C haque mot qui disparait du lexique quotidien nous appauvrit un peu plus, tant sur le plan social, économique que de la connaissance humaine. Les mots en cours dans les années 1920-30 et 40 et qui sont éteints aujourd’hui, ont été des mots porteurs de détails, de spiritualité, d’amour et de rêveries. Le lexique quotidien des Algériens tourne autour de 300 à 500 mots, et c’est un déficit d’autant plus grave qu’il a des conséquences insoupçonnées sur le plan économique aussi. La richesse du vocabulaire reflète immanquablement une richesse intérieure, spirituelle et morale, mentale et philosophique, intellectuelle et psychologique. Le langage et l’individu sont intimement liés: la faillite de l’un induit celle de l’autre.
L’appauvrissement du vocabulaire usuel renseigne sur la pauvreté sociale, économique, spirituelle, intellectuelle, cognitive, éducative et civilisationnelle de la nation.
Chaque mot qui meurt c’est un peu l’arc-en-ciel qui s’appauvrit d’une couleur. Nous vivons, c’est vrai, une époque sans couleur, sans saveur. Le règne du nombre et la logique du nombre et le règne du troupeau ont fait des ravages et provoqué des dégâts irréversibles sur l’espèce humaine.
I. M. Amine