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Littérature : Mohamed Sari remonte dans «Pluies d’or» aux origines de la violence dans la société

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Balayant plus de cinquante ans du vécu algérien, « Pluies d’or », dernier roman de l’écrivain Mohamed Sari, explore les causes de la violence dans la société actuelle, à travers plusieurs histoires et à différentes époques ayant balisé les grands bouleversements sociétaux.

Dans cette œuvre écrite en langue française, parue chez « Chihab », l’écrivain met en scène, en 290 pages, plusieurs personnages clés en confrontant les fléaux sociaux sur plus de cinquante ans de misère sociale, de croyances, de mensonges ou encore d’extrémisme religieux et qui ont façonné la société violente d’aujourd’hui, selon l’auteur. À travers « El Mahdi », principal personnage du roman, l’auteur se lance dans la recherche des sources de la violence chez ce jeune imam autoproclamé, semant à la fin des années 1980 la terreur extrémiste dans son village aidés de ses adeptes, « Les compagnons de la chamelle », pour asseoir son « autorité » au moyen d’une purge religieuse.
Enfant battu, rejeté par son père -également très violent avec son épouse- El Mahdi a vécu dans les rues et mausolées du village, rongé par le doute sur l’identité de son père biologique. El Mahdi ira jusqu’à défier les sages et l’imam du village en occupant par la force le minbar de la mosquée, dans une tentative de faire régner la « loi islamique » selon sa propre interprétation de la religion. Assurés de l’impunité, « les compagnons de la chamelle » se mettront ainsi à brûler postes de télévision et de radio, instruments de musique, et arracher les antennes « paradiaboliques », semant la terreur et le doute parmi les villageois, malgré la réaction musclée d’anciens combattants de la guerre de libération poussés à bout par ces « redresseurs de torts ». Autour du destin d’El Mahdi, se greffent d’autres récits comme celui de son père, Cheikh M’barek, un charlatan « fécondateur de femmes stériles », croyant dans son délire détenir le pouvoir de ressusciter les morts, du moudjahid Amar Kerrouche -« signant des attestations d’ancien combattant à qui flatte son ego »- ou encore l’histoire du commerçant Djilali Boulahbal « descendu en ville prendre sa part du butin » après l’indépendance. L’auteur fera croiser ces destins une génération plus tard pour dépeindre une époque où les jeunes deviennent extrémistes, victimes de l’extrémisme ou plus simplement candidats à l’exil, en quête d’une vie meilleure ailleurs. Entre fiction et réalité, Mohamed Sari restitue une atmosphère empreinte d’une violence extrême, faite de « descentes » opérées par « Les compagnons de la chamelle » dans les maisons closes et les cités universitaires, et l’ignorance de ces derniers dans leur quête de miracle et d’un « tunnel magique menant à la Mecque ». Si l’auteur peine à planter le décor et asseoir ses personnages dans la première moitié du roman, il s’éloigne de la « littérature d’urgence » cependant pour tomber dans une énumération de « faits d’armes » qui, si elle nourrit l’aspect dramatique, ne sert pas pour autant le récit. Dans ce récit à tiroirs, l’auteur revient sur une réalité où le drame le dispute à la caricature, en évoquant « l’ignorance des masses devant des miracles bricolés », « le refus de tout débat sur les questions religieuses » ou encore « l’acharnement des extrémistes sur une prostituée qu’ils avaient tous convoitée ». Né en 1958 à Cherchell, Mohamed Sari est professeur d’université et traducteur de grands écrivains algériens à l’instar de Assia Djebbar, Yasmina Khadra Mohamed Dib, Anouar Benmalek Malika Mokaddem. Il est l’auteur de romans en Arabe et en Français, notamment « La tumeur », « La carte magique » ou encore « La pluie », et d’essais sur la critique littéraire.

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