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Meriem Chorfi, déléguée nationale à l’organe de la protection et de la promotion de l’enfance (ONPPE), au « Courrier d’Algérie » : «Le premier rapport national sur le dossier sera remis prochainement au chef de l’État»

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L’Algérie a fait d’énormes pas en matière de protection et de promotion des droits de l’enfance au sein de la société. Au sein du gouvernement, le dossier jouit d’une importance capitale tant la violence faite aux enfants y va crescendo.

Étant une personne sensible de la société, l’enfant subit toutes formes d’agression, dont la plus édifiante se voit dans les actes d’enlèvement enregistrés dans plusieurs régions du pays au cours de ces dernières années. Un phénomène qui contraint les autorités à repenser la stratégie de lutte contre les actes de violences à l’égard de cette frange sociale. Fraichement institué, l’Organe national de la protection et de la promotion de l’enfance est chargé justement de prévenir, en amont, les violences faites aux enfants, ainsi que d’agir en conséquence, par la mise en place d’une feuille de route permettant à l’enfant de s’accomplir dans la société. Dans cet entretien, Meriem Chorfi, déléguée nationale à l’ONPPE, revient dans le détail sur la situation de l’enfance, ainsi que les actions entreprises par cet Organe sur le terrain.

-Le Courrier d’Algérie: De prime abord, pouvez-vous éclairer nos lecteurs sur votre mission en tant que juge des mineurs ?
-Meriem Chorfi : La mission d’un juge des mineurs consiste à trouver, à chaque cas, une réponse ajustée pour ne pas compromettre – autant que possible – l’avenir des enfants. En ce sens, l’Algérie a renforcé l’arsenal juridique concernant le dossier des affaires liées à l’enfance, notamment la consolidation des lois portant sur la promotion de la protection sociale de l’enfance avant le recours aux services judiciaires. En plus de l’amendement, en 2014, du code pénal, qui a durci les peines appliquées aux auteurs de violences faites aux enfants. Le plus important dans mon poste étant de veiller sur le bonheur et le bien-être des enfants.
C’est en fait ce qui m’a poussée à poursuivre mes efforts avant d’occuper le poste de directrice régionale au sein du ministère de la Justice, où j’étais chargée de suivre les dossiers liés à l’enfance et des personnes vulnérables, ainsi que la gestion de la direction des conditions de la mise en détention depuis 2013. J’étais aussi membre d’une commission interministérielle chargée de la rédaction de la loi sur la protection de l’enfance et membre du comité interministériel chargé de la création du budget du fonds des pensions alimentaires dans le pays. Il est aussi évident de noter que la lutte contre les violences faites à l’égard de l’enfance est une mission des plus nobles, au regard de nos traditions, notre culture, et notre religion. À cela s’ajoute la réelle ambition des pouvoirs publics. Car, depuis le 09/06/2016, la date où le chef de l’État m’a honorée, en m’installant par décret présidentiel à la tête de L’ONPPE, fraichement crée.

-Quel rôle justement pour l’organe que vous dirigez?
-L’ONPPE a pour mission de veiller à la protection et la promotion des droits de l’enfant en matière sociale et judiciaire. Il est chargé de suivre la situation de l’enfant, l’accompagner au niveau local, collecter et évaluer les informations recueillies, outre la prise de mesures urgentes pour la prise en charge sociale de l’enfant. Une mission qui passe avant tout recours à la justice à travers la mobilisation de tous les acteurs de la société et des actions pérennes en sa faveur. Les compétences du délégué sont définies par la loi 15-12, qui fixe la mission de l’ONPPE. La dite loi arrête également un ensemble de prérogatives pour faciliter la mission de l’ONPPE, pour lui permettre de travailler en étroite collaboration avec tous les départements ministériels, qui sont en relations avec l’enfance dans le pays. À titre d’exemple, lui faciliter la collecte des informations nécessaires auprès de tous les intervenants dans le dossier lié à l’enfance.

– Une fois les données collectées auprès de ces services, quelle sera la prochaine étape dans la mission de l’ONPPE ?
-La création d’une base de données sur les enfants vulnérables est un des projets qui nous tient particulièrement à cœur. Un projet national qui est en cours d’élaboration. Une partie de l’action qui suit est déjà réalisée grâce à la ligne verte gratuite «Allo 1111 », récemment lancé. C’est une ligne gratuite qui passe par le téléphone fixe. Mieux, et aussi, il est désormais possible d’appeler depuis une ligne de l’opérateur de téléphonie mobile, Oooredoo, dès aujourd’hui (jeudi, ndlr)

– Comment vous est venue l’idée de lancer un numéro vert ?
-Vous savez, lorsqu’un drame survient ou quand il s’agit d’un cas d’enlèvement d’un enfant par exemple, nous avons un peuple magnifique. Ce sont les voisins et proches de la victime qui sont les premiers à venir exprimer leur solidarité et à agir. Nous avons pas mal d’exemples, où les voisins déclenchent les recherches, s’organisent instantanément. Le tout par leurs moyens propres. Beaucoup de gens l’ignorent, mais sachez que dénoncer c’est aussi participer à sauver une vie. En effet, quand on les interroge sur les circonstances des faits, ils sont nombreux à dire qu’ils avaient remarqué quelques signaux. Cependant, ils jugeaient leur acte d’illégal pour intervenir. Donc, c’est à partir de ce constat que nous avons décidé de mettre en place un dispositif pour plus d’efficacité.
Je saisis l’occasion pour rappeler à tous les citoyens la dangérosité du phénomène de violence faite aux enfants. En conséquence, je les invite à témoigner en cas de suspicion d’un acte ou d’inquiétude sur le comportement d’adultes à l’égard des enfants, et à signaler toute situation de la sorte au numéro vert, le 1111. Pour le gouvernement, le premier objectif de ce plan étant donc de sortir du déni, et de faire prendre conscience aux citoyens qu’en cas de doute, de brutalité ou de violence, il faut procéder au signalement pour éviter les drames et sortir ainsi la victime de son enfer quotidien. Outre cela, je voudrais souligner que le plan de lutte contre les violences faites aux enfants met l’accent sur le recensement. Car, pour avancer, il est essentiel de se doter de données statistiques claires. à l’école par exemple, il est indispensable de former tous les professionnels en contact avec les enfants (personnels de crèches, assistantes maternelles, enseignants, infirmières scolaires…). Des intervenants susceptibles de repérer et de signaler, en cas de doute, un enfant victime de maltraitance physique, sexuelle ou psychologique.

– Vous avez parlé de collecte d’informations et du numéro vert. Y a-t-il d’autres instruments en votre possession pour lutter contre la violence faite aux enfants ?
– En plus du numéro vert, il est possible de signaler les cas des enfants en danger, à travers notre site web: www.onppe.dz. Une fois reçus, les signalements sont directement traités avant de prendre les mesures nécessaires et de déclencher le plan d’alerte en saisissant les intervenants compétents, dont les départements ministériels s’il en faut. Aussi, les victimes, membres de leurs familles ou proches, ou tout autre citoyen, peuvent se rendre au siège de l’Organe, sis à Dely Brahim (Alger). Dans ce contexte, je voudrais vous mettre au courant que nous travaillons d’arrache-pied, et en collaboration avec tous les intervenants qui sont en relation directe avec l’enfance, afin d’établir le tout premier rapport annuel détaillé du dossier de l’enfance, qui sera prochainement remis au président de la République.

– Elle consiste en quoi la quintessence du rapport ?
– Ce rapport écrit comprend en premier lieu le niveau d’application des lois et de la convention internationale des droits de l’enfance à travers tout le territoire national. Autrement, un état des lieux sur le dossier. Sur un autre volet, il sera inclus dans ce rapport des propositions qui entendent améliorer et renforcer la prise en charge de l’enfance dans le pays. En ce sens, je voudrais profiter de cette tribune pour saluer les efforts du Comité permanent de coordination auprès de l’ONPPE, qui regroupe des représentants de 14 départements ministériels, de la DGSN ainsi que de la société civile. En particulier, je voudrais saluer les énormes efforts consentis sur le terrain, notamment par les services en milieux ouverts (SMO), les directions de wilayas de l’action sociale relevant du secteur de la Solidarité nationale. Ces services sont composés de sociologues, psychologues et juristes dont l’implication est à même de permettre une intervention rapide afin d’assister les enfants en danger et œuvrer à leur insertion dans la société, à travers la sensibilisation de leurs familles à la nécessité de leur procurer l’attention nécessaire. Il est très important de souligner leur mission. Car, c’est sur la base des renseignements fournis par les SMO, que le juge des mineurs statue sur le sort de l’enfant. C’est-à-dire, son placement dans un foyer d’accueil, un service d’assistance à l’enfance ou des établissements d’éducation.

– Qu’en est-il de l’efficacité des missions de l’ONPPE, et puis de la coordination de ses efforts sur le terrain ?
– Le gouvernement nous a accordé une mission, celle de former tous les acteurs intervenant dans le dossier. à cet effet, nous nous sommes penchés particulièrement sur l’investissement dans le facteur humain. Justement, pour plus d’efficacité, nous tenons à renforcer les capacités de l’ensemble des principaux acteurs, notamment adouber les connaissances des journalistes dans ce domaine. C’est dans ce cadre justement que nous avons organisé des scessions de formation au profit des membres de la corporation de la presse. Car, l’information est un moyen très important aussi bien pour la sensibilisation dans la protection des enfants et la promotion de leurs droits.
Entretien réalisé par Mohamed Amrouni

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