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Elle édite un livre intitulé « Ad d-inigh » (je dis !) : Samia Allad «vainc» son handicap par la poésie

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La «fête de la restauration», organisée mi-mars par l’APC d’Azazga, wilaya de Tizi-Ouzou, au centre culturel local «Colonel Krim Belkacem», a donné lieu à des découvertes de talents, notamment les femmes, non seulement dans les domaines de la restauration, de préparation de pâtes alimentaires, de plats et gâteaux traditionnels, mais aussi de promoteurs d’entreprises dans le secteur privé, ainsi que de remarquables poètes et poétesses.

Samia Allad en est une de ces dernières. Originaire du village Aït Lahcene, dans la commune d’Illoula Oumalou, Samia Allad, au visage d’enfant angélique, est une handicapée motrice à 100%, atteinte de la myopathie dès l’âge de cinq ans. Habitant dans un village de haute montagne de Kabylie, les difficultés multiples de ces zones, le modeste rang social de ses parents et l’absence de conditions de prises en charge par le secteur de l’éducation des enfants de sa catégorie, la contraindront à arrêter sa scolarité à la 5e année du cycle primaire. Cependant, même si elle ne peut se mouvoir sans l’aide d’une tièrce personne et sans son fauteuil roulant, Samia possède, et heureusement, des qualités rares dans le domaine de la poésie et de l’humanisme, ainsi que des facultés pour s’auto-instruire, en tamazight du moins, avec le soutien de ses parents, de ses frères et sœurs, de ses médecins traitants, ainsi que d’autres amis et bénévoles dans le mouvement associatif.
L’occasion de la fête d’Azazga lui a permis donc d’exposer et de vendre son recueil de poésie, tout en kabyle, intitulé «Ad d-inigh» (Je dis !). Et Samia dit, en effet, toute sa détresse d’handicapée en composant et en déclamant, à chaque occasion, toute la richesse de ses poèmes, imprégnés de beaucoup d’émotion et d’amertume, devant le basculement de sa vie, de son destin, et, avec elle, celui de sa famille.
Cette dure réalité, nous dira-t-elle, «titille» un peu chaque jour, et chaque nuit surtout, sa muse, en lui donnant toute la force emmagasinée dans ses neurones et qui manquait à son physique, pour écrire et dire haut tout ce qui chagrine sa société. «Cela me donne une énergie remarquable, comme celle d’un vieux figuier, qui résiste, malgré l’élagage répété de ses branches par l’adversité de la nature», pense-t-elle. D’ailleurs, elle a illustré la couverture de son recueil par une photo d’un vieux figuier, tout noué et élagué, mais ne cessant de donner, par-ci et par-là, des bourgeons et des drageons de régénérescence. Cet état de fait, qui la relance constamment à plonger et replonger dans la composition et l’écriture de poèmes, «revigore encore ma force d’esprit à vaincre mon handicap par des isefra», ajoute la jeune poétesse.
Dans un de ses émouvants poèmes, intitulé «Tighri n t’yemmat» (le cri de la maman), Samia rime un dialogue entre une mère et son enfant handicapé, allusion à sa propre naissance. Elle décrit l’espoir de cette maman quant au «bonheur qu’elle attendait à la naissance du bébé, pendant neuf mois porté, puis allaité et nourri, année après année, jusqu’au jour où la maladie vient tout basculer et assombrir de désespoir l’ensemble du foyer».
Par ailleurs, elle déplore «l’insignifiante pension de 4 000 DA/mois accordée aux handicapés de sa catégorie, notamment ceux habitant loin des structures de santé publique, qui éprouvent d’immenses difficultés avec les fréquents déplacements, les soins permanents, le transport, aléatoire, etc.».
à signaler le noble geste de solidarité du comité local du Croissant-Rouge algérien (CRA) d’Azazga qui a saisi l’occasion de la fête de la restauration de cette ville pour faire une promotion à l’ouvrage de notre poétesse, une enfant battante, malgré sa maladie. Edité à 68 pages par «Tizrigin Ccix Muhend Ulhusin», le recueil de Samia Allad renferme une trentaine de poèmes. Il est vendu à 200,00 DA l’exemplaire.
S. Y.

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