilleures salaires et de meilleures conditions de travail. Cela dépend des journalistes et autres acteurs de la chaîne de production de l’information qui doivent se résoudre à créer des syndicats revendicatifs forts, des sociétés de rédacteurs et imposer d’avoir des représentants dans les comités de participation et les commissions d’hygiène et de sécurité qui restent à mettre en place. Cela passe déjà par une appropriation de la loi 90-14 sur le droit syndical. Il me plait à ce propos de vous dire que je me considère comme le premier syndicaliste du secteur. Et c’est avec cet état d’esprit que quelques semaines seulement après mon installation au ministère de la Communication, j’ai organisé un atelier de travail destiné à encourager vivement les acteurs de la profession à s’organiser en syndicats de presse représentatifs et efficaces  en associations professionnelles et en organisations d’éditeurs. Bref, œuvrer à améliorer le taux de syndication qui est extrêmement faible. Ensuite, c’est aux inspections du travail d’être plus vigilantes que de coutume et d’être plus fermes en matière de défense des intérêts des travailleurs de la presse.

 Venons-en à cette épineuse question de la liberté de la presse. Qu’en est-il de ces sites d’informations que l’on dit censurés ou bloqués ? Est-il concevable que l’on recourt à ce genre de douteux expédients rien que dans le but de faire le buzz, et en récolter un « max de pub » ?
De quels sites d’information s’agit-il exactement ? Autre question : vous faites allusion à quoi en parlant de recours à « de douteux expédients rien que dans le but de faire le buzz et en récolter un max de pub » ? Je n’ai pas bien saisi le sens de votre question. Ceci dit, il y a des titres qui se plaignent d’être censurés, voire carrément d’être interdits ! Or, aucun titre n’a été interdit par qui que ce soit à ce jour, même par la Justice. En fait, il y a quelques titres qui signalent régulièrement que l’accès, à partir de l’Algérie, est limité et n’est donc possible qu’avec l’usage d’un VPN dont une offre abondante et gratuite est d’ailleurs disponible dans les boutiques playstore des détenteurs de Smartphones sous Android ou sous système Apple et dans Microsoft store pour les usagers en possession d’un PC portable ou de bureau, ou encore d’une tablette. Constat fait, l’accès régulier aux titres en question est tout à fait possible. Par ailleurs, j’ignore si certains éditeurs utilisent, comme vous le dites, de « douteux expédients » dans le seul but de faire parler d’eux, de se faire indirectement de la pub. Dans le cas où cela serait avéré, leur attitude serait contraire à l’éthique journalistique. Cela étant, les différents secteurs concernés par une éventuelle limitation technique de l’accès à ces médias numériques nous ont assuré que l’énorme trafic en temps de confinement nécessité par la gestion des conséquences du Covid-19 rend difficile l’accès à une multitude de sites électroniques. L’étroitesse de la bande passante y est aussi pour quelque chose.

Un autre site, Radio M et Maghreb Emergeant, vous reproche aussi de l’avoir censuré. Mais plusieurs affaires, semble-t-il, pèsent sur lui. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le site Maghreb Emergent fait partie des journaux en ligne qui n’ont pas été interdits et qui reste accessible via les réseaux sociaux et par le biais d’un VPN notamment. Je ne vois donc pas où se situerait la censure s’agissant d’un journal qui continue de publier régulièrement. Sur le fond, je vous rappelle que le directeur de publication et éditorialiste attitré de ce journal électronique a été l’auteur d’une diffamation et d’un outrage à l’endroit du chef de l’État dans l’exercice de ses fonctions présidentielles. Il fait par conséquent l’objet d’une plainte judiciaire en bonne et due forme qui suit son cours normal. En sa qualité de directeur de publication, de gérant et d’actionnaire, cette même personne, est –comme tout autre contribuable – invitée à rendre compte aux administrations des Impôts et aux organismes sociaux de la régularité des conditions d’emploi et d’exercice des droits des salariés en matière de couverture sociale en vigueur dans son entreprise.

L’affaire liée à l’emprisonnement du journaliste Khaled Drareni continue de défrayer la chronique. Que lui reproche-t-on exactement ? N’est-il pas privé de liberté à cause de ses activités professionnelles ?
Concernant le journaliste Khaled Drareni, correspondant non accrédité de médias étrangers et représentant de fait, d’autre part, de l’ONG Reporters sans frontières, dont l’activité n’a aucun fondement légal dans notre pays, la réponse à votre question relève des ministères de l’Intérieur et de la Justice. En effet, c’est au parquet de dire, conformément à la loi, s’il a été privé de liberté à cause de ses activités professionnelles. Je ne saurais donc vous dire ce qui lui est reproché exactement. On le saura donc à son procès ou à l’occasion préalable d’une communication à ce sujet du Parquet territorialement compétent. La loi 12-06 du 12 janvier 2012 relative aux associations, toujours en vigueur, organise les relations entre les parties algériennes (notamment les associations) et les associations étrangères. L’article 22 de la loi autorise certes une partie ou association algérienne d’adhérer à une autre association étrangère qui poursuit des buts similaires, mais elle doit préalablement obtenir deux avis : celui du ministre chargé des Affaires étrangères, puis celui du ministre de l’Intérieur, qui rend sa décision motivée dans un délai de 60 jours.  Les associations algériennes désireuses de  coopérer en partenariat avec d’autres associations étrangères ou organisations non gouvernementales poursuivant les mêmes buts, doivent réunir deux conditions liées au cadre (existence d’accords dits de « partenariats ») et à l’accord préalable des autorités concernées. Des sanctions sont prévues en cas de manquement et une décision administrative suffit pour suspendre les activités d’une association.

Le projet visant à criminaliser les fake news ne risque-t-il pas de justifier certaines dérives en matière de liberté d’expression, mais aussi de pousser les médias et les journalistes à adopter une forme d’autocensure dommageable pour notre métier ?
Comment la criminalisation des fake news risquerait-elle de justifier des dérives en matière de liberté d’expression et de favoriser par la même occasion l’autocensure ? Etrange question ! Publier délibérément des fake news est en soi un crime et une atteinte caractérisée à la liberté d’expression ! C’est même une agression contre les lecteurs, les auditeurs et les téléspectateurs de telles fausses informations. Une violation de leur droit d’être informés correctement. Criminaliser la diffusion volontaire de fake news est la seule manière d’agir pour protéger la société contre les dangers d’intoxication et de manipulation. La cohésion sociale et la bonne santé morale des gens exigent le recours à la force du droit opposable à ceux et à celles qui utilisent et abusent du droit de la force de déformer, d’intoxiquer, de manipuler, et, au final, de nuire aux personnes et à la collectivité. Sévir de manière juste, c’est-à-dire par le truchement de la loi, c’est limiter la capacité de nuisance des malfaisants et autres délinquants médiatiques, surtout que l’Internet et les réseaux sociaux sont un terrain propice à la prolifération et la propagation rapide des fake news qui fonctionnent comme une véritable pandémie. L’incrimination de la diffusion et de la propagation de fausses informations portant atteinte à l’ordre et à la sécurité publics est une catégorie ancienne du code pénal remise au goût du jour et aggravée pour encadrer le dispositif de lutte contre la pandémie du Covid-19. L’amendement de l’article 196 bis du code pénal prévoit, dans ce cadre, de punir quiconque volontairement diffuse ou propage, par tout moyen, dans le public des nouvelles ou informations, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre public, compte tenu de l’effroi qu’ils sèment au sein des citoyens et du climat d’insécurité qu’ils génèrent dans la société.
M. A.

Le secteur de la « com » salué
Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer a salué, dimanche, dans un message de vœux à l’occasion de Aïd El-Fitr, les efforts que déploient les travailleurs du secteur dans les différentes institutions médiatiques pour accomplir leur mission d’informer en cette conjoncture marquée par la propagation de la pandémie de Covid-19. « En cette conjoncture difficile que traverse notre pays suite à la propagation de la pandémie de Covid-19, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer salue les efforts de l’ensemble des travailleurs du secteur dans les différentes institutions médiatiques pour accomplir leur mission d’informer et s’acquitter pleinement de leur responsabilité face à cette pandémie », lit-on dans le message. Le ministre de la Communication a saisi cette occasion pour présenter ses vœux à tous les travailleurs du secteur, priant le Tout-Puissant de « nous accorder davantage de progrès, de prospérité à la faveur de la paix et de la stabilité » et de « nous prémunir contre cette épidémie et nous aider à apporter davantage de solidarité et de coopération ».

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