Après les dérives de la diplomatie marocaine et un message d’une rare violence à l’égard de l’Algérie, prêté à la plume d’un souverain marocain absent de son pays depuis le début de l’année, le Maroc –navire sans capitaine – croit être en mesure de défier l’ONU et son SG et en même temps menacer militairement l’Algérie.
Si l’entourage du souverain marocain qui décide à la place d’un souverain «virtuel» qui bloque son pays en ébullition, fait dans la fuite en avant et joue la menace militaire contre l’Algérie en dénaturant la réalité de la question du Sahara occidental, c’est bien pour masquer l’absence d’un Roi dont on ne sait s’il est gravement malade ou s’il se désintéresse de l’exercice réel du pouvoir. D’où des décisions irréfléchies et des déclarations irresponsables. Aprés avoir sollicité l’Algérie pour l’aider à obtenir la Coupe du monde, il ne craint pas le lendemain d’insulter notre pays et veut bilatéraliser une question de décolonisation, sur les conseils, pour ne pas dire directives, de pays soutiens zélés de sa monarchie chancelante. Ainsi et comme par hasard dans la teneur du message de M6 à Gutierrez, on relève la même approche de Dominique de Villepin, l’ancien ministre des AE, converti dans les affaires et architecte du pseudo- plan «d’autonomie» marocain, qu’on veut imposer à un peuple qui lutte les armes à la main depuis plus de quarante ans pour son droit à l’autodétermination et à l’indépendance.
Il y a aussi pour un pays qui n’ a pas hésité à envoyer son ministre des AE, Bourita en visite en Israël, une démarche coloniale et un making off répressif inspiré de la politique et de la diplomatie sioniste . Ignorant les Nations unies et leurs résolutions –votées pourtant par le Maroc – ordonnant des massacres et rêvant de faire des territoires occupés sahraouis un nouveau Gaza. Avec précisément la volonté d’empêcher les forces militaires de l’ALPS, de se mouvoir librement dans les territoires libérés sahraouis. Sonné par la décision de la CJUE, qui ne lui reconnait aucune souveraineté sur le Sahara occidental, pas plus qu’aucun autre pays, le Maroc, comme Israël veut s’installer dans le fait accompli. Ainsi il refuse qu’on lui impose des négociations directes, alors qu’il a déjà participé à plusieurs rounds Front Polisario-Maroc. Pour la petite histoire, Mohamed VI alors prince héritier, est-il devenu amnésique, puisqu’il a rencontré à deux reprises les dirigeants sahraouis dont l’actuel président Brahim Ghali, au moment ou son père s’était engagé officiellement pour le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. En réalité, l’escalade verbale de Rabat qui est cyclique puisque en 2008 il y a eu la même gesticulation s’explique par la déroute prévisible à l’ONU et probablement par les problèmes de la monarchie et les longues absences d’un roi gouvernant par procuration. Comme si on voulait créer artificiellement un sursaut national autour du Roi en garant de la «patrie en danger», et faire oublier ses séjours permanents loin de son pays.
Mokhtar Bendib