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Oran : La «clémentine de Messerghine» en voie de labellisation

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Les producteurs d’orange de Misserghine (ouest d’Oran) font une véritable course contre-la-montre pour labelliser l’orange «clémentine», considérée comme un fruit local d’excellence dans le secteur des agrumes.

Cette qualité prédispose ce fruit à figurer dans la liste des produits agricoles labellisés sur le plan national, à l’instar de «deglet nour», les «figues séchées» de Beni Maouche et le fromage traditionnel «Bouhaza». Les procédures de labellisation de ce type de fruit hivernal, qui prendra le nom de «clémentine de Misserghine», sont en voie d’achèvement, après avoir parcouru plusieurs étapes, a indiqué à l’APS le président de l’association des agriculteurs de la «clémentine de Misserghine», qui chapeaute cette opération en coordination avec la Direction locale des services agricoles (DSA). Cette opération, entamée dès la création de cette association en décembre 2018 et rassemblant près d’une vingtaine d’agriculteurs, est entrée dans l’étape de préparation du cahier des charges, qui sera bientôt prêt, selon le président de l’association, Khellil Bekhedda, un agriculteur possédant une exploitation spécialisée dans la production de l’orange «clémentine» dans la commune de «Misserghine», depuis 1966. De son côté, la chargée du dossier de labellisation au niveau des services agricoles d’Oran a déclaré que «la préparation du cahier des charges sera achevée dans un délai d’un mois. Le dossier sera, ensuite, déposé auprès du comité chargé de la qualité du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche», signalant à ce propos qu’ «il ne reste, dans cette opération, que la mise en place du processus technique de production de la clémentine et le suivi des agriculteurs dans les méthodes de cueillette de ce fruit, qui se déroule, actuellement, de manière satisfaisante». à travers le cahier des charges, qui renferme les données sur les particularités du produit ainsi que le relief et le climat de la région de Misserghine, qui est le berceau de ce produit, un comité auxiliaire a été installé pour suivre les différentes étapes de labellisation, en association avec des experts de différentes structures techniques et universitaires, et effectuer les analyses nécessaires du sol et la qualité des eaux, ainsi que l’organisation des tests de goût, a précisé Salima Hasnaoui. Pour elle, «le secret de la clémentine réside dans ses différentes particularités, en comparaison avec le reste des oranges et des agrumes, en général, en plus du volet concernant la teneur en jus et le goût, l’odeur et l’arôme». Salima Hasnaoui a fait savoir que les différentes analyses ont montré des résultats importants concernant ce fruit, notamment sur le plan de la qualité du fructose, du saccharose et la vitamine C, entre autres. Les producteurs de clémentine des régions de Misserghine et Boutlelis ont hérité cette activité agricole de pères en fils. Ils sont devenus, avec le temps, l’expérience et la pratique, de véritables techniciens et spécialistes dans la production des agrumes, maîtrisant aussi leur processus technique. Il en a résulté que le fruit a sauvegardé ses spécificités uniques dans la région, ainsi que son goût qui le rend si caractéristique par rapport aux autres types d’oranges, selon le secrétaire général de la Chambre de l’agriculture d’Oran, Zeddam Houari. La labellisation de ce produit local vise sa valorisation et sa réhabilitation en vue de l’intensification de la production et d’aller vers son exportation, a indiqué le président du Conseil interprofessionnel de la filière des agrumes, Mohamed Derbal. La première étape de ce travail commun entre agriculteurs et l’APC de Misserghine a été l’organisation de la «fête de la clémentine», avec l’association d’un certain nombre d’agriculteurs, dans le but d’échanger les savoir-faire et développer cette filière. Selon des sources historiques, la clémentine est apparue en 1896, au niveau du centre de formation professionnelle de Messerghine, qui était, durant l’ère coloniale, géré par un prêtre, le père Clément. Celui-ci entreprendra un croisement naturel de l’orange mandarine avec un autre fruit sans pépins, pour donner naissance à un fruit baptisé «clémentine».

Les eaux : «l’existant perdu»…
Afin de développer le programme de réhabilitation de la clémentine et des autres agrumes, de manière générale, la disponibilité des eaux, qui représente l’un des obstacles limitant les superficies consacrées aux agrumes, est primordiale, même si des points d’eau sont disponibles à Oran. Cela nécessite également le renouvellement des équipements d’irrigation du goutte-à-goutte, devenus vétustes, a révélé le président du Conseil interprofessionnel de la filière des agrumes de la wilaya d’Oran. Concernant le manque d’eau, le Conseil en question a inventorié entre 20 et 25 points d’eau dépendant de la Direction des ressources en eau, mais qui ne sont pas exploités depuis 20 ans. Les agriculteurs n’ont pas été autorisés à les exploiter pour augmenter leurs superficies, comme c’est le cas dans quelques wilayas limitrophes, à l’instar de Mostaganem, Aïn-Témouchent, a déclaré M. Derbal. Afin de régler ce problème, le Conseil a adressé des correspondances aux services concernés, sans que les fellahs n’aient reçu la moindre réponse, a-t-il dit, soulignant que «la quantité disponible actuellement est exploitée dans l’irrigation de l’ancienne récolte et les agriculteurs n’ont pas réussi à augmenter leurs superficies, malgré leur aménagement». De son côté, l’agriculteur Khelil Bekhedda, propriétaire d’une exploitation agricole dans cette localité, a précisé que «nous avons déposé une demande à la direction de l’hydraulique d’Oran pour effectuer des travaux d’approfondissement des puits, mais la réponse a été négative, sans justification», sachant que son exploitation est un modèle dans la production de la clémentine où le rendement est de 250 quintaux à l’hectare de ce fruit très prisé par les marchands détaillants pour approvisionner le marché et répondre à une forte demande. M. Bekhedda, qui est le président de «l’Association de la clémentine de Misserghine», a fait savoir que «chaque arbre a besoin de 150 litres d’eau par jour, durant la période d’été, soit à partir du mois d’avril afin d’avoir un produit de grande qualité, sachant que ce fruit contient une quantité d’eau estimée à 60%». Pour sa part, le responsable du service de l’irrigation de la DSA a indiqué que «nous voulons seulement utiliser leurs eaux au profit des fellahs pour irriguer leurs superficies, proposant de leur vendre ces eaux, après l’installation de compteurs». Le même responsable a révélé qu’il «existe entre neuf et onze puits dans les différentes zones de la daïra de Boutlelis, comme Misserghine, Bredeah, Bouyacour, Boutelis qui restent inexploités». Le directeur local des ressources en eau a expliqué, pour sa part, que «ces puits sont des réserves pour garantir l’eau potable à la population en cas de panne», ajoutant que «l’exploitation de ces puits dans le secteur agricole sera étudiée avec la société de l’eau et de l’assainissement d’Oran (SEOR) pour lui proposer de définir un cahier des charges». Le secrétaire général de la chambre d’agriculture d’Oran, a quant à lui, lancé un appel aux responsables locaux et au niveau central pour prendre en considération le problème d’eau, sachant que ce problème est responsable de la réduction des superficies consacrées à la clémentine et les agrumes, en général, surtout si l’on veut développer cette filière.

Réhabiliter la clémentine, le grand défi…
Les services agricoles de la wilaya d’Oran œuvrent à concrétiser le projet d’extension des superficies consacrées à ce type de fruit hivernal, après l’enregistrement d’un recul dans ce domaine, durant les années précédentes, selon le chef du service d’organisation et de production et de soutien technique de la même instance. Cette opération a lieu avec l’aide de la chambre locale d’agriculture qui entend accompagner les agriculteurs et organiser des programmes de sensibilisation pour augmenter les superficies des agrumes, notamment les arbres de clémentine, a déclaré Benmoussa Djelloul. Durant la saison 2018-2019, la superficie consacrée à la clémentine a augmenté de 118 hectares, dont 94 ha produisant 13.030 quintaux, selon les statistiques de la Direction de l’agriculture. Pour la campagne 2019-2020, 153,23 hectares ont été consacrés aux agrumes, dont 100,33 ha à la production de la variété clémentine, avec une production, jusqu’à présent, de 3.872 quintaux, a-t-on précisé de même source. L’opération de récolte a été lancée, il y a deux semaines, et sera clôturée vers la fin décembre. La production attendue de clémentine atteindra, selon les prévisions, 22.840 quintaux. La superficie consacrée à ce fruit a été évaluée à environ 250 ha en 1999, puis a été réduite, en 2013, à 91 ha, et ce pour différentes raisons dont la salinité dans les zones connues pour ces variétés de fruits se trouvant à proximité de la zone humide de la grande «Sebkha» ainsi que la faiblesse de la pluviométrie, la vieillesse des arbres fruitiers et le manque d’eau, ont fait savoir les mêmes responsables.

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