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ILS DÉNONCENT UNE CONCURRENCE « DÉLOYALE ET ILLÉGALE » : Les taxieurs exigent la suspension des VTC

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Depuis le mois de mars dernier, les opérateurs de taxi (individuel et collectif) sont en arrêt de travail forcé suite aux mesures prises par le gouvernement pour endiguer la propagation du coronavirus.

Au-delà d’une décision à laquelle tout le monde est astreint en raison de la menace sur la santé public, c’est là une goutte qui a fait déborder le vase : les applications du service en ligne voiture de transport avec chauffeur (VTC) continuent à exercer en toute impunité et en dehors de la loi.
La colère ne fait que monter ces dernières semaines chez les chauffeurs de taxi, dont les conditions d’exercice n’ont fait qu’empirer au fil de cette période de confinement. Dans des correspondances adressées aux ministères du Transport, du Commerce, de la Poste et des Télécommunications, de la Santé, ainsi qu’à la wilaya d’Alger, le président de la cellule de crise au niveau de cette wilaya, la Direction générale de la sûreté nationale, les mécontents de leur sort protestent contre « les plateformes VTC qui continuent à activer et transporter les citoyens illégalement et illégitimement, sans égards aux dernières mesures sanitaires d’interdiction d’activité, prise par le président de la République ». Ils voudraient « une intervention en urgence des autorités pour suspendre et brouiller ces applications », qu’ils accusent de « concurrence déloyale », vu « les pertes et préjudice qu’elles font subir aux chauffeurs de taxi activant légalement ».
Si rien ne changera de la situation de cette corporation qui compte plus de 20 000 taxieurs à Alger seulement, aujourd’hui au bout du rouleau car sans revenus depuis l’arrêt de leur activité, un durcissement de ton et des actions de débrayage ne sont pas à écarter, selon Sid Ali Aït Hocine, membre du bureau de la Coordination des chauffeurs de taxi de la wilaya d’Alger. « Ces applications VTC c’est vraiment la goutte qui a fait déborder le vase. Cela entache vraiment notre légitimité. Ils continuent à activer sans même en avoir une licence, alors que pour nous, pour seulement obtenir cette licence, il nous faut passer par plusieurs étapes et procédures. Pour certains d’entre nous, on a même dû renoncer à nos anciennes activités pour obtenir ces licences. À l’opposé, les chauffeurs travaillant avec les plateformes VTC ont souvent un autre emploi, et continuent quand-même dans le temps libre à transporter des gens, alors que nous sommes obligés à rester à la maison. De plus, ils contribuent à la propagation du coronavirus car leurs véhicules ne sont pas soumis aux mesures de désinfection obligatoire », a-t-il lancé.
Lassitude dans le secteur et aussi faute de revenus, certains chauffeurs de taxi ont rejoint ces plateformes VTC afin de subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. « Le silence des autorités et le maintien de la décision de suspension de l’activité des taxi encouragent ces pratiques illégales. Les autorités nous ont abandonnés et mis dans une situation de faiblesse. Nous n’avons plus de marge de négociations avec les collègues chauffeurs qui nous accusent quotidiennement de ne rien faire pour changer la situation », déplore-t-il. « Il faut bloquer ces plateformes carrément car cela crée une concurrence déloyale. S’ils veulent d’une concurrence, qu’ils s’acquièrent du même cahier de charges. Au moment où nous sommes astreints à appliquer une tarification à partir de 20 DA, ces applications appliquent un tarif à partir de 200 DA », a-t-il poursuivi.
Même pendant la période d’avant le confinement, leurs conditions de travail n’ont cessé de se dégrader, comme l’affirme Sid Ali Aït Hocine, chauffeur de taxi, lui-aussi, de son état. « Moi personnellement j’ai une licence à renouveler d’une valeur de 48 000 DA. Elle expirera avril en cours. Il y a des gens qui ont renouvelé et payé déjà leurs licences et sont maintenant restés sans aucun sou. Ils ne s’attendaient pas à cette crise sanitaire », témoigne-t-il, se plaignant « qu’aucune autorité n’a daigné répondre à nos doléances ».

Appel au président de la République
Malgré tout, ces opérateurs de taxi ne veulent pas baisser les bras. « Ce statu quo pourrait mener à des conséquences inattendues dans les jours à venir. C’est l’incertitude totale, sans oublier qu’on est à l’approche du mois de Ramadhan », a-t-il souligné, ajoutant : « Nous demandons l’entame d’un dialogue. Nous ne voulons pas être une charge pour les autorités en cette période de crise économique. Nous demandons juste des rabattements fiscaux pour que le chauffeur de taxi puisse vivre ces jours-ci et aussi des aides alimentaires chaque semaine puisque on est obligé à arrêter de travailler. À défaut, on réclame des facilitations pour l’octroi de crédits bancaires ». Face à plusieurs ministères et autorités qui semblent leur faire la sourde-oreille jusque-là,  la Coordination des chauffeurs de taxi de la wilaya d’Alger a lancé un appel au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour intervenir et trouver une issue à leur situation. Très critiqués par une partie de la population pour la qualité des services offerts, cette organisation professionnelle s’est engagée depuis le 1er mars et les premières mesures de confinement dans le transport gratuit de médecins et personnel médical pour « rendre de la considération au métier de chauffeur de taxi ». Une initiative autorisée par le wali d’Alger. Mais, « nous n’avons reçu ni soutien ni mot de remerciement en guise d’encouragements », s’est désolé Sid Ali Aït Hocine, affirmant que même les produits d’hygiène et de désinfection « on se les procure par nos propres moyens et avec l’aide d’une association locale ».
Hamid Mecheri

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