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Ukraine : un an de guerre dans l’Est

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Le 6 avril 2014, des militants prorusses s’emparent du siège de l’administration régionale à Donetsk et de celui des services secrets à Lougansk, dans l’est de l’Ukraine, début d’une rébellion contre Kiev qui va basculer dans la guerre et faire plus de 6 000 morts. Ces rebelles s’opposent aux pro-occidentaux arrivés au pouvoir à Kiev après les manifestations qui ont provoqué la chute du président prorusse Viktor Ianoukovitch. Hostiles au rapprochement avec l’UE et à l’Otan souhaité par les nouvelles autorités, ils affirment que les russophones de l’est du pays sont menacés par la «junte fasciste» au pouvoir à Kiev. «A Kiev, on nous refuse le droit de parler russe ! Et on réhabilite le fascisme. Nous voulons être rattachés à la Russie le plus vite possible», résume à l’époque à l’AFP Valentina Fiodorova, une retraitée de 63 ans vivant à Donetsk. Les chefs de l’insurrection proclament aussitôt la création des «Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk», dans un style très soviétique, la nostalgie de l’URSS étant forte chez les rebelles. Certains sont pour la fédéralisation du pays, avec une large autonomie au sein de l’Ukraine, d’autres pour l’indépendance. D’autres encore prônent un rattachement pur et simple à la Russie, comme cela a été le cas pour la Crimée, annexée deux semaines auparavant par le Kremlin, ce qui a provoqué la pire crise entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide. De nombreuses villes passent du côté séparatiste et des groupes d’hommes armés font leur apparition sur le terrain. Kiev ne réagit pas et donne l’impression de ne plus contrôler la situation dans cette région minière et industrielle. Dans les zones rebelles, un référendum est organisé à la va-vite le 11 mai. Sans surprise, le résultat est favorable à l’indépendance. Le scrutin est considéré comme nul et non avenu par Kiev et les Occidentaux. Kiev lance mi-avril une «opération antiterroriste» pour reconquérir les territoires perdus. De premiers combats meurtriers ont lieu le 26 mai à l’aéroport de Donetsk. A Moscou, Vladimir Poutine demande «l’arrêt immédiat de l’opération punitive» de Kiev. «Des millions de Russes et de russophones vivent en Ukraine.

La présence russe en question
La Russie défendra toujours leurs intérêts», avait déclaré M. Poutine deux semaines avant le début de la rébellion. Le sentiment prévaut alors chez les Occidentaux que Moscou veut tout faire pour empêcher Kiev de se rapprocher de l’UE et de l’Otan. Peu à peu, la guerre s’étend dans l’est où les séparatistes gagnent du terrain face à une armée ukrainienne désorganisée. Kiev et l’Otan dénoncent l’arrivée massive en provenance de Russie d’unités combattantes, de blindés et de canons qui passent la frontière, dont une partie est contrôlée par les rebelles. Moscou dément et reconnait juste que des volontaires russes combattent aux côtés des rebelles. En juillet, Kiev lance une offensive qui semble inverser le cours des choses: les rebelles abandonnent leur place-forte de Slaviansk et l’armée ukrainienne reprend le port stratégique de Marioupol, sur la mer d’Azov. Le 17 juillet, un Boeing malaisien est abattu dans une zone où les combats font rage. Les belligérants se rejettent la responsabilité du drame qui a fait 298 morts. Les Européens décident alors d’adopter avec les Etats-Unis des sanctions contre Moscou, implicitement accusé d’avoir fourni le missile avec lequel les rebelles auraient abattu l’avion. Mais fin août, les séparatistes lancent à leur tour une contre-attaque: ils desserrent l’étau autour de Donetsk et Lougansk, menacent Marioupol et infligent une défaite majeure aux Ukrainiens à Ilovaïsk, où plus de 360 soldats de Kiev sont tués et 180 autres portés disparus. «La cause principale de ces défaites, c’est la présence de troupes russes. Sans les Russes, nous aurions terminé le travail à la fin de l’été», déclare à l’AFP un haut responsable des services de sécurité ukrainiens sous couvert de l’anonymat.

Gel du conflit
Après des mois de vains efforts diplomatiques, Kiev et les séparatistes signent en septembre à Minsk un accord qui prévoit un cessez-le-feu et trace les grandes lignes d’un règlement politique du conflit, avec une autonomie accrue pour les régions rebelles. Mais le cessez-le-feu ne tient pas longtemps et de violents affrontements se poursuivent, notamment autour de l’aéroport de Donetsk qui tombe fin janvier sous contrôle rebelle, après neuf mois de combats. En février, François Hollande et Angela Merkel convainquent Vladimir Poutine et Petro Porochenko de réaffirmer leur soutien aux accords de Minsk et un nouveau cessez-le-feu est alors proclamé. Ce qui n’empêche pas les séparatistes de s’emparer quelques jours plus tard de la ville de Debaltseve, verrou stratégique entre Donetsk et Lougansk, après une dizaine de jours d’affrontements. Depuis, la ligne de front est gelée et le cessez-le-feu est globalement respecté.

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