Accueil ACTUALITÉ Enfants nés sous X : pour quelle citoyenneté ?

Enfants nés sous X : pour quelle citoyenneté ?

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Beaucoup a été dit et écrit sur cette catégorie de la société pour une véritable prise en charge. Cependant, il faut aussi reconnaître que beaucoup reste à faire,  même si l’aspect consiste toujours à sensibiliser la société sur l’essentiel de l’avenir d’une nation, en l’occurrence ses enfants. En effet, il serait toujours utile de rappeler qu’en l’absence de statistiques fiables, ou d’enquêtes approfondies, en rapport avec ce phénomène, nul ne peut quantifier le nombre d’enfants nés sous X et abandonnés. Pourtant, le fait existe bel et bien, et va crescendo, dans une société qui se voile le visage, face à ses propres tares qui la prennent, quand même, à la gorge. Et pourtant, nous sommes en droit de poser cette question : “Est-ce que les enfants nés sous X, et abandonnés par leurs mères, sont coupables d’une faute qu’ils n’ont jamais commise ? Une jeune fille qui a été violée par un individu et qui, par la suite, donne vie à un petit être, est-elle coupable dans l’absolu? Le phénomène d’abandon de bébés, nés de pères inconnus, prend de l’ampleur dans une société qui perd ostensiblement ses repères. Et, la ville de Constantine, malheureusement, n’est pas épargnée de ce drame qui reste plus ou moins occulté, alors que la presse fait souvent état sur ses colonnes. Ces «géniteurs», donc, par lâcheté, préfèrent s’éclipser après leur acte fatidique, en fuyant leur responsabilité pour toujours, tout en laissant ces femmes, seules, face à leur destin, et surtout, aux prises avec une société qui ne pardonne pas. Cela dit, il serait bon de savoir la place de l’enfant dans l’islam, et que ce dernier lui a déjà donné tous les droits, bien avant sa naissance. Dans ce contexte, plusieurs versets du sain t-Coran et les préceptes du prophète Mohamed (QSSSL) ont d’ailleurs été cités, se rapportant à ces droits, concernant l’enfant, et qui sont prescrits par l’islam. Toutefois, après les campagnes de sensibilisation et de dénonciation, faut-il penser à une structuration et un renforcement des textes dans un code de l’enfance. De séparer les enfants privés de famille des enfants délinquants, très souvent placés dans les mêmes centres, de mettre en place de nouveaux mécanismes d’insertion, appropriés pour chaque catégorie de cette population vulnérable, de créer davantage de structures d’accueil, spécialisées, de promouvoir la profession de l’assistante sociale, renforcer son rôle et en former davantage et, enfin, la nécessité d’introduire la convention des droits de l’Homme dans les programmes scolaires et universitaires. Par ailleurs, et en ce qui concerne le drame des filles-mères et de leurs enfants, il faut aussi préconiser l’abolition des naissances sous X, prohibée par l’islam, héritage désastreux de l’époque coloniale, la création d’une allocation de subsistance, afin d’encourager la mère, incontestablement irremplaçable, à garder son enfant, l’établissement de la filiation de l’enfant, né hors mariage, dont le géniteur est identifié par le recours au test ADN, tel qu’exhorté par le Coran dans le verset 5 de la sourat El-Ahzab. Reste que les enfants qui sont abandonnés par leurs mères et jetés dans la rue, mais qui survivent après avoir été recueillis et sauvés d’une mort certaine, vont désormais vivre avec cette peur viscérale de l’inconnu. C’est donc à la merci d’une angoisse infinie, et devant de multiples questionnements qu’un enfant né sous X, qui, une fois adulte, sera toujours à la recherche de ses racines. C’est dans cet esprit qu’il est urgent de mettre en place des mécanismes d’insertion dans la société, en plus d’un accompagnement thérapeutique pour chaque catégorie de cette population vulnérable.  Dans sa vie de tous les jours, un enfant abandonné est nourri, constamment, par le regard d’autrui, qui le rend presque coupable d’être né. Il vivra dans la douleur et l’angoisse, en se posant ces cruelles questions, qui suis-je ?, qui est mon père ? qui est ma mère ?   Avec le recul, peut-être, si un jour on demandait à quelqu’un, qui est né sous X,  quel est ton rêve ? Sans aucune hésitation, il répondra, peut-être, porter le nom de son père. Cependant, faire sourire l’orphelin, redonner espoir à l’adolescent, évoluant dans les établissements, pour enfants privés de famille, déculpabiliser la jeune femme, le jeune homme à qui on a séquestré toutes informations les concernant. Voilà, en fait, le rêve de tous ces enfants nés sous X, devenus par la suite adultes.  Cette compréhension de  «l’autre» contribuera, non seulement à l’épanouissement de tous ces enfants assis sur les braises de la souffrance, mais sans aucun doute à éduquer, former, inculquer, à ces êtres innocents, les valeurs nécessaires pour qu’ils puissent contribuer, à leur tour et à part entière, à une réconciliation profonde entre l’humain et ses semblables. En tout état de cause, et dans tous les cas de figure, la question reste posée, comment protéger les enfants abandonnés et leur permettre de vivre dignement ? En d’autres termes, accepter surtout que la vie humaine, quelles que soient ses conditions d’existence, doit être protégée comme un bien précieux, pour que notre existence, à tous, ait un sens, loin de tout déni ou reniement. Car, en définitive, la thérapie psychanalytique d’un enfant né sous X ne peut être similaire à celle d’un orphelin, ayant connu ses parents, ou d’un enfant abandonné, suite à un divorce. L’absence de deuil du premier, rarement accessible, laisse des blessures profondes, durant toute son existence.

Mâalem Abdelyakine

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