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INCARCÉRÉ DEPUIS LE 30 JUIN DERNIER : Le moudjahid Bouregâa entamera une grève de la faim

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Incarcéré depuis le 30 juin dernier à la prison d’El-Harrach, le moudjahid Lakhdar Bouregrâa, 86 ans, entamera dans les prochains jours une grève de la faim en signe de solidarité avec les détenus d’opinion interpellés lors des précédentes marches du Hirak et qui ont déjà entamé cette action. L’annonce a été faite hier, par l’avocate Nabila Smaïl, lors d’une conférence de presse, organisée hier, à Alger, consacrée à la situation des détenus d’opinion et les “infractions des procédures” à leur égard. Ce rendez-vous a regroupé des avocats et des membres de la Coordination de défense des détenus comme Mustapha Bouchachi, Nouredine Benissad, Abdelghani Badi et bien d’autres. Selon Me Smail, la défense de Bouregâa a introduit deux demandes de liberté provisoire, dont la dernière est faite le 27 août dernier, en se basant sur le dossier médical de ce détenu qui ne peut supporter “les conditions de la détention vu son âge avancé et son état de santé.” Néanmoins, le tribunal a refusé la demande de libération provisoire de Bouregâa, ce qui a offensé l’équipe de la défense. Dénonçant “le caractère illégal” de leurs arrestations et leur maintien “illégalement” en détention préventive sans condamnation, les avocats ont tiré la sonnette d’alarme quand aux conséquences du recours à la grève de la faim par la centaine de détenus du Hirak comme seule action pour réclamer leur remise en liberté, exaspérés par le prolongement de leur placement en détention préventive. Dans son intervention, Me Smaïl a dénoncé des “arrestations aux motifs politiques”, en revenant au contexte d’arrestation de ces détenus. “Dès les premières interpellations les 22 et 28 juin, nous avons rendu visite aux détenus dans la prison et leur avons demandé de patienter et d’attendre parce qu’il y a eu la période des congés. À partir de septembre et l’ouverture de la rentrée judiciaire, nous leur avons dit de patienter encore un petit peu jusqu’à ce qu’ils procèdent à votre audition et constituent les dossiers à charge parce qu’on ne peut pas espérer un non-lieu. Ils n’aurons jamais le courage de mettre un non-lieu sur des dossiers qui’ont aucun fondement juridique, » a-t-elle expliqué. Poursuivant, ce membre du collectif de la défense a détaillé : “Il n’y a aucun texte de loi interdisant formellement le port de l’emblème amazigh. On est devant des procès qui n’ont aucun fondement juridique. Mais, ils ont continué à perdre du temps en ne prenant aucune mesure, chose que nous avons dénoncé (…). Après une semaine, ils les ont ramenés pour les auditionner sur les faits qui leur sont reprochés. Cependant, après plus d’un mois de cela, aucune mesure n’a été prise. Ni acquittement, ni procès. Au contraire, les arrestations des manifestants ont augmenté depuis.” “Maintenant, qu’est-ce qu’il reste à ces détenus? Ils ont décidé alors de durcir leur mouvement et entrer en grève de la faim,” a souligné l’avocate.
Dans une tentative de les dissuader à faire cette action, l’équipe de la défense a introduit une demande auprès du directeur de la prison d’El-Harrach comme le leur permet la loi, pour soulager les “conditions inhumaines” dans lesquelles se trouvent ces détenus. L’institution pénitentiaire a répondu par la positive, mais, regrette Nabila Smail, “le traînement de la justice dans les procédures de leur jugement a renforcé la conviction des détenus de recourir à la grève de la faim. Nous avons tout essayé. Lancer des appels, faire ramener leurs parents pour leur parler et les dissuader de faire la grève de la faim … Mais, ils ont quand-même persisté et insisté sur la grève de la faim. Le moudjahid Lakhdar Bouregâa a décidé aussi de les rejoindre alors qu’il est à l’âge de 86 ans,” a fulminé Nabila Smail.
En signe de protestation, l’avocate a lancé un appel à toute la corporation pour boycotter l’action judiciaire au niveau des cours et tribunaux comme il a été décidé lors d’une Assemblée générale extraordinaire convoquée par l’Unba (Union nationale des barreaux d’Algérie), à Béjaïa, en juillet dernier, à l’issue de laquelle, outre ce boycott, les avocats ont protesté le même jour à travers des marches au niveau régional, à Alger, Oran et Annaba.
Prenant la parole, l’avocat Ahmine Noureddine a relevé un «paradoxe» partant du fait que la justice traite différemment les dossiers des détenus à l’intérieur et à l’extérieur de la capitale. “Ce qui est extraordinaire est que ces arrestations opérées ne sont pas proportionnelles dans tout le territoire du pays. Nous remarquons que les arrestations sont intervenues uniquement à Alger. C’est comme si on voulait nous faire passer un message; Si vous vouliez manifester dans d’autres endroits, c’est toléré. Mais pas dans la Capitale, la façade à travers laquelle le peuple exprime son désarroi. Cela veut dire aussi que l’objectif est d’interdire les manifestations dans la capitale”, a-t-il analysé. L’avocat Mustapha Bouchachi est allé plus loin: “Nous assistons à des infractions criardes aux droits de l’homme et un dérapage dangereux, alors qu’au moment où le Pouvoir parle de la tenue d’élections et le début de l’ère démocratique, des arrestations d’activistes continuent toujours”. Et à l’activiste politique de s’interroger : “À travers ces pratiques, le Pouvoir est-il réellement en train d’appliquer la loi?”.
Hamid Mecheri

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