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Grèce : un futur gouvernement à la couleur incertaine

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Les Grecs retournent aux urnes dans une semaine, pour la troisième fois cette année, avec une incertitude sur la couleur du prochain gouvernement, mais pas sur son programme : celui-ci est déjà scellé, c’est la nouvelle cure de rigueur signée en juillet avec les créanciers. Ces législatives anticipées sont la conséquence de la démission du Premier ministre Alexis Tsipras, le 20 août, après sept mois au pouvoir de son parti de gauche radicale Syriza. Le pays est actuellement dirigé par intérim par la présidente de la Cour suprême, Vassiliki Thanou. M. Tsipras a rendu son mandat après avoir perdu un quart de ses députés les plus à gauche, lors du vote le 14 août sur le troisième plan d’aide au pays, d’un montant de 86 milliards d’euros, qu’il a signé le couteau sous la gorge en juillet avec l’UE et le FMI. Moment difficile pour celui qui avait fait campagne sur « la fin des mémorandum » : la Grèce avait en effet déjà signé deux plans similaires depuis 2010, pour 240 milliards d’euros au total. M. Tsipras espèrait initialement obtenir le 20 septembre une majorité absolue au Parlement, manquée de deux sièges en janvier. Mais il semble devoir y renoncer : la quasi-totalité des derniers sondages montrent Syriza au coude à coude avec son rival de droite Nouvelle Démocratie (ND), avec moins d’un point d’écart. ND bénéficie en effet de la percée inattendue de Vangélis Meïmarakis, arrivé à sa tête il y a deux mois seulement, et qui prône un gouvernement d’union nationale associant tous les partis ayant voté en faveur du plan, ND et Syriza, ainsi que le PASOK (socialistes), et To Potami (centre-gauche). Pour l’instant, Alexis Tsipras a fermé la porte à une alliance avec Nouvelle Démocratie. Portant sur ses épaules une expérience Syriza scrutée par le monde entier en janvier, le jeune dirigeant de 41 ans a eu une année toute en hauts et bas.

« L’Europe de Schäuble »
Globalement, les Grecs lui savent gré de leur avoir épargné une sortie de l’euro en signant le plan d’aide, même au mépris de ses promesses. Mais beaucoup s’interrogent encore sur la nécessité, quitte à en arriver là, de sept mois de procrastination paralysante pour l’économie, sous l’égide de l’ancien ministre des Finances Yanis Varoufakis. Ou sur la convocation d’un référendum le 5 juillet, au cours duquel les Grecs ont dit « non » à 62% aux créanciers, à l’appel de M. Tsipras, pour voir celui-ci signer huit jours plus tard le plan d’aide avec eux.
D’autant que pour protéger les banques de ce contexte anxiogène, il a fallu instaurer un strict contrôle des capitaux fin juin, toujours en vigueur.
Désormais, les grands partis font campagne sur les marges de manoeuvre possibles d’un futur gouvernement. M. Tsipras a repris pour les besoins de la campagne sa rhétorique de gauche radicale, remisée ces derniers mois. Il accuse ainsi ND d’être du côté de « l’Europe de (Wolfgang) Schäuble », l’intransigeant ministre allemand des Finances. Mais aucun parti ne remet en cause le principe même du plan, au grand soulagement des créanciers. ,Samedi, lors d’un Eurogroupe à Luxembourg, le ministre français des Finances Michel Sapin a résumé le sentiment général : « Il n’y a pas de raison particulière d’être inquiet aujourd’hui, (puisque) tous les partis (grecs) susceptibles d’être au pouvoir d’une manière ou d’une autre ont voté le plan ». Le nouveau gouvernement grec devra de toute façon être coopératif, s’il veut obtenir l’ouverture de discussions sur un réaménagement des 200% de PIB que représente la dette grecque. Avant cela, il lui faudra mettre en oeuvre des réformes difficiles, notamment celles portant sur la fiscalité des agriculteurs, dossier d’automne sensible.
Cette campagne se déroule dans le contexte inédit d’arrivées massives de migrants et de réfugiés, notamment Syriens, sur les côtes grecques : 230.000 depuis janvier, contre 17.500 pour la même période de 2014. Mais comme la plupart ne font que passer en Grèce sur le chemin de l’Europe du Nord, cela n’a guère été un thème de campagne, au-delà des accusations que s’adressent les partis sur la mauvaise qualité de l’accueil. Un contexte qui suffit néanmoins à maintenir le parti néo-nazi Aube dorée à la troisième place des sondages (avec entre 4,9 et 7% des intentions de vote), en dépit des poursuites judiciaires lancées depuis deux ans contre ses dirigeants, pour association de malfaiteurs.

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