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Le palais de Seyoun : Trésor historique du Yémen en péril

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D’un blanc éclatant, le palais de Seyoun domine de sa structure imposante cette ville du sud-est du Yémen mais risque de s’effondrer après des années de négligence et des pluies diluviennes qui ont frappé le pays en guerre. Massif de l’extérieur avec ses quatre tours d’angle et sobre à l’intérieur, le palais en argile illustre la descente aux enfers du Yémen depuis le lancement de la rébellion des Houthis en 2014. « S’il n’est pas restauré rapidement, il risque de s’effondrer », craint Abdallah Barmada, un ingénieur spécialisé dans la restauration des monuments historiques, lançant un appel à l’aide internationale pour sauver le palais. « La base de la structure, les murs, les toits sont endommagés et il faut les réparer et les entretenir régulièrement », ajoute-t-il à l’AFP. En raison du conflit, les autorités ont eu du mal à mobiliser des fonds pour entretenir le patrimoine culturel yéménite, comme ce palais de la deuxième ville de la province de Hadramout. La guerre entre le gouvernement, appuyé depuis 2015 par une coalition militaire emmenée par l’Arabie saoudite, et les rebelles soutenus par l’Iran a dévasté le pays, faisant des dizaines de milliers de morts et provoquant la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations unies.

Inondations
À la guerre se sont ajoutées ces derniers mois de fortes pluies, déclenchant des crues tuant des dizaines de personnes dans le pays. Les inondations ont endommagé des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, notamment dans la ville de Chibam, plus à l’ouest, surnommée le « Manhattan du désert » en raison de ses hautes tours en pisé. Dans la troisième ville du pays, Taëz, le musée régional récemment restauré a souffert des inondations et une partie de cet ancien palais ottoman s’est effondrée le mois dernier. À l’origine un fort haut de 34 mètres, le palais de Seyoun, devenu en 1920 le siège du sultanat des Kathiri aboli en 1967, n’a pas été épargné. Avec ses rangées de fenêtres qui donnent sur une rue très fréquentée, le palais semble être en bon état, mais l’intérieur présente des signes évidents de dommages avec des fissures dans les murs et un toit partiellement effondré. Hussein al-Aidarous, chef des antiquités et des musées de la province du Hadramout, assure que le monument est l’un des rares de ce type encore debout. Il « est considéré comme l’un des plus importants bâtiments de briques d’argile du Yémen et peut-être même de la péninsule arabique », explique-t-il à l’AFP. La façade de l’édifice de sept étages a conservé sa splendeur d’origine, et ses lignes imposantes ornent le billet de 1.000 riyals, la plus grosse coupure du Yémen.

Trésors cachés
Le palais de Seyoun a ouvert ses portes au public en 1984 après l’aménagement d’un musée, fermé au début de la guerre et partiellement rouvert en 2019. Selon le directeur du musée, Saïd Baychout, l’établissement présente des objets provenant de fouilles dans la province, notamment des pierres tombales qui remontent à l’âge de pierre. On y trouve également des statues de l’âge du bronze, des poteries et des manuscrits qui sont antérieurs à l’islam. Mais les collections les plus précieuses ont été dissimulées pour empêcher que l’un des belligérants ou l’un des groupes armés ne s’en empare, précise M. Baychout. « Le musée a été fermé au début du conflit, quand Al-Qaïda est entré dans Hadramout, et les pièces ont été cachées par peur des pillages et des dégâts », raconte-t-il à l’AFP. « Jusqu’à présent, les pièces importantes et rares sont cachées dans des endroits secrets ».

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