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Népal : dans les zones dévastées, les survivants se sentent abandonnés

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Des rescapés du séisme au Népal venant des zones les plus dévastées racontaient vendredi s’être sentis livrés à leur propre sort après avoir perdu leurs proches et leurs biens dans la tragédie qui a fait plus de 6.200 morts. Si le sauvetage de deux survivants a redonné un peu de baume au coeur aux équipes d’aide à Katmandou, la Croix-Rouge a prévenu que les districts les plus touchés près de l’épicentre avaient connu «une dévastation presque totale». Six jours après le séisme de magnitude 7,8, le bilan s’est alourdi à 6.204 morts au Népal, plus de cent personnes ayant été tuées par ailleurs en Inde et en Chine. Mais l’on constate chaque jour davantage l’ampleur des destructions, les sauveteurs peinant à atteindre les zones montagneuses les plus touchées, certaines se trouvant à cinq jours de marche. La région de Sindhupalchowk, au nord-est de Katmandou, a été particulièrement touchée et le désespoir y était grand.

Effondrement de l’hôpital
«L’une de nos équipes qui est revenue de Chautara dans le district de Sindupalchowk (région montagneuse au nord-est de Katmandou) a indiqué que 90% des habitations y avaient été détruites», a expliqué Jagan Chapagain, responsable de la division Asie-Pacifique de la Fédération internationale de Croix-Rouge (Fiscr). «Pratiquement toutes les maisons de mon village ont été détruites et 20 personnes tuées. Nous avons perdu notre bétail», a expliqué Kumar Ghorasainee, au milieu des ruines de son village de Melamchi. Ce professeur d’anglais de 33 ans a expliqué que l’école avait été détruite et que les enfants n’avaient nulle part où aller. «L’hôpital s’est effondré et des gens creusent à mains nues dans les décombres dans l’espoir de trouver des membres encore vivants de leurs familles», a-t-il expliqué. Des journalistes de l’AFP ont rapporté qu’une autre partie de ce district avait également été très détruite. «Personne n’est venu nous aider – les voitures et camions d’aide se contentent de passer, comment allons-nous faire?», s’interroge-t-il. Dans Melamchi, restaurants et commerces sont fermés et les rues désertes. Dans les hameaux de cultivateurs de riz à proximité, toutes les maisons ont été très endommagées et ne sont plus habitables, les habitants dormant sous des tentes de fortune.

«Personne ne s’arrête»
Si les coordinateurs de l’aide à Katmandou ont indiqué que les opérations dans les zones rurales s’intensifiaient, les habitants de Melamchi n’avaient encore rien reçu. «Nous voyons les hélicoptères, les avions mais personne ne s’arrête», dit Shalik Ram Ghorasainee qui raconte avoir entendu parler de l’arrivée d’équipes d’aide étrangères dans le pays. «On parle d’aide étrangère et on l’espère. Mais dans les faits personne n’est venu ici, nous sommes complètement inconnus», ajoute ce fermier de 23 ans. Ghorasainee raconte qu’une équipe japonaise traversant le village a vu un homme s’effondrer au bord de la route. Ils se sont arrêtés pour lui donner deux antalgiques avant de poursuivre leur route. Plus de 20 pays ont envoyé des équipes aider les secours népalais. Des équipes française, israélienne et norvégienne ont pris part jeudi soir au sauvetage d’une femme dans les ruines de Katmandou, près du lieu où un adolescent avait été sauvé plus tôt après avoir été quatre jours coincé dans les décombres. Les secours ont passé dix heures à retirer Krishna Devi Khadka des décombres, un sauvetage célébré par des cris de joie. «On a entendu un simple souffle qui nous a indiqué qu’il y avait sûrement quelqu’un dessous. Elle va bien et je pense qu’elle va s’en sortir sans problème», a déclaré à l’AFP un secouriste français, Thierry Velu. De son côté, Pemba Tamang, 15 ans, a raconté à l’AFP avoir survécu en buvant du beurre clarifié («ghee») et n’est sorti de son piège qu’avec quelques coupures et contusions. Ailleurs, la situation est sombre, comme dans le district très touché de Gorkha où la population est terrifiée par les répliques qui continuent d’être ressenties.

«La terre continue de trembler»
«Le sol continue de trembler un peu chaque jour. On ne sait pas si l’on va rester vivant ou mourir», a dit Gopal Gurung à un journaliste de l’AFP dans le village de Laprak, au moment où un hélicoptère de l’armée indienne venait livrer des denrées. «Nous ne sommes pas protégés, il pleut sans arrêt, on ne sait pas ce qui va se passer. Les gens sont effrayés», dit-il dans un anglais approximatif. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a demandé d’urgence huit millions de dollars pour aider les agriculteurs et éviter une crise de l’approvisionnement alimentaire, la plantation du riz devant commencer fin mai. «Le moment est critique pour aider les agriculteurs à semer à temps afin de récolter du riz et retrouver leur autosuffisance cette année», selon Somsak Pipoppinyo, représentant de la FAO au Népal.

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