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LES PARTIS DU POUVOIR SECOUÉS PAR LA RUE : Contre-déclarations ou décantations ?

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Face à une mobilisation citoyenne contre le système en place, de plus en plus massive, les partis de l’Alliance présidentielle s’affaiblissent et leurs rangs présentent des fissures, comme c’est le cas pour Mouad Bouchareb, coordinateur de l’instance de direction de l’ex-parti unique. Un parti dont les Algériens réclament sa mise au musée du Front qui a libéré le pays pour préserver le sigle ainsi réapproprié par le peuple.

Aujourd’hui, Bouchareb sait que sa mission au sein de son parti est rude, comme au sein de sa direction, face à des millions de citoyens qui manifestent chaque vendredi pour atteindre la 5e marche de suite. Devant une opinion publique, non étonnée par ses précédentes déclarations hostiles à la première mobilisation pacifique du 22 février dernier contre le 5e mandat, il est revenu à la charge, mais en tentant de se corriger, en répétant avec insistance que « le parti FLN soutient le mouvement citoyen », sans perdre de vue la tenue, début mois d’avril prochain, du moins comme annoncé, d’un conclave extraordinaire, pour tenter de dégager une feuille de route pour répondre à la teneur du mouvement pacifique en cours, décidé à œuvrer pour l’instauration d’une deuxième République basée sur un État de droit et de justice sociale.
« Le parti FLN est en parfaite cohésion avec les enfants du peuple algérien, et surtout les jeunes. Et il est toujours obligé d’écouter la voix du peuple et renforcer ses liens avec lui», a dit Bouchareb, lors d’une réunion, tenue mercredi dernier, avec les mouhafedh du parti. Depuis son arrivée à la tête de l’ex-parti unique, novembre dernier, le front des dissidents ne cesse de s’élargir, alors que la rue, à elle seule, a ébranlé tout l’appareil politique qui se réclamait la paternité du pouvoir depuis l’avènement de l’Indépendance du pays.
Au lendemain de la première grande marche contre le 5e mandat, Bouchareb a déclaré: «faites de beaux rêves et bon sommeil », qualifiant le président Bouteflika d’un «prophète envoyé en 99 par le bon Dieu ». Voyant les manifestations aller crescendo, le successeur de Djamel Ould Abbès prend un virage à 360 degrés, pour des desseins inavoués, pour annoncer «un ralliement» du mouvement des Algériens, en lançant que son parti «soutient avec force le mouvement populaire ».

«Un pas en avant, deux pas en arrière !»
Au lendemain de la réunion de mercredi, les déclarations de Bouchareb ont été interprétées comme «l’abandon » de l’ex-parti unique du président Bouteflika. Le lendemain, le parti diffuse un communiqué «pour démentir ce qu’ont rapporté certains sites d’information à propos de certaines questions en rapport avec le parti et la situation du pays », pouvait-on y lire. Bouchareb, s’exprimant au nom du FLN, réitère ainsi «les positions du parti, connues de tout le monde ». « Il a valorisé les décisions du président de la République, le président du parti, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika, en soulignant son engagement moral, politique et idéologique avec ces décisions », a précisé le communiqué. «Le parti adopte la même position que celle portée dans la dernière lettre du président de la République, qui intervient comme une réponse aux revendications du mouvement populaire avec l’objectif de réaliser une transition pacifique et souple du pouvoir », a expliqué le même parti.
Le FLN a affirmé aussi que le RND restera toujours un « parti allié », comme pour recadrer Bouchareb, qui a ouvert le feu sur son alter-égo à l’Alliance présidentielle, sans le citer, en se démarquant du gouvernement à la tête duquel siégeait, il y a peu, Ahmed Ouyahia. Le lendemain, le RND a désavoué les propos tenus par son porte-parole, Seddik Chihab, qui a choqué la direction politique de son parti en allant jusqu’à tenir des propos diamétralement opposées à la position du RND sur le pouvoir, le Président et la gestion de l’État.
Malgré ça, Bouchareb ne s’est pas tiré d’affaire pour autant. Durant chaque marche de mobilisation citoyenne, le parti FLN, comme d’autres figures du système politique en place, sont pointés du doigt par la rue, via des slogans et des déclarations de citoyennes et citoyens, sortis depuis le 22 février dernier, à travers le pays, réclamant un départ du régime et un changement radical du système suivis de la mise en place d’un État de Droit. Membre du comité central, également ex-membre du bureau politique dissous après le départ de Ould Abbès, Ahmed Boumehdi a accusé Bouchareb « de provoquer la colère » du peuple à travers, notamment, ses déclarations « révoltantes tenues le 23 février à Oran», soit au lendemain de la première marche historique des Algériens à travers le pays. « Je ne crois pas Bouchareb quand il dit qu’il soutient le mouvement populaire » a-t-il affirmé, car c’est lui, poursuit-il «qui était à l’origine du slogan contre notre parti “FLN dégage !”, et de pointer le patron de l’ex-parti unique comme seul responsable du «  retournement du peuple contre notre parti », notamment cite-t-il la déclaration controversée de Boucahreb : “Vous rêvez ! Vous pouvez toujours le faire !’’
Enfin, il convient de souligner que depuis le début des manifestations citoyennes, le 22 février dernier, les partis de l’Alliance présidentielle ont observé un silence radio, qu’ils viennent ainsi rompre, tardivement, durant la semaine passée ; soit à la veille d’un 5e vendredi de marche reprenant les mêmes mots d’ordres d’il y a un mois maintenant.
Hamid Mecheri

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