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Procès de l’assassinat de Ali Tounsi : La peine capitale requise contre Oultache

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Le procès de l’assassinat de l’ex-directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, dont est accusé l’ex-chef de l’unité aérienne de la DGSN, Chouaib Oultache, s’est poursuivi, hier, en son second jour, au tribunal criminel d’Alger avec l’audition des principaux témoins, les plaidoiries des avocats de la défense et de la partie civile, mais aussi par la lecture du réquisitoire du procureur général.

Ce dernier a requis la peine capitale contre le principal accusé, poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation, tentative de meurtre et possession d’arme à feu sans autorisation. Tout au long de son réquisitoire, le procureur général auprès du tribunal criminel d’Alger n’a cessé de rappeler que l’accusé a reconnu avoir tiré sur la victime. « Même si Oultache se contredit en précisant qu’il a tiré sur la poitrine de la victime, il n’en demeure pas moins que le rapport du médecin légiste est clair et précise que la victime a reçu deux balles dans la tête », a précisé le procureur général. Pour lui, lors de l’entrevue qui a eu lieu peu avant la réunion qui était censée se tenir le 25 février 2010 et au cours de laquelle Ali Tounsi a été « lâchement assassiné », le criminel avait qu’une idée en tête celle de reporter
la dite réunion, et ce, afin de ne pas être scandalisé par les abus de délivrance de marchés illégalement à son gendre d’une valeur de plus de 100 millions de DA. D’ailleurs, Ali Tounsi avait appelé à cette réunion suite à la publication d’un article sur le journal arabophone El Nahar qui mettait à nu les pratiques frauduleuses de Oultache. Pour le procureur, tous les faits condamnent l’ex-chef de l’unité aérienne de la DGSN. En effet, Ali Tounsi voulait avoir des explications quant aux avancées des missions de modernisation des équipements de la DGSN, mais hélas, conscient de ‘n’avoir rien fait en trois longues années, Oultache n’a trouvé mieux que d’éliminer son directeur.
De surcroît, le procureur a rappelé que la victime s’est sentie trahie après que l’État a décidé d’enlever l’enveloppe d’une valeur de 22 millions d’euros à la DGSN pour l’octroyer à la Gendarmerie nationale, suite à ce scandale. Ce qui l’a poussé à demander des comptes auprès de son « ami Oultache ». Tout en rappelant le long parcours de Ali Tounsi, le procureur a regretté que celui-ci soit lâchement assassiné par un proche et non par les terroristes qui voulaient sa peau. Selon lui, Tounsi est mort en défendant l’argent public. D’autre part, il n’a pas manqué de signaler le coup dur dont a fait preuve la DGSN en raison de cet assassinat qui a nui à la réputation de cette institution sécuritaire. Aussi, le procureur a rappelé que la justice a condamné Oultache et son gendre dans l’affaire de dilapidation de deniers publics. Au sujet des contradictions dans ses déclarations devant le juge d’instruction et les membres de la police judiciaire, le procureur a estimé que si la victime avait une histoire précise sans contradictions, la Justice pourrait le croire. Mais dans la mesure où les déclarations changent du jour au lendemain, cela prouve que ce dernier est en train de mentir. Enfin, le procureur a appelé les juristes à répondre par « oui » aux chefs d’inculpation contre l’accusé.

Le médecin légiste enfonce Oultache
La matinée d’hier a été, aussi marquée par l’audition des témoins. Ces derniers qui se sont succédé à la barre pour raconter leur version des faits quant à la scène des crimes, et à leur tête le médecin légiste, chargé de l’autopsie du cadavre, Rachid Belhadj. Celui-ci a affirmé au cours de son récit que la victime pouvait s’en sortir après la première balle, mais c’est la seconde qui l’a achevé. Enfonçant Chouaib Oultache, le médecin légiste a indiqué à cet effet que « la première balle a traversé la joue gauche pour sortir au niveau de l’épaule, or que la seconde balle a explosé la boite crânienne. Et cette balle a été fatale». Plus explicite, il dira que la seconde balle a provoqué ce qu’est scientifiquement appelé l’effet « blast ». « La victime a reçu la première balle, mais il arrivait encore à bouger. Il s’est relevé, puis tomber sur sa partie gauche. Il pouvait s’en sortir, mais c’est à ce moment là qu’il a reçu la seconde balle et c’est celle-ci qui était fatale pour lui », a-t-il encore témoigné, avant de préciser qu’il a procédé à l’élaboration des certificats de décès au bureau du directeur général de la DGSN.Ce témoignage a laissé entendre par le juge que « l’accusé avait l’intention d’achever sa victime». Au sujet des positions au moment des crimes, le médecin légiste a assuré que « la victime a été assise, et le criminel était en position debout ».Affrontant les dires de Oultache qui a assuré avoir tiré sur la poitrine de Ali Tounsi, le médecin légiste est catégorique, « il n’y a pas eu de balles à la poitrine du cadavre ».Plus loin dans son récit, il a précisé qu’en arrivant sur les lieux du crime, « le corps était encore chaud, mais il était visible que la mort a été récente, ce qui a conduit a l’établissement du certificat de décès ».Cependant les dires du médecin légiste étaient aussi marqués par certaines contradictions. En effet, celui-ci a oublié de mentionner que le corps a été conduis à la clinique les Glycérines à El Biar, ce qui a provoqué la réserve des avocats de la défense, qui n’ont pas manqué de déplorer que le corps soit transporté sans l’œil vigilant d’un médecin. De son côté, Oultache a maintenu ses déclarations lors de l’audience, affirmant que les balles qui ont causé la mort de Tounsi ne provenaient pas de son arme et qu’il l’avait juste blessé à la main.

La valse des robes noires
Dans un autre sillage, à la fin des auditions des témoins, le Tribunal a commencé par entendre les plaidoiries des avocats des parties civiles, concernées dans cette affaire dans laquelle l’accusé Chouaib Oultache doit répondre des chefs d’accusations de meurtre avec préméditation et tentative d’homicide volontaire et port d’arme à feu sans autorisation préalable des autorités compétentes, sont les avocats des ayants droit de la famille de la victime Ali Tounsi, son directeur de cabinet Abdelaziz Dahlab et Abdelmoumène Abd Rabou ancien chef de sûreté de la Wilaya d’Alger. Après le réquisitoire, c’était au tour des avocats de la défense d’essayer de défendre leur client, en tentant de recomposer la scène du crime et de trouver certaines incohérences dans le dossier. Mais la chose n’est pas mince à faire. Leur client risque désormais la peine capitale.
Lamia Boufassa

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