Accueil ACTUALITÉ Différend syro-turc : l’Algérie pour rapprocher les deux parties ?

Différend syro-turc : l’Algérie pour rapprocher les deux parties ?

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Fermement attachée à la résolution pacifique des conflits et crises qui déchirent nombre de pays, à travers le monde, principalement, dans l’aire arabo-sahélienne, l’Algérie est, en passe, de s’impliquer, si elle ne l’a pas déjà fait, dans la résolution d’un des plus graves conflits du moment : la crise syrienne, à savoir.

C’est un homme politique turc, Dogu Perincek, président du Parti des travailleurs (turc) qui l’a déclaré. Intervenant sur les ondes de “La Voix de la Russie”, une radio publique émettant en direction de l’étranger qui est connue pour refléter les positions officielles de l’État russe, a, en effet, fait état du déroulement, à Alger, de pourparlers entre des représentants syriens et turcs visant à déblayer le terrain à une solution définitive à la crise qui ensanglante la Syrie, depuis plus de cinq années maintenant. Si rien, pour le moment, n’est venu confirmer cette information, et ce, que ce soit du côté algérien ou de celui des deux pays concernés, certains faits, intervenus récemment, tendent à le faire, en revanche. S’exprimant, avant-hier, sur les relations entre son pays et la Turquie, Sergueï Lavrov a clairement déclaré que «leur normalisation (…) rendrait les recherches de solutions à la crise syrienne plus efficaces». Comme cette normalisation est déjà en cours depuis que le Premier ministre turc a, officiellement, présenté les excuses de son pays à propos de la destruction, en novembre 2015, par la chasse turque d’un bombardier russe en opération dans l’espace aérien syrien, et l’assassinat de son pilote, qui avait réussi à s’en éjecter, par des djihadistes opposés au pouvoir en place à Damas, il n’est pas loin de penser que la Russie ait poussé à l’ouverture des «pourparlers d’Alger», dont a fait état le président du Parti des travailleurs turc. Pour nombre d’observateurs, le choix de notre capitale pour abriter une telle rencontre s’explique par l’étroitesse historique des relations algéro-russes, notamment, dans les domaines militaire et sécuritaire et par la concordance de leur vision sur la résolution politique et, partant, pacifique des conflits ; ce dernier point ayant été expressément réaffirmé dans le communiqué commun qui a sanctionné les travaux de la Première session du dialogue stratégique algéro-russe sur les questions politiques et de sécurité, tenue avant-hier, à Moscou. Une manière, on ne peut plus claire, d’affirmer leur ferme opposition à l’aventurisme militaire occidental qui a fait de la manière forte son mode de «résolution» –les guillemets indiquant ici que le terme qu’ils encadrent n’est aucunement la finalité recherchée– privilégié des crises et conflits existants; crises et conflits auxquels, faut-il le dIre, celui-ci est loin d’être étranger. Et ce, d’autant plus que, dans le même communiqué, les deux pays ont réitéré, également, «leur attachement aux principes (…) de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et (au) respect de la Charte des Nations unies». Des positions vers lesquelles semblent revenir la Turquie d’Erdogan, du moins, dans la crise syrienne, depuis sa «reprise de langue», après plusieurs mois de fortes tensions, avec la Russie. Une «reprise de langue» et ses conséquences attendues : le désengagement turc de la crise syrienne et la solution définitive de celle-ci, si elles viennent à se concrétiser, qui, tout en confortant l’Algérie dans ses positions de principe privilégiant la voie politique et pacifique comme moyen de résolution des conflits et crises qui viendraient à se déclarer en tout point du globe, n’en constitueraient pas moins une défaite avérée pour les «va-t-en-guerre» occidentaux et leurs sous-traitants locaux et un recul certain des capacités de nuisance, dans toute la région arabo-sahélienne, des organisations terroristes y opérant. Deux objectifs auxquels tend, à l’évidence, le renforcement des relations stratégiques dans les domaines politique et sécuritaire de l’Algérie avec la Russie, comme le dévoile clairement la tenue, précitée, de la Première session du dialogue stratégique (entre les deux pays) sur les deux domaines en question, et avec la Chine, comme le laisse supposer la dernière visite dans notre pays du Représentant spécial du ministre chinois des Affaires étrangères, à l’issue de l’audience que lui a accordée Ramtane Lamamra en cette occasion, le diplomate chinois a déclaré à la presse que «sa visite en Algérie entrait dans le cadre d’un échange de points de vue entre les deux parties sur les moyens de renforcer la coopération bilatérale dans les domaines économique et politique mais aussi sécuritaire, y compris dans celui de la lutte antiterroriste». Un renforcement d’autant bien venu que les menées occidentales pour la déstabilisation de la région –menée sous le sournois et fallacieux prétexte de contribution à sa stabilité et à sa sécurité– de la région arabo-sahélienne se poursuivent. Et que pour nombre d’entre elles, celles-ci se déroulent dans notre voisinage immédiat. La dernière de ces menées, qui a cette caractéristique, a été la double annonce faite, samedi dernier, par le secrétaire général de l’Otan, le norvégien Jens Stoltenberg, de la possibilité que l’Organisation qu’il dirige «fournisse un soutien aux forces spéciales tunisiennes», et «de la création, en Tunisie, d’un centre de fusionnement du renseignement» ; une création qui entre, a-t-il précisé, «dans le cadre d’un ensemble de mesures que l’Otan a pris et qui vise à projeter la stabilité au-delà des frontières de l’Alliance». Quand on connaît –pour nous en tenir à ce seul des innombrables méfaits qui jalonnent son existence– le rôle éminemment négatif joué par cette Organisation dans la destruction de la Libye voisine, on ne peut que s’inquiéter des dernières mesures qu’elle a prises. Et, partant, de comprendre les inquiétudes de notre pays…
Mourad Bendris

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