Le ministre des Transports, Boudjema Talaï a insisté sur l’impératif de rentabilité des entreprises publiques de son secteur. Il a estimé qu’il n’est pas normal de continuer à injecter de l’argent pour supporter le déficit des entreprises sensées contribuer au renflouement des caisses de l’état.
«Pour plus d’autonomie dans la gestion des entreprises publiques du secteur des Transports afin d’être rentables économiquement parlant». C’est en ces termes que le ministre des Transports, Boudjema Talaï a expliqué la stratégie de son secteur à travers la nouvelle réorganisation du secteur public marchand des Transports. Tous les responsables et directeurs généraux des entreprises du secteur des Transports étaient présents, hier, au Cercle militaire de Béni messous pour écouter les explications concernant cette nouvelle réorganisation des entreprises du secteur. Accompagné par cinq ministres dont celui de l’Industrie ainsi que le secrétaire général de la Centrale syndicale (UGTA), le ministre des Transports a expliqué que le passage à ce nouveau mode d’organisation est dicté avant tout par un souci de rentabilité. Deuxième objectif est d’accompagner ces entreprises dans le processus de modernisation pour atteindre des niveaux de standards internationaux en terme de gestion. Pour Boudjema Talaï, fini l’époque où l’état injecte de l’argent pour supporter le déficit des entreprises publiques sensées contribuer au renflouement des caisses de l’état. Selon l’ancien système, ces entreprises organisées sous forme d’EPIC et autres, étaient budgétivores. Situation de crise économique oblige, ces entreprises sont appelées à jouer leur rôle économique en générant des dividendes a-t-il dit. Lors d’une conférence de presse animée en marge de la mise en place des quatre groupes publics du secteur marchand des Transports, Boudjema Talaï s’est interrogé sur le pourquoi de la non rentabilité de la compagnie aérienne publique de transport de voyageurs, Air Algérie, alors qu’elle transporte la moitié du flux des voyageurs à destination d’Algérie. Idem pour le transport maritime de voyageurs et de marchandises a-t-il ajouté. Justement, un des objectifs assignés à cette réorganisation du secteur public marchand des Transports est de garantir aux entreprises du secteur une autonomie de gestion et de la prise de décision. Selon le ministre, la configuration actuelle du secteur public marchand s’articulant autour des SGP, a atteint ses limites. En effet, les SGP, dont la mission à la création en 2001, était principalement axée sur la gestion de titres dans un contexte de privatisation et de désengagement de l’état, se trouvent, aujourd’hui, complètement dépassées, n’arrivant plus à jouer le rôle d’animation, de développement et de pilotage stratégique des EPE qui leur sont rattachées.
Les SGP n’arrivent plus à fédérer les entreprises autour d’une stratégie de développement commune permettant de générer des synergies. Afin de remédier à cette situation, le CPE dans sa résolution n°01/142 du 28/08/2014 a instruit les ministères en charge de la gestion des différents capitaux publics marchands de proposer une nouvelle organisation permettant de booster des entreprises relevant de leur portefeuille, lit-on dans le document remis à la presse. Dans ce cadre, le ministère des Transports a présenté au Conseil des participations de l’état «C.P.E» le 17 Septembre 2015 la nouvelle configuration du secteur public marchand des Transports dont la mise en place est effective à partir d’hier. Ainsi, quatre groupes publics du secteur des transports ont été mis en place, hier, dans le cadre de la réorganisation du secteur public marchand décidée par les pouvoirs publics en 2014.
Il s’agit du Groupe des services portuaires (Serport), du Groupe de transport maritime (Gatma), du Groupe transport de marchandises et de logistique (Logitrans) et du Groupe transports terrestres de voyageurs (Transtev). Ces groupes viennent en remplacement de trois Sociétés de gestion des participations de l’état du secteur (Sogeport, Gestramar et Fibder), qui englobent 48 entreprises publiques économiques (EPE) ainsi que d’autres entreprises à caractère économique et industriel (Epic) sous tutelle du ministère des Transports. Suite à cette restructuration, le nouveau groupe Serport (capital de 54 milliards DA) sera chargé de la gestion portuaire à travers dix (10) entreprises portuaires et une (1) entreprise de gestion des ports de pêche, ainsi que de la gestion des services portuaires à travers trois sociétés mixtes dédiées aux conteneurs et deux sociétés mixtes de logistique. D’un capital de 22 milliards DA, le deuxième groupe Gatma regroupera les deux filiales de la Compagnie nationale de navigation (Cnan), l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (Entmv), l’Entreprise nationale de réparation navale (Erenav) et cinq autres filiales chargées de la consignation de navires et activités connexes. Quant au groupe Transtev, doté d’un capital de 3 milliards DA, il regroupera l’Entreprise du métro d’Alger (Ema), la Société d’exploitation des tramways (Setram), l’Entreprise de transport algérien par câbles (Etac), la Société de gestion de la gare routière d’Alger (Sogral) et cinq filiales de transport de voyageurs par cars. Pour le groupe Logitrans (capital de 2 milliards DA), dont la mission est de gérer le transport des marchandises et la logistique, il sera constitué de sept filiales relevant de la Société nationale du transport routier (Sntr). Par ailleurs, Boudjema Talaï a expliqué que Air Algérie et la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) ne sont pas concernées par cette nouvelle réorganisation du fait que ces deux entreprises ont leurs propres plans de développement.
Hacène Nait Amara