Les violentes manifestations en France déclenchées après la mort du jeune Nahel, tué mardi par un policier durant un contrôle routier, se sont étendues à travers la France, à Paris dans des villes comme Marseille, Lyon, Toulouse, Strasbourg et Lille.
Malgré les tentatives de justifier, de façon mensongère, l’acte criminel du policier français par un délit de fuite inventé dans ce but, la vérité commence à éclairer d’une lumière crue un geste –tirer à bout portant sur un jeune- que les observateurs honnêtes qualifient de raciste.
C’est le moment pour la France de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre. C’est rapporté par le site ONU Info, ce qu’a déclaré, vendredi, une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), Ravina Shamdasani, qui a pris note qu’après le meurtre d’un jeune de 17 ans d’origine nord-africaine par la police en France mardi, une enquête a été ouverte sur des allégations d’homicide volontaire. Elle a appelé les autorités françaises à «veiller à ce que le recours à la force par la police pour lutter contre les éléments violents lors de manifestations respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité ». « Toute allégation d’usage disproportionnée de la force doit faire l’objet d’une enquête rapide », a-t-elle ajouté. L’ONU rejoint ainsi le combat anti-raciste mené, en France, depuis des décennies par des associations et des personnalités ainsi que des acteurs politiques engagés dans la lutte contre les discours et les pratiques de haine de l’extrême droite qui n’hésite pas à apporter son soutien aux flics «héritiers» de Maurice Papon, de sinistre mémoire. Malheureusement, les dirigeants français ne veulent pas admettre que la France abrite le racisme. «Toute accusation de racisme ou de discrimination systémique par les forces de l’ordre en France est totalement infondée », a réagi le ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué. Au contraire, « la France et ses forces de l’ordre luttent avec détermination contre le racisme et toutes les formes de discrimination », prétend le ministère français des Affaires étrangères, pour qui «aucun doute n’est permis».
La référence aux immigrés est brandie par les milieux extrémistes de droite rejoints par le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki qui a clairement établi, vendredi soir, un lien entre les émeutes en France et la présence d’immigrés. Les extrémistes de droite exigent plus de répression contre les banlieues où se trouve cette catégorie de la population. Ils ignorent les appels des élus locaux qui connaissent parfaitement la situation vécue par les jeunes dans ces quartiers « sensibles » et demandent que de vraies réponses soient apportées aux problèmes de ces Français, qui sont d’origines diverses, particulièrement les jeunes qui subissent au quotidien les abus des policiers français, encouragés par la surenchère raciste de l’extrême droite. De son côté, le ministre français de la Justice, Eric Dupond Moretti, regarde vers les sites des réseaux sociaux et menace leurs animateurs. En France, l’explosion sociale est cyclique dans les quartiers populaires défavorisés, mis sous tension permanente. Mais cette fois, c’est d’une telle gravité que la Première ministre, Élisabeth Borne, a envisagé le déclenchement de l’état d’urgence. Elle a annoncé, vendredi, le déploiement de blindés de la gendarmerie. Au total, quatre véhicules Centaure ainsi que 14 véhicules blindés à roue de la gendarmerie. Mais, la solution est ailleurs. La crise économique en France aggravée par les conséquences de la crise ukrainienne et de la guerre qu’elle a provoquée, a accentué la détérioration des conditions sociales de pans entiers de la population française, poussés à la marginalisation et dépendants des aides diverses, contraints de vivoter dans des activités informelles et précaires qui frisent la criminalité et empiètent sur elle parfois. Dans cette catégorie de la population, qui subit toutes les exclusions, les jeunes ont adopté une posture de rejet des institutions de l’État qu’ils n’hésitent pas à défier.
M’hamed Rebah