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Musique : Lemmy Kilmister, une vie à tombeau ouvert

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Légende du rock’n roll, le chanteur et bassiste se confiait, dans Paris Match, sur la mort, le terrorisme et lançait, bravache : «Je ferai de mon mieux pour continuer, quitte à me produire sur scène sur une chaise roulante».
Le 9 décembre, il était encore sur scène à Hambourg en Allemagne. Lemmy Kilmister, bassiste et chanteur de Motörhead, est décédé d’un cancer à l’âge de 70 ans, a annoncé le groupe sur sa page Facebook. Véritable légende du rock’n roll, il n’a appris sa maladie que le 26 décembre. Le groupe avait prévu une longue tournée européenne jusqu’au 23 février. Foudroyé par un cancer, Lemmy ne verra jamais le bout de la tournée, lui qui n’avait jamais vraiment quitté la scène depuis 50 ans et ses débuts dans les Rockin’ Vickers, un groupe bien sage ou regard de ce qui allait suivre dans la carrière de cet Anglais, né en 1945 à Stoke-on-Trent.
Roadie de Jimi Hendrix -«c’était quelqu’un de très impressionnant… mais il est mort», nous confiait-il en juillet dernier- puis musicien dans le groupe psychédélique Sam Gopal, il a rejoint en 1972 le groupe de «space rock» Hawkwind, qui allait avoir une influence capitale pour nombre de formations rock ultérieures. Pourtant, lorsque Paris Match lui parlait de ce projet, Lemmy Kilmister balayait la question : «Personne ne s’en souvient… ou vous devez être aussi vieux que moi!» Le temps de trois albums studio, dont le mythique «Doremi Fasol Latido», Lemmy développe son style à la quatre-corde. Puis en 1975, il s’en va former Motörhead après avoir été chassé de Hawkwind à l’issue d’une arrestation pour possession de drogues.
Avec un son saturé et des riffs ultrarapides, Motörhead débarque en même temps que la tornade punk. Le groupe influencera autant les rebelles du hardcore que les métalleux, qui émergent alors que Motörhead connaît ses plus grands succès, notamment avec «Ace of Spades», son titre phare.
Tout autant que ses riffs mythiques de Motörhead, c’est bien la personnalité de Lemmy qui a fait la légende du groupe. Réputé pour sa consommation d’alcool et de stupéfiants, le bassiste avait au fil des années forgé une voix éraillée reconnaissable entre mille.
Le musicien prenait ce statut culte avec un certain détachement. «Je pense que ça n’a strictement aucune importance, ça ne compte pas. Les teenagers qui vont à nos concerts ont beau aimer ces morceaux, ils finiront par se retrouver incorporés dans l’armée…», lâchait-il l’été dernier.
Sur scène, Motörhead se targuait d’être le groupe le plus bruyant du monde. Un titre toujours plus difficile à défendre face aux groupes de metal plus jeunes et plus techniques avec lesquels le groupe partageait la scène. En concert, il arrivait que la précision du son ne soit pas la première préoccupation et l’on a pu parfois voir Motörhead sans vraiment reconnaître les morceaux joués. Mais Lemmy est toujours monté sur scène avec sa fidèle Rickenbacker en mains et il a assuré le show jusqu’au bout. Il jurait même, en juillet dernier, qu’il jouerait «aussi longtemps que mes jambes me porteront, mais elles ne fonctionnent plus très bien». «Je ferai de mon mieux pour continuer, quitte à me produire sur scène sur une putain de chaise roulante», promettait-il.
Lemmy Kilmister, vénéré par les fans de rock et de metal, refusait de se camper en vieux sage. «Je n’ai de toute façon jamais fait semblant d’être intelligent, je n’ai jamais essayé de faire mon malin, j’ai juste joué ma musique qui parle pour elle-même, le rock’n’roll. Il n’a jamais été question que de ça», assurait-il. Il ajoutait : «Je ne crois en rien, en aucun Dieu. Je verrais bien quand je serai mort.»
En 1984, dans «Killed by Death», il chantait : «The only time I’m gonna be easy’s when I’m killed by death», «Je ne me tiendrais pas tranquille avant d’être tué par la mort.» Le clip, où l’on voit Lemmy défoncer le salon d’un couple bourgeois au guidon d’une moto avant d’emporter leur fille, est aussi un formidable résumé de sa vision du monde.
Le vieux rockeur posait un regard désabusé sur l’actualité.
Passionné par la Seconde Guerre mondiale, il était aussi fataliste face au terrorisme. «Quand on est prêt à se battre pour un Dieu, alors on est prêt à tout, donc, au bout du compte, on est baisés», nous avait-il dit. Après l’attaque contre le Bataclan lors du concert d’Eagles of Death Metal, le concert de Motörhead prévu au Zénith deux jours plus tard avait été annulé.
à une télévision allemande, Lemmy avait ensuite expliqué que le groupe aurait joué si les autorités ne l’en avaient empêché. «Ces gens sont débiles, ce sont des connards», disait-il à propos des terroristes. «S’ils vous empêchent de jouer, ils gagnent.
Qu’ils aillent se faire foutre!»
Jusqu’au bout, le bassiste aura refusé de penser au lendemain, continuant à vivre en inlassable ouvrier du rock’n roll alimentant la machine Motörhead, qui avait sorti cette année son 22ème album en 40 ans de carrière, «Bad Magic». En juillet, Lemmy nous avait déjà confié son mot de la fin : «J’espère qu’à ma mort, on dira de moi que j’étais un honnête homme, c’est tout».

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