La présence permanente du ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, sur les marchés a de l’effet. Il n’est plus seulement dans les prix. Il aborde également le « respect du client ». Fait rarissime pour un ministre. Ce qui n’est pas pour déplaire aux citoyens. Zitouni va plus loin en illustrant sa demande. Il insiste pour que soient « enlevées les parties superflues des légumes car elles augmentent le poids pour être jetées au final ». Cela à l’air d’un détail. Pas du tout. C’est même primordial pour revenir à de meilleures pratiques commerciales. Une sorte de charte du commerçant. Tout en signifiant au consommateur que le respect du client existe, le ministre ouvre la voie à cette exigence. Encouragé par la parole ministérielle, le citoyen fera très certainement sienne cette exigence alors que ce n’était pas le cas jusque-là. Le client était plutôt dans la résignation allant même jusqu’au masochisme. Il a toujours accepté que le « roi » était le commerçant. Zitouni fait bouger les lignes. Son illustration est bien à sa place. Si on prend l’artichaut, entre les feuilles et la queue, ce qui reste à manger revient injustement cher. On peut dire la même chose pour les oignons verts. Avec aplomb, le commerçant demandera, en prenant le couteau, toujours après la pesée : « je coupe la partie verte ? ». En général c’est oui. Si après avoir demandé et obtenu des producteurs un geste citoyen en accordant une baisse de leurs prix à l’occasion du mois sacré de Ramadhan, Zitouni se lance en plus dans une refonte des mentalités, c’est louable à plus d’un titre. La brèche est ouverte. Signalons une autre aberration. Avant que ne soit inventé le frigo, il arrivait souvent dans les ménages qui laissaient le lait à la température ambiante sans l’avoir bouilli, de le retrouver caillé. C’est-à-dire fermenté et perdu. Aujourd’hui le lait caillé vaut 4 fois et plus le lait frais. Pourquoi ? A quelle logique cela renvoie ? Et personne pour stopper l’aberration. Oui c’est par ces petits gestes que les mauvaises habitudes pourront être effacées. Et surtout, surtout délivrer le consommateur de sa résignation et de sa passivité. Un autre signe positif relevé dans l’action du gouvernement. Toujours lors de sa tournée dans les marchés, le ministre du Commerce a annoncé que pour réguler le marché de la banane, il va rendre obligatoire l’apposition de « la marque de chaque importateur sur le produit afin de garantir la traçabilité de la chaîne de distribution ». Ce qui veut dire que la maîtrise de la commercialisation de ce produit est déjà assurée et que les services du ministère en sont aux dernières finitions. Dans la foulée, il a annoncé également, que son ministère travaille actuellement sur le marché de la viande rouge. « Après le Ramadhan, les opérateurs de la filière seront associés à ce travail et ainsi sera régulé de manière définitive le marché de la viande ». D’aucuns diront que le ministre est dans son rôle et qu’il n’a aucun mérite particulier. Ce qui est vrai. Sauf que nous ne sommes pas habitués à voir un tel engagement dans ce rôle.
Zouhir Mebarki