Accueil ACTUALITÉ L’IMPÉRATIF PASSAGE À L’OBLIGATION DE CONFINEMENT : Ce qu’en pensent L. Merabet,...

L’IMPÉRATIF PASSAGE À L’OBLIGATION DE CONFINEMENT : Ce qu’en pensent L. Merabet, S. Lalmas et H. Menouar

0

Pas plus d’un jour après que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ait pris des mesures pour stopper la propagation du coronavirus, en adoptant des restrictions sur la circulation en gelant tous transports collectifs entre autres, et le renvoi de la moitié des fonctionnaires publics, l’Algérie est passée à la phase trois de la pandémie du coronavirus. Une situation d’extrême urgence qui signifie l’étape de diffusion massive du virus et qui va inévitablement vers un confinement total pour éviter la propagation du virus à d’autres régions épargnées jusque là. Nous avons là quelques orientations sur la façon dont elle doit être gérée la nouvelle situation.

Smaïl Lalmas (Économiste et activiste politique)
Pour sa part, M Smaïl Lalmas, a jugé que le pays a été pris de vitesse par la pandémie du coronavirus en raison de l’absence de mesures prises en amont lorsque le virus commence à s’ installer en Europe qui était alors devenu le nouveau foyer, mais malheureusement, a-t-il encore dit, personne n’a bougé le petit doigt et aujourd’hui on paie les frais de nos hésitations.
Le spécialiste en économie a surtout plaidé pour l’installation d’une vraie cellule de communication qui, jusque-là, faisait défaut. « La phase trois nécessite des mesures qui vont avec (eau, stratégie, internet, lutte contre la pénurie en denrée alimentaire suffisante). Mais chez nous il ne s’agit que d’un mot importé et creux vidé de toute sa substance, dépourvue de tout plan d’action, qui fait que la population ne comprend ni de quoi il s’agit ni de comment procéder », a ajouté M.Lalmas. Et de poursuivre : « Cette phase doit être expliquée de manière claire et concise car elle signifie beaucoup de choses entre paramètres, mesures, politique et autres dispositions pour mieux s’adapter à la situation », a-t-il encore expliqué, mais, ajoute-t-il avec regret, en l’absence d’une politique de communication fiable, la population est livrée à elle-même pour se rabattre sur les réseaux sociaux pour s’alimenter en information et c’est d’ailleurs à partir de ces médias qu’on avait alors découvert la gravité de la situation notamment dans les hôpitaux où le personnel médical manquait de moyens les plus élémentaires alors qu’il faisait face à un virus mortel. « Donc il faut une cellule de communication, digne de ce nom, pour informer sur la situation et surtout en avançant les vrais chiffres ; car ça va du sort de tout un peuple », a suggéré M. Lalmas.

Lyes Merabet (SNPSP)
Le président du Syndicat national des Praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, joint par nos soins, a assuré que le confinement a ses propres règles de fonctionnement qui nécessitent une coordination entre les services concernés et les différents partenaires, dont les syndicats du secteur, pour prendre des mesures qui s’imposent et qui doivent être accompagnées de mesures concrètes et d’un planning pour gérer de manière efficace le personnel maintenu en place dans différents secteur ; (Sonelgaz, post-télécommunication…. ). Mais malheureusement, les retombées des décisions prises sans qu’elles soient accompagnées de mode opératoires commencent déjà à se faire sentir au premier jour, en citant notamment la suspension du transport et ses conséquences sur le personnel médical qui n’est pas pris en charge par d’autres moyens de compensations (réquisition du transport pour les professionnels de la santé). « Rien qu’à l’hôpital où j’exerce, on a enregistré ce matin entre 20 à 25% du taux d’absence, entre médecins, infirmiers, agents et autres en raison de la suspension des réseaux du transport ; conséquence directe, des mesures prises sans qu’elles ne soient accompagnées de moyens pour le personnel encore maintenu dans leurs postes », s’est indigné le Syndicaliste Merabet, qui impute également cette situation au manque de coordination entre la tutelle et les autres partenaires sociaux, dont le syndicat qu’il dirige qui est pourtant représenté dans 43 wilaya. « Ça fait au moins une semaine depuis qu’on disait qu’on est déjà dans la troisième phase, c’est-à-dire la phase de diffusion active, du moment que nous avions déjà un premier foyer, allusion à Blida, et depuis on a diagnostiqué des cas un peu partout ce qui fait qu’on était déjà dans cette étape, bien avant l’annonce du ministre de la Santé », a-t-il déclaré.
« Même lorsque la maladie ne s’est manifestée qu’en Chine, et bien qu‘il est de la responsabilité de l’État de rapatrier nos compatriotes établis dans ce pays, en plus des travailleurs chinois que nous avons ramené ; on avait alerté les services concernés sur la nécessité de procéder au confinement pour éviter la propagation du virus, assurant que même les Algériens qui avaient regagné le pays avec leur propre moyen en provenance de ce pays asiatique, s’étaient étonnés du laisser-aller de nos autorités en comparaison à la Chine », a fait savoir M.Merabet, qui a aussi regretté le fait que la tutelle fait cavalier seul dans des situations d’extrême urgence comme celle que nous vivons aujourd’hui, sans que les partenaires du secteur ne soient consultés sur quoi que ce soit. Malgré la gravité de la situation, a-t-il enchaîné, « le confinement est pris à la légère dans notre pays, sans mesures contraignantes et les gens s’organisent comme ils peuvent ». Pour appuyer ces propos et surtout relevé l’importance du confinement total, M. Berabet, a cité un point de presse d’experts chinois tenu en Italie pour expliquer la manière avec laquelle ils ont pu stopper la propagation du virus qui était impossible sans les mesures de confinement strictes et fermes.
« Le chef de la délégation chinoise a déclaré qu’il était outré et en colère de voir qu’en Italie même, le confinement général n’est pas respecté en dépit de la propagation de la pandémie et le nombre important de décès ; alors qu’en Chine c’est les mesures de confinement strictes et fermes qui avaient permis de casser la chaîne de transmission en Chine, en plus de la logistique et une large campagne de dépistage » a-t-il enchaîné, poursuivant avec regret de constater le laisser-aller dans notre pays.
Il a tenu en outre à remercier les particuliers qui se sont mobilisés pour venir en aide au personnel médical de Blida en les dotant de moyens de prévention à titre de don, qui ont approché le syndicat pour pouvoir acheminer l’aide à défaut d’un créneau officiel.

Hassan Menouar (Association consumériste)
De son côté, le président de l’Association de protection des consommateurs « El Aman », Hassan Menouar, a axé ses propos sur la gestion des denrées alimentaires et surtout assurer leurs disponibilités à travers tous le territoire national pour garantir la réussite du principe du confinement total.
«Nous en tant qu’Association on avait déjà appelé les autorités à prendre des mesures exceptionnelles et d’urgence depuis la semaine passée et on avait même envoyé une lettre au Président pour assurer le confinement le plus strict avec la Force publique », a fait savoir M.Menouar. Pour ce qui est de l’approvisionnement en denrées alimentaires, notre interlocuteur appelle les ministères concernés (Commerce, Industrie, Agriculture), à établir un programme de distribution continu et sans faille quitte à maintenir le personnel sur place, en leur assurant un hébergement sur les lieux pour pouvoir assurer une production en continue. Pour la production agricole qui est à l’air libre, il suffit d’assurer la distribution dans les marchés mais il faut des mesures pour éviter la contamination, d’ailleurs il a été procédé à des campagnes de sensibilisation pour ne pas utiliser les courses le jour même et qu’il est préférable de les utiliser le lendemain après un bon nettoyage avec de l’eau de javel ou du vinaigre pour éviter toute sorte de contamination.
Brahim Oubellil

Article précédentSOLIDARITÉ INTERNATIONALE POUR LA LUTTE CONTRE LE COVID-19 : L’Algérie reçoit une aide médicale de la Chine
Article suivantLES MESURES CONTRE LE COVID-19 PEU OU PAS SUIVIES : Faut-il décréter l’état d’urgence sanitaire ?