Déclarant que le parti de Rached Ghennouchi insiste sur l’importance du retour de toutes les parties signataires du document de Carthage II, le responsable d’Ennahda, Abdellatif Mekki a déclaré, que la crise politique ne pourrait être résolue d’une manière «unilatérale», appelant à la reprise du dialogue avec ses partenaires, principalement, Nidaa Tounès.
Un appel d’Ennahda qui semble plus être une annonce de sa décision à renoncer à Youssef Chahed, à la tête du gouvernement tunisien, pour une sortie de crise et mieux négocier sa place dans le prochain exécutif en Tunisie. Alors que le bureau exécutif du parti islamiste de Ghannouchi a appelé, au terme de sa réunion, vendredi, à la reprise des négociations autour de l’accord de Carthage 2, avec pour objectif d’arriver à des solutions « urgentes» en vue de « tranquilliser » les tunisiens, de son côté dans ses déclarations à la presse locale, Mekki a proposé d’entamer la recherche du nom du successeur de Chahed, seule proposition, a-t-il précisé, «qui pourrait aider à débloquer la situation» a-t-il indiqué. Après le retrait d’un acteur principal de l’Accord de Carthage 2, l’UGTT, en l’occurrence, ne manquant pas d’avoir un impact important sur la tournure que prendra la crise, sur fond des luttes politico-partisanes, de Nidaa Tounès et Ennahdha, et des tiraillements internes, notamment au sein du parti créé par le président Béji Caïed Essebsi, Ennahdha a fini par donner des signes d’avoir pris ses distances avec Youssef Chahed, pour pouvoir continuer à peser, sur la vie politico-institutionnel, dans le pays, en négociant des postes, à occuper dans le futur exécutif, en contre partie de son abondon de Chahed . Déjà que le pays peine à sortir de la spirale infernale des problèmes socio-économiques, après plusieurs années de la gouvernance Ennahda-Nidaa Tounès, les tunisiens se passeront volontiers des luttes internes ou entre partenaires dans le gouvernement, eux qui attendent des solutions adéquates aux problèmes auxquels fait face l’économie de leur pays. Une crise politique qui ne manque pas d’avoir des impacts néfastes sur l’économie tunisienne, à propos de laquelle des experts dont des tunisiens, avançant que la stabilité politique attire l’investissement, premier moteur de la croissance et que les reformes économiques ne peuvent «pas attendre ni être laissées «au gré des vagues ni à la bonne volonté des tiraillements politiques» a averti l’expert en économie et des finances, Moez Joudi. La veille de la réunion du bureau exécutif du parti de Rached Ghenouchi, le président de la République, Béji Caïed Essebsi, s’est entretenu, jeudi dernier, avec le patron d’Ennahada, lors d’une rencontre « non officialisée» selon la presse locale, lors de laquelle, les deux hommes ont abordé les questions en suspens, notamment le Document de Carthage II, et sur la nécessité de la poursuite des consultations entre les signataires de l’Accord, suspendu, en attendant le sort du gouvernement de Chahed. Le lendemain, les membres du bureau exécutif d’Ennahda se sont réunis, et dans un bref communiqué, ils ont appelé « à la reprise des négociations autour du document de Carthage II» pour dégager une solution à la crise politique, signifiant la disponibilité du parti de Ghennouchi à renoncer au maintien de Chahed à la tête du gouvernement tunisien. Il semble de plus en plus clair que le départ du chef du gouvernement n’est qu’une question de jours, selon les observateurs de la scène tunisienne. Les tractations et les négociations dépasseront le cadre du Document de Cartahage II, pour se focaliser sur la distribution des portefeuilles ministériels, dont le plus prisé, celui de l’intérieur, qui demeure dans le collimateur du parti de Ghenouchi. Sur cette question, il est à noter que des acteurs politiques, veulent voir le départ du ministre de l’intérieur tunisien, Lotfi Brahem, un officier supérieur qui a su, dans les moments difficiles, y faire face, outre qu’il prenait ses distances , en période des turbulences et tensions politiques entre les partis politiques composant l’exécutif. Réussissant à maintenir l’institution sécuritaire en dehors des tiraillements politiques, il a réussi à gagner sur le terrain, en assénant des coups aux groupes terroristes outre les réseaux de trafics. Jeudi dernier, une tentative de contrebande de devises en euros a été déjouée par les unités du service des douanes, au poste frontalier de Ras Jedir commun avec la Libye, avec la découverte de la somme de 1,64 millions d’euros dissimulée dans une voiture se rendant en Libye. Hier c’était au tour des unités sécuritaires de la garde nationale à Moknine, gouvernorat de Monastir, de procéder à l’arrestation d’un individu pour appartenance à une organisation terroriste. Propriétaire d’un cybercafé, le suspect était surveillé, depuis 2014, par les unités de sécurité pour «suspicion d’appartenance à Daech a réussi à le recruter la même année» selon une source sécuritaire, ont rapporté les médias locaux. Agé de 37 ans et ayant un niveau universitaire, le prévenu « était en relation avec un grand leader de Daech installé en Syrie, originaire également de Moknine » selon la même source. Autre opération déjouée par les services de sécurité tunisiens, une opération de trafic de stupéfiants portant sur 13 kg de marijuana, vendredi par les services de la douane de l’aéroport Tunis-Carthage. Cette opération a dévoilé l’existence d’une nouvelle filière entre le Maroc et la Tunisie, selon les services de sécurité, s’exprimant à la presse locale, indiquant que la quantité de drogue a été saisie dans «les bagages d’un ressortissant malien en provenance de Casablanca, Maroc » est-il précisé. Notons que le Front Populaire (FP) , sur la crise politique entre les composantes du pouvoir actuel, s’inscrit dans le sillage « du partage des positions et la domination des centres du pouvoir » soit, selon lui, « entre les partis de la coalition, Ennahdha -Nidaa , ou entre les nouveaux clans de Nidaa,(clan du fils du président, et clan du chef du gouvernement ndlr), et entre tous les intervenants », citant entre autres, des lobbies et des forces étrangères (…), avertissant que ces tensions vont «s’exacerber avec l’approche de la date des élections présidentielle et législatives» en Tunisie.
Karima Bennour