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NIGER : Le front contre l’intervention militaire gagne du terrain

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Le plan en vue d’une possible intervention militaire au Niger mis au point par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) suscite de nombreuses oppositions, y compris au Nigéria où le sénat a repoussé une proposition visant à déployer des troupes dans ce pays. Des capitales occidentales- Berlin, Rome, Washington- estiment qu’il est important de privilégier la voie politique et diplomatique au Niger. Le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a été très clair dans ses propos : « L’Europe est impliquée dans de nombreux fronts militaires, dont le premier est l’Ukraine, et elle ne peut pas ouvrir une autre confrontation en Afrique », a-t-il affirmé dans une interview au journal « La Stampa », cité par le site russe Russia Today, On sait que le président Abdelmadjid Tebboune a souligné que « les menaces d’intervention militaire au Niger sont une menace directe pour l’Algérie, et nous la rejetons totalement et catégoriquement ». Le Mali et le Burkina Faso ont confirmé que toute ingérence au Niger équivaudrait à leur déclarer la guerre , et il a été annoncé qu’une délégation conjointe des deux pays se rendrait au Niger, en signe de solidarité avec lui. « Nous avons réitéré la décision des Présidents [Assimi] Goïta et [Ibrahim]Traoré de participer pleinement aux opérations de légitime défense aux côtés des forces de défense et de sécurité nigériennes », a déclaré, cité par Sputnik, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre malien de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, qui a conduit le 7 août une délégation du Mali au Niger, à la sortie d’audience avec les autorités nigériennes. La même source indique que le colonel Maïga a également précisé que « toute intervention militaire contre la souveraineté d’un pays sans le consentement de ses autorités » ne représentait « autre chose qu’une agression ». « Une chose est sûre, les Présidents Goïta et Traoré ont dit non, non et non. Nous n’accepterons pas une intervention militaire au Niger », a indiqué le colonel Maïga. Mais, la véritable riposte aux troupes d’invasion viendrait de la population nigérienne qui appuie majoritairement les nouvelles autorités du Niger.
Un sondage éclair réalisé par la société Premise Data pour The Economist et effectué majoritairement dans la capitale nigérienne indique que 78% des habitants soutiennent le pouvoir des militaires et devraient rester au pouvoir « pour une période prolongée » ou « jusqu’à la tenue de nouvelles élections ». C’est d’ailleurs ainsi que le conseil militaire du Niger a expliqué pourquoi il a refusé, hier, mardi, de recevoir la délégation de la CEDEAO. « Le contexte actuel de colère et de ressentiment de la population suite aux sanctions imposées par (la CEDEAO) ne permet pas à ladite délégation d’être reçue dans un environnement calme et sûr », indique le message du ministère nigérien des Affaires étrangères adressé à la représentation de la CEDEAO à Niamey et rapporté par le site russe d’information Sputnik.
Des médias français, citant des responsables nigérians, ont fait savoir que le même jour, mardi, les chefs d’état-major de la CEDEAO ont convenu de mobiliser une force de 25 000 militaires pour une éventuelle intervention au Niger. Les médias mainstream français qui « travaillent » sur l’option militaire, voire l’encouragent, conformément à ce qu’ils perçoivent comme étant la position du pouvoir français, attendent du Nigéria qu’il fournisse la moitié des troupes, constituées avec le Bénin, le Sénégal et la Côte d’Ivoire,  pour envahir le Niger. La CEDEAO a prévu de se réunir jeudi à Abuja (Nigéria) au sujet du Niger. Par ailleurs, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a commenté la visite de la sous-secrétaire d’État américaine, Victoria Nuland, à Niamey.
Selon la diplomatie russe, citée par Sputnik Afrique, Washington tente de mener au Niger la même politique qu’en Ukraine, avec le coup d’État de 2014, mais sans succès. Le site russe rappelle que si Victoria Nuland aspirait à rencontrer Mohamed Bazoum à Niamey, elle n’a réussi à communiquer avec lui que par téléphone. Elle n’a pas non plus été autorisée à rencontrer le président Abdourahmane Tiani. La responsable américaine a toutefois eu une réunion avec le chef d’état-major Moussa Salaou Barmou, ainsi qu’avec trois de ses plus proches collaborateurs.
M’hamed Rebah

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