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Syrie : Nouvelle nuit de bombardements à Alep

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Alep ne connaît pas de répit. La nuit dernière, les bombardements meurtriers par les avions du régime syrien et de son allié russe ont de nouveau déferlé sur la ville syrienne. Des événements qui ont consterné des Occidentaux exaspérés de l’attitude de Moscou. Après une semaine de vaines discussions diplomatiques, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit de nouveau dimanche, à la demande des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France.

Les pays occidentaux veulent tenter de stopper l’offensive aérienne lancée, vendredi, par le régime et la Russie pour faire tomber les quartiers insurgés d’Alep, la deuxième ville du pays, et obtenir ainsi une victoire d’éclat sur les forces rebelles. La pluie de bombes larguées depuis trois jours a fait au moins 101 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Parmi eux figurent de nombreux enfants et femmes ensevelis sous les ruines des immeubles détruits par les raids. « Toute la nuit, les bombardements n’ont pas cessé », affirme à l’AFP Ahmad Hajjar, un habitant du quartier rebelle d’Al-Kallassé. « Je n’ai pas fermé l’œil jusqu’à 4 heures du matin », ajoute cet homme de 62. Ahmad Hajjar raconte que sa rue est jonchée de «bombes à sous-munition» qui n’ont pas explosé.

Consternation à l’ONU
« Un voisin a été tué par l’une d’entre elles. Je l’ai vu trébucher sur elle, elle a explosé et l’a déchiqueté. C’était une scène horrible. » Depuis l’annonce, jeudi, par l’armée du régime d’une nouvelle large offensive pour reprendre les quartiers rebelles, des habitants et militants ont décrit l’utilisation, outre les bombes à sous-munition d’un nouveau type de projectiles. En s’abattant, ceux-ci font l’effet d’un tremblement de terre d’après eux, faisant s’écrouler un immeuble de plusieurs étages comme un château de cartes et détruisant également le sous-sol, utilisé comme abris par les habitants. « Je ne sais pas pourquoi le régime nous bombarde de cette manière sauvage. Nous sommes assiégés et nous n’avons nulle part où aller », se désole de son côté Imad Habbouche, à Bab al-Nayrab. Les quelque 250 000 habitants des quartiers rebelles ne reçoivent plus d’aide de l’extérieur depuis pratiquement deux mois et sont, de plus, privés depuis samedi, d’eau, à cause des bombardements, selon l’Unicef.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est déclaré, samedi, « consterné » par l’« escalade militaire épouvantable » à Alep. Ban Ki-moon a fait état d’« informations persistantes sur des raids aériens impliquant des armes incendiaires et des munitions perfectionnées comme des bombes capables de perforer des bunkers ». Il a affirmé que « l’apparente utilisation systématique » de ces bombes dans des zones habitées « pouvait constituer des crimes de guerre ». Une trêve d’une semaine négociée par les États-Unis et la Russie a pris fin lundi dernier, et les efforts diplomatiques pour tenter de la rétablir ont jusqu’à présent échoué.
Les attaques contre des civils dans la ville d’Alep, dans le nord de la Syrie, constituent « une violation du droit humanitaire international », ont déclaré samedi des responsables de l’Union européenne. « Les souffrances indiscriminées causées à des civils innocents […] sont une violation inacceptable du droit humanitaire international », ont affirmé dans un communiqué la responsable de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, et le commissaire européen chargé des Affaires humanitaires, Christos Stylianides. Ils ont condamné les tirs d’artillerie et le largage de bombes incendiaires sur Alep, ainsi que « l’attaque délibérée » d’un convoi humanitaire la semaine dernière et « la coupure délibérée de l’adduction d’eau à la majorité des civils se trouvant encore dans la ville ». L’attaque du convoi humanitaire, survenue, lundi, près d’Alep, a tué une vingtaine de civils et provoqué un tollé international.

La faute à la Russie ?
Les États-Unis affirment que ce convoi a été victime d’une frappe aérienne de l’aviation syrienne ou de l’aviation russe, qui soutient le président syrien Bachar el-Assad. La Russie, vidéo à l’appui, met en doute que la destruction du convoi ait été due à une frappe aérienne. Elle nie toute responsabilité de son aviation ou de celle du pouvoir syrien dans cette affaire. Selon des responsables de l’ONU, près de deux millions de personnes sont actuellement sans eau à Alep depuis que l’aviation du pouvoir de Damas a bombardé une station d’épuration et que les rebelles en ont fermé une autre par mesure de représailles. Alep, principale ville du nord de la Syrie, est divisée depuis 2012. Les groupes rebelles tiennent les quartiers est de la ville et les forces gouvernementales contrôlent les quartiers Ouest.
Dans leur communiqué daté de Bruxelles, Federica Mogherini et Christos Stylianides considèrent que les souffrances que subissent les civils à Alep constituent «un affront» au monde entier. «Cela risque de nous éloigner encore davantage d’un règlement négocié du conflit, qui reste le seul moyen d’y mettre fin», estiment-ils. Les deux responsables européens ont appelé ceux qui ont de l’influence sur le régime syrien et sur les groupes armés de l’opposition à « exercer une pression maximale pour que les attaques cessent ». Ils les ont aussi appelés à œuvrer afin d’assurer « un accès humanitaire libre et permanent aux personnes qui en ont besoin » et « une reprise aussi rapide que possible des négociations sous les auspices de l’ONU à Genève » pour mettre fin au conflit. Un accord de trêve négocié par les États-Unis et la Russie a apporté plusieurs jours de forte réduction de la violence à Alep, mais il n’a pas permis l’acheminement d’aide humanitaire, et la trêve a pris fin au début de cette semaine.

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