L’armée nigériane a annoncé samedi avoir repris à Boko Haram la ville de Baga (nord-est), sur les rives du lac Tchad, tombée début janvier aux mains des islamistes qui y avaient mené une attaque jugée la plus meurtrière depuis six ans. Les troupes ont récupéré Baga samedi après-midi après une bataille féroce avec les terroristes. Lourdes pertes. Ratissage en cours. Détails ultérieurement, a écrit l’armée sur son compte Twitter, @defenceinfoNG.
Le porte-parole du ministère nigérian de la Défense, Chris Olukolade, a ensuite précisé dans un communiqué qu’un grand nombre de terroristes se sont noyés dans le lac Tchad en tentant de fuir les bombardements aériens. L’armée a déclenché ses opérations vendredi, utilisant des moyens aériens et des troupes au sol, pour atteindre Baga. Beaucoup de terroristes sont morts et un nombre inconnu mais conséquent se sont enfuis, blessés à des degrés divers, a ajouté M. Olukolade, selon lequel les militaires ont dû neutraliser quelque 1.500 mines dans leur progression vers cette ville, carrefour commercial important dans l’Etat de Borno (nord-est). Selon lui, les militaires ont également saisi et détruit l’arsenal des islamistes, dont 5 batteries antiaériennes, 34 motos et 5 véhicules. Les militaires menaient des opérations de ratissage dans la zone, notamment à Gajigana, Ngaze, Ngenzai, Marte Junction, Mile 90, Yoyo, Kekeno, Kukawa, Cross Kauwa, Kangarwa, Amirari ainsi que plusieurs localités d’où ont été délogés les terroristes lors de précédentes opérations. (…) Le moral des troupes est haut, a-t-il soutenu. Les déclarations de l’armée, qui n’avaient pu être immédiatement confirmées de source indépendante, interviennent moins d’une semaine après l’annonce par le Nigeria de la reprise de Monguno (60 km de Baga), ville-garnison qui était contrôlée depuis le 25 janvier par Boko Haram. Cette semaine, l’armée a assuré avoir tué à Monguno plus de 300 terroristes. Des habitants ont confirmé à l’AFP que cette ville était effectivement désormais sous contrôle de l’armée et que celle-ci avait infligé de lourdes pertes à Boko Haram, sans pouvoir toutefois préciser de bilan. Les islamistes s’étaient emparés le 3 janvier de Baga et d’une douzaine de villages alentour. Dans les jours qui avaient suivi, des centaines de civils, voire plus, avaient été massacrés, des maisons incendiées et plusieurs centaines de femmes et d’enfants enlevés. Située au milieu des bastions de Boko Haram, qui contrôle plusieurs localités du nord-est du Nigeria, Baga est une ville stratégique qui abritait la base opérationnelle de la force des pays de la région contre le groupe islamiste. L’attaque de Baga est la plus grande et la plus destructrice jamais perpétrée par Boko Haram, selon Amnesty International.
Elle a été qualifiée de crime contre l’humanité par le secrétaire d’Etat américain John Kerry. Secte à sa création en 2002, Boko Haram s’est transformé en 2009 en groupe islamiste armé après l’exécution de son chef par les forces nigérianes. Depuis, il multiplie violences et exactions dans le nord-est du Nigeria et a étendu ses opérations au Cameroun, au Tchad et au Niger. Il a proclamé en août 2014 un califat dans les zones du Nord-Est sous son contrôle. Son insurrection et sa répression par les forces de l’ordre ont fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés depuis 2009 au Nigeria. Il s’est félicité du «bon déroulement» de l’opération militaire «comportant potentiellement d’importants risques» menée à environ 35 km à l’intérieur du territoire syrien.