Louisa Hanoune a critiqué l’une des résolutions de la 19e tripartite, tenue dimanche dernier, à savoir la révision du système de retraite proportionnelle. Elle considère la loi en vigueur d’un acquis considérable pour qu’elle soit remaniée. Aussi, l’avant-projet du Code de l’investissement, qui devra être débattu lundi prochain à l’APN, a été décrié par la cheftaine du PT.
S’exprimant sur les questions d’importance nationale lors d’une rencontre de l’instance du comité central de son parti, tenue hier à Zéralda, Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT a commenté la dernière décision du gouvernement portant sur le révision de l’ordonnance 97-13 du 31 mai 1997, régissant le départ à la retraite sans condition d’âge. En effet, le gouvernement s’attèle d’ores et déjà à la mise sur pied d’une commission qui va élaborer un avant-projet de loi où il sera question, en partie, de fixer l’âge de départ à la retraite à 60 ans. Les pouvoirs publics ont justifié cette révision par le souci «d’équité et de préservation» de la Caisse nationale des retraites (CNR). Quelques jours auparavant, le Premier ministre, Abdelamalek Sellal a appelé à la réhabilitation de la valeur du travail au sein de la société algérienne, arguant par ses propos, que la conjoncture économique prévalant à l’heure actuelle dans le pays ne peut être dépassée sans l’implication des citoyens, lesquels doivent selon lui retrousser les manches. Cela étant dit, après l’annonce des intentions du gouvernement concernant l’annulation de la retraite anticipée, des syndicats autonomes ont réagi en contestant la décision, avant que la question ne gagne le débat de la classe politique. Pour sa part, donc, Hanoune ne croit pas aux arguments mis en avant par le gouvernement pour justifier sa décision de modifier les textes inhérents au régime de retraite. Pour elle, la loi du travail «est un acquis» pour les employés et l’alibi avancé par le gouvernement, faisant croire à l’impératif de préserver la Caisse nationale des retraites «est infondé», a dénoncé la patronne du PT. Tout en mettant en garde les autorités contre toute montée contestataire que pourrait susciter une telle décision par les citoyens, notamment la classe ouvrière, la conférencière a fait le parallèle avec le mouvement de grève qui a ébranlé la France, au lendemain de l’annonce faite par le gouvernement de ce pays sur son projet de réforme du droit du travail. Chiffres à l’appui, Hanoune a rappelé qu’il n’y a aucune raison qui puisse justifier la préservation de la santé financière de la CNR, comme l’attestent les statistiques officielles en matière de départs à la retraite et du taux de pénétration au marché de l’emploi. Elle a fait savoir qu’à l’heure actuelle, le rapport montre que chaque départ à la retraite supplante 2 à 3 employés, alors qu’il y’a quelques années auparavant il était de 8 à 9 employés pour un retraité. «Et pourtant la CNR était en bonne aisance financière», a-t-elle rappelé comme pour battre en brèche l’argumentaire de Sellal. Par contre, pour pallier au déficit de la trésorerie, Hanoune a recommandé à l’Exécutif national de revenir sur ses intentions de vouloir supprimer un million d’emplois dans le secteur de la Fonction publique. Au lieu donc d’obliger les travailleurs à attendre l’âge de 60 ans pour mettre fin à leur carrière, la responsable politique trotskiste a suggéré d’encourager les départs en quelque sorte et de les suppléer en conséquence par le moyen de recrutement. Ceci, d’autant plus que le chômage est galopant et que le marché de l’emploi exprime un besoin important, a-t-elle expliqué. D’autre part, le recul sur le droit à la retraite anticipée ou proportionnelle «compromet davantage les horizons en termes de la création de l’emploi», a ajouté la responsable du Parti des travailleurs. À ce titre, Hanoune n’a pas manqué de critiquer tout aussi la politique de l’emploi du gouvernement, qu’elle compare au serpent qui mord sa queue. Par ailleurs, la première responsable du parti, a décrié encore une fois le nouveau Code de l’investissement prôné par le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb.
Farid Guellil