Accueil ACTUALITÉ MESURES D’APAISEMENT : La volonté politique à l’épreuve de la réalité

MESURES D’APAISEMENT : La volonté politique à l’épreuve de la réalité

0

L’arrivée d’Abdelmadji Tebboune au pouvoir, notamment après son offre de dialogue en direction du mouvement populaire, a suscité de l’espoir au sein de la population, qui aspire à ce que les revendications du Hirak soient prises en charge par celui qui qualifie justement son avènement (Hirak) d’une bénédiction pour le pays. La majorité des partis politiques et autres personnalités nationales, respectées et écoutées ont conditionné ou du moins formulé la nécessité de satisfaire certains préalables devant assainir le terrain en vue d’une éventuelle tractation entre le mouvement et le pouvoir à même d’en finir avec la crise multiforme que vit le pays. La libération des détenus d’opinion et politiques, garantir la liberté d’expression et de manifestations constituent entre autres les principales revendications allant dans le sens de l’apaisement condition sine qua non pour l’amorce d’un quelconque dialogue entre les deux parties en « conflits ».
Le mouvement populaire, de son côté, a émis les mêmes préalables avant de parler dialogue, estimant qu’il est insensé d’aller au dialogue alors que les militants du mouvement croupissent toujours en prison pour des accusations qui tiennent pas la route même juridiquement. Et contre toute attente, le chef de l’État a décidé d’élargir plus de soixante-dix (70) détenus en quelques jours seulement, dont la figure emblématique du mouvement, le Moudjahid Lakhdar Bouragaâ, et parfois sans que leurs avocats ne soient avisés au préalable. Là aussi il faut rappeler que la majorité de ces détenus ont été libérés après avoir purgé leurs peines, donc nullement redevables ni auprès du président Tebboune ni auprès de la Justice. Il faut préciser aussi par souci de la neutralité, que le pouvoir a également élargi certains d’entre eux en réduisant les peines prononcées contre eux et retrouvent ainsi leur liberté. La vague des libérations « surprises » décidée par le pouvoir a été saluée par de nombreux acteurs de la scène politique, et autres personnalités nationales, qui voient en cette démarche un prélude au règlement de la crise en ouvrant la voie à un probable dialogue, que au fond personne ne rejette, mais cherche juste à surveiller ses arrières à travers un terrain propice au dialogue ou les protagonistes se traitent d’égal à égal. Mais parallèlement et curieusement, on assiste à une recrudescence de la campagne d’arrestation contre les manifestants qui sortent toujours pour réclamer un changement radical en rupture avec les anciennes pratiques. Certes toutes ces nouvelles arrestations sont en général suivies de libération quelques heures plus tard. Mais pour ceux qui sont déjà en prison, les demandes de liberté provisoire sont toujours refusées, et les détentions provisoires renouvelées. C’est le cas pour Nour El-Houda Oggadi, figure féminine du Hirak emprisonnée à Tlemcen depuis décembre dernier, qui après l’avoir écoutée sur le fond du dossier, le magistrat a décidé du maintien en détention de cette étudiante, poursuivie pour « atteinte à l’unité nationale, atteinte à corps constitués et au moral des troupes en raison de ses publications sur les réseaux sociaux.» L’homme politique Karim Tabbou s’est vu lui aussi infligé une prolongation de quatre mois de sa détention préventive, alors que ses « frères » de lutte Fodil Boumala et Samir Belarbi sont toujours en prison en plus de la condamnation à six (6) mois de prison ferme, prononcée contre Abdelkrim Zeghilèche de Constantine pour ne citer que ceux-là. Y a-t-il des forces occultes qui tentent de saper les efforts du chef de l’État pour une sortie de crise? Si c’est le cas le président de la République doit agir et frapper avec une main de fer contre ces instigateurs, qui agissent en croisade avec les instructions du chef de l’État. Sauf s’ils agissent sous ses injonctions pour des raisons que même la raison n’arrive pas à comprendre.
B. O.

Article précédentIntérêts liés au retour d’Alger sur la scène internationale
Article suivantLE CS DE L’ONU AUX PARTIES LIBYENNES : Appel pour finaliser «dès que possible » le cessez-le-feu