Accueil ACTUALITÉ ALÉAS DE L’ÉCONOMIE NATIONALE : Les cinq « clés » de la riposte

ALÉAS DE L’ÉCONOMIE NATIONALE : Les cinq « clés » de la riposte

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Héritant d’une crise multidimensionnelle, économique, sociale et politique en raison d’une gestion mafieuse des affaires du pays, et ce pendant vingt longues années où la corruption, les passe-droits, les dilapidations de deniers publics sont érigés en constante nationale, le président Tebboune a, dès, sa succession au « trône » mis, sans trop tarder, la main dans la pâte pour tenter de redresser la balance.

Outre les questions politiques auxquelles le chef de l’État tente d’y remédier pour remettre le pays sur les rails en rupture avec les anciennes pratiques, il accorde une importance particulière au secteur de l’économie. Jusqu’ici moribonde, et dépendante des hydrocarbures à raison de 95%, le président Tebboune n’est pas sans savoir que solutionner et assainir ce secteur si sensible est synonyme d’une paix sociale durable, permettant d’engager d’autres chantiers en toute quiétude, avec l’adhésion de tout un peuple loin de la grogne sociale, étant conscient que l’on n’achète pas la paix sociale, mais on la construit.

Révision de la loi sur la Monnaie et le Crédit
C’est dans ce contexte, d’ailleurs, qu’il a abordé ce chantier titanesque, lors de l’entrevue périodique avec les médias nationaux, où il était question d’aborder, à cœur ouvert et sans détours tous les aspects, y compris le domaine de l’économie.
Au cours de cette entrevue, le chef de l’État a ainsi annoncé la révision prochaine de la loi sur la monnaie et le crédit, dite « 90-10 », et l’engagement d’une réflexion sur la création de mécanismes pour couvrir les risques de change encourus par les opérateurs économiques, en raison de la dépréciation de la monnaie nationale. Le président Tebboune a déclaré à ce sujet que toutes les lois régissant les secteurs économiques doivent être révisées, citant particulièrement la révision de la loi sur la monnaie et le crédit. « Nous nous dirigeons aujourd’hui vers une économie ouverte sur le monde. Il faut que la loi sur la monnaie et le crédit soit révisée. Il faut aller vers une réforme bancaire et fiscale absolue et à fond », a souligné le chef de l’État.

Des mécanismes pour contrer la dépréciation du dinar
Face à la dépréciation de la monnaie nationale devant les principales devises étrangères et aux pertes de change qui en résultent pour les opérateurs économiques, M. Tebboune a affirmé qu’il est « inconcevable que l’investisseur perde à cause du change. Il faut chercher des mécanismes pour trouver une solution » à la dévaluation de la monnaie. Ce « problème technique », explique –t-il, nécessite l’intervention de spécialistes pour déterminer les conditions de prise en charge de l’investisseur dans ce domaine. Raison pour laquelle, a-t-il affirmé, il demandera à la Banque d’Algérie de revoir les contentieux existants liés aux risques de change, à travers l’adoption de mesures de soutien, citant à titre d’exemple la création d’une « caisse de compensation », tout en soulignant, dans ce sillage, que « le capital a besoin de la stabilité politique, juridique et financière ».

Des ateliers de réflexion et de concertation
Outre cette mesure au profit des investisseurs, le chef de l’État, a annoncé l’ouverture des ateliers économiques juste après les élections, dans le but de réaliser un bond économique, et ce en concertation avec tous les acteurs de la société. Il affirme, à ce sujet, que ces ateliers seront organisés par une commission nationale consensuelle regroupant, entre autres, des économistes, des sociologues, des journalistes, des syndicalistes, des imams ainsi que toutes les autres catégories de la société, en vue de trouver la « meilleure voie » pour la réussite de ces ateliers. Pour accorder toutes les chances à cette entreprise en vue de réaliser les objectifs escomptés, M.Tebboune a assuré qu’il faut tirer profit de ce qui a été réalisé ailleurs dans le domaine des réformes économiques.

Cap sur la loi de Finances 2021
S’agissant des entreprises économiques impactées par la pandémie du coronavirus, le président de la République a souligné, lors de cette entrevue, que la loi de Finances pour 2021 précisera tous les détails du soutien financier de l’État aux entreprises économiques impactées par la pandémie de Covid-19. Assurant dans ce sillage que l’État indemnisera les entreprises économiques touchées par la pandémie, soulignant en même temps la nécessité de protéger les banques à travers la loi, afin de leur permettre de jouer leur rôle dans ce domaine.
Fidèle à son projet de moralisation de la vie politique et économique du pays, M.Tebboune a appelé les entreprises économique à « s’abstenir de faire de fausses déclarations » en ce qui concerne les dommages subis pour bénéficier des mesures prises par les autorités publiques contre la propagation du coronavirus, tout en rappelant que les mesures déjà prises par l’État pour indemniser les entreprises touchées par la pandémie, notamment la réduction des impôts, la révision de leurs délais et la mise en place à leur profit de prêts bancaires sans intérêt. Au sujet du budget destiné aux transferts sociaux qui se situe entre 12 et 14 milliards de dollars par an, le président de la République a ordonné sa « réduction », précisant, toutefois, que cette opération ne doit aucunement se faire au détriment des « catégories défavorisées, des pauvres et des indigents ». « Le montant des transferts sociaux oscille entre 12 et 14 milliards de dollars par an. Ce chiffre doit être revu à la baisse, d’une manière ou d’une autre, sans pour autant attenter aux pauvres et aux indigents dans notre pays », a-t-il indiqué. « Nous avons enclenché le processus de prise en charge de cette catégorie dont le salaire ne dépasse pas les 30.000 da, en leur supprimant l’IRG, et nous continuerons à lui apporter notre soutien jusqu’à ce que tous les Algériens puissent jouir de chances égales à une vie décente », a poursuivi le président de la République, tout en rassurant que la nouvelle Constitution préservera le caractère social de l’État.

Vers la révision du calendrier relatif au démantèlement avec l’UE
L’autre point abordé par le président Tebboune avec ses hôtes concerne l’Accord d’association avec l’Union européenne (UE), qui a déjà été pointé du doigt à plusieurs reprises, estimant qu’il ne servait pas les intérêts de l’Algérie. Le Président a levé l’équivoque sur ce partenariat entre l’Algérie et le bloc européen assurant, à ce propos, que l’Algérie ne renoncera pas à cet accord, mais il est plutôt question de réviser le calendrier relatif au démantèlement tarifaire en fonction de ses intérêts économiques. « Nous ne pouvons pas renoncer à l’accord d’association avec l’UE (…) l’Union Européenne étant un partenaire auquel nous nous attachons. Mais l’Algérie s’attache aussi à ses intérêts économiques et ses efforts pour construire une économie indépendante de la rente. Nous allons revoir le calendrier (démantèlement) et ils (UE) sont d’accord concernant cette révision à laquelle s’attellent des économistes. Nous sommes en principe des partenaires de l’UE, mais pas au détriment de notre économie », a expliqué dans la foulée le chef de l’État comme pour dire que les États doivent se traiter d’égal à égal où chaque partie trouvera son compte. Signé en 2002, et entré en en vigueur en 2005, l’accord UE-Algérie prévoit l’établissement de la zone de libre-échange entre les deux parties en 2017 avant de prolonger de trois ans le délai de l’établissement de cette zone jusqu’à septembre 2020. Mais pour préserver la production nationale, l’Algérie s’est retrouvée contrainte de revoir à nouveau cet accord, par le biais notamment d’une révision du calendrier du démantèlement tarifaire.
Brahim Oubellil

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