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Procès de l’autoroute Est-Ouest : l’accusation, un scénario, selon la défense de Chani

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Les avocats de la défense des accusés, dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, ont mené, hier, les ultimes batailles contre la chambre d’accusation près la Cour d’Alger, dans une séance-plaidoirie entamée vendredi dernier. Les robes noires tentent de gagner la bataille pour peser dans la décision finale du juge et des membres du jury, sachant que le verdict s’annonce tout proche. En effet, l’avocat de Chani Medjdoub, principal accusé dans cette affaire de large corruption, a mené un véritable brûlot contre la chambre d’accusation en estimant, d’emblée, que les poursuites formulées à l’encontre de son client sont «lourdes et graves». Poursuivi pour constitution d’association de malfaiteurs, de blanchiment d’argent et de trafic d’influence, Chani risque une peine de 20 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 8 millions DA. Il est en détention provisoire depuis septembre 2009 à la prison de Serkadji, à Alger. «Chani est une victime d’un scénario monté contre lui par la chambre d’accusation, et fabriqué dans des laboratoires spécialisés, sans que le procureur général n’apporte la moindre preuve matérielle au dossier d’accusation», a soutenu maître Abderrahmane-Amine Sidhoum. Ce dernier est revenu sur la détention de son client par les services de sécurité à l’intérieur des locaux du DRS et les conditions de son audition par le procureur, en parlant de Justice de la nuit. «Il a été auditionné à minuit. J’ai l’impression que le procureur général aime le clair de la lune. Ce qui n’est pas le cas pour le juge que je remercie d’ailleurs, car, lui, il suspend la séance aussitôt que le noir commence à s’installer dans cette salle d’audience», a-t-il indiqué. En rappelant le profil de Chani Medjdoub qui n’est autre qu’un expert dans le domaine financier, Me Sidhoum a tenu à récuser les déclarations du procureur qui s’est référé à la Convention internationale sur la corruption, signée notamment par l’Algérie, pour motiver les accusations. «Vous avez parlé de conventions qui priment sur la loi nationale, oui, mais qui de celles liées à la protection des droits de l’homme et du respect de sa condition ?», s’est-il interrogé, en mettant même à l’aise le représentant du ministère public par ses attaques acerbes. En effet, lors de son audition, Chani a affirmé avoir été torturé et humilié par les agents qui l’on interrogé, lesquels étaient présentés tantôt comme éléments de la Police judiciaire et tantôt des agents du DRS. «C’est une honte que de lui faire subir ça dans son pays, alors qu’il est respecté ailleurs, partout dans le monde. Malgré cela, il s’est présenté devant le juge, je salue son courage», a ajouté Me Sidhoum. Ce dernier a ensuite lancé un défi au procureur en l’invitant d’aller visiter les locaux du DRS, dont son client a été cloîtré pendant 20 jours, en lui rappelant sa qualité de directeur de la Police judiciaire et ce que lui confèrent la loi et la procédure pénale. «Enfin, je sais que ça n’arrivera jamais. Donc, arrêtons la démagogie», a affirmé l’avocat de Chani, avant de regretter que la requête formulée au parquet concernant l’enlèvement physique et la torture de Chani n’a connu aucune suite, et qu’elle est juste «classée», sans plus.
«Pour un verdict au nom de l’état, du peuple et de la vérité»
Au sujet de la non-convocation, comme témoin, des agents de la Police judiciaire responsables de «kidnapping et de torture des accusés», sous couvert de souveraineté nationale, Me Sidhoum dénonce ce qu’il qualifie de gens qui agissent «pour plaire à des cercles occultes», a-t-il estimé. «Ceux qui nous parlent de nationalisme sont les premiers à faire la queue devant l’ambassade de France un certain 14 juillet», a-t-il encore ajouté. L’orateur a rappelé également que le juge ne pourrait convaincre Chani El-Arbi (neveu de Medjdoub, ndlr) de venir témoigner, car, «les agents de la sécurité spéciale ont fait de lui un otage et l’on torturé, donc, plus jamais il ne retournera au pays», s’est-il écrié. En revenant à l’accusation, selon laquelle Chani avait une adresse à une résidence d’État, son avocat a demandé au procureur de poursuivre en justice, dans ce cas, «les cadres et les ministres de l’État qui y résident». «C’est grave qu’une semaine après le procès, le procureur général n’a encore rien compris», a encore accusé Me Sidhoum. Selon lui, il faut faire la différence entre la société «écran» et la société «offshore», avant d’indiquer que les éléments soulevés par le procureur ne tiennent pas la route. Il ironise encore en indiquant que le représentant du ministère public a pris l’autoroute «Nord-Sud» et non pas «Est-Ouest». L’homme à la robe noire est revenu ensuite sur la détention de Chani pendant 20 jours, en rappelant que le procureur doit prendre acte de la date du 16/09/2009 (détention de Chani, ndlr) et non pas seulement de celle qui correspond à son audition par le parquet. Il a même fait appel à une citation de l’éminent avocat français, Jacques Vergès, qui a dit «tuer, c’est grave, humilier, c’est encore pire», a indiqué Me Sidhoum pour battre en brèche la procédure judiciaire qui n’a pas respecté, selon la défense, les droits les plus élémentaires de Chani. L’avocat a voulu, semble-t-il, renverser la balance en faveur de son client, en désignant comme coupable la chambre d’accusation. «Le procureur n’a jamais ouvert une enquête sur la transgression de la loi, ni sur la pratique de la torture. Ayez le courage de le faire, pour une fois…», s’est-il adressé au représentant du ministère public. À la fin de sa plaidoirie, Me Sidhoum a précisé que le dossier d’accusation de son client est «vide et qu’il ne contient aucune preuve matérielle». En ce sens, il a demandé au juge de rendre une décision «au nom de la vérité, de l’État de droit du peuple algérien». À l’heure où nous mettons sous presse, les plaidoiries tirent vers leur fin.
Farid Guellil

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