La commune de Bir El-Djir est en train de subir les pires «offenses urbanistiques» de l’avis de ses habitants et de certains spécialistes de l’aménagement urbain qui dénoncent ce qu’ils qualifient de grave atteinte à la propriété privée et aux lois régissant l’habitat. Hier, des habitants de cette localité ont organisé un sit-in pour dénoncer cette situation qui s’est accentuée ces derniers jours. E n effet, les tours promotionnelles poussent comme des champignons dans cette collectivité locale, véritable filon pour la mafia du foncier qui a dépecé le patrimoine public au point où, aujourd’hui la commune ne trouve même pas une assiette pour réaliser un équipement public ou une école. De l’avis des urbanistes que nous avons contactés cela va à l’encontre du Plan directeur d’aménagement urbain (PDAU), qui a fixé les conditions d’extension urbaine aussi bien de la wilaya que des communes. « Actuellement, à Bir ElDjir, un promoteur s’offre une maison individuelle dans une cité résidentielle réalisée en R+1 ou R+2. Il n’hésite pas alors à la démolir et à y implanter une tour qui lui rapportera gros mais qui représentera une atteinte à l’intimité du voisinage. Les exemples sont courant dans cette localité. Avec la complicité de responsables locaux ces promoteurs obtiennent des permis de construire ce qui leur permet de réaliser leur œuvre dans l’impunité totale », affirment des urbanistes. Pire encore, ces promoteurs d’un autre genre n’hésitent pas à fouler aux pieds toutes les lois. Qui est le promoteur qui respecte un Plan d’occupation des sols (POS), qui fixe, dans son cahier de charges, le nombre d’étages et bien d’autres conditions encore. Récemment, un promoteur qui a terminé sa tour promotionnelle en R+10, toute honte bue nous a fait remarquer que le cahier de charges n’est pas respecté. « Tous les promoteurs ne se conforment pas à ce cahier de charges », nous avait-il indiqué. Le malheur dans cette situation est que cette frénésie est tolérée quand elle n’est pas encouragée par certains élus et responsables locaux, dont certains, se déliant de l’obligation de neutralité que leur impose leur statut ou leur fonction, n’hésitent pas à défendre ces intrus. « Nous assistons depuis quelques temps, avec une accélération plus grande aujourd’hui, à une pratique systématique de reconversion de toute vente de maison individuelle en construction d’immeuble. Souvent érigé sans aucunes consultations des riverains au milieu de maisons qui se retrouvent écrasées par les étages. Où sont le POS et le PDAU? Nous qui avons acquis, dans le cadre de coopérative un terrain dans les années 80 du siècle dernier, qui avons mis plus de dix ans pour le construire (nos revenus étant limités mais encouragés par des prêts bancaires à 3%) nous nous révoltons, devant cet état de fait et cette atteinte à notre intimité. Aujourd’hui nous nous retrouvons avec des maisons écrasées par des immeubles sans aucune norme esthétique. Cette intrusion a généré des phénomènes répréhensibles comme le stationnement anarchique, la saturation des réseaux d’assainissement, des établissements scolaires prévus pour une population dont le volume a explosé aujourd’hui par la faute d’une mauvaise gestion locale du foncier », ont indiqué des habitants de Bir El-djir qui en appellent aux autorités pour mettre un terme à cette expansion anarchique de leur localité. Ces derniers qui se disent décidés à se battre pour assurer leur tranquillité, s’interrogent : « que devrons-nous faire pour que l’État nous garantisse le droit à une vie décente devant les assauts répétés et criminels de ces pseudo-promoteurs, prédateurs? » Et en attendant, Bir El-djib (le puits de la poche) comme s’amusaient à l’appeler les oranais durant les années quatre-vingt-dix a été le moyen d’enrichissement de plusieurs individus qui s’étaient servi, à satiété, du foncier urbanisable et même agricole qu’ils ont détourné de sa vocation. La localité qui était promise à devenir un havre de paix regroupant des cités résidentielles est devenue aujourd’hui un champ où poussent des tours, hideuses en béton qui écrasent de tout leur poids, les villas individuelles, cossues construites grâce aux économies de plusieurs années de privation et de travail souvent harassant.
Slimane B.