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Colombie : Le gouvernement et les Farc signent un accord de paix historique

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Les Farc, qui comptent encore quelque 7 000 combattants armés, avaient ratifié l’accord vendredi pendant leur conférence nationale.
C’est un accord histoire. La Colombie a vécu lundi un jour à marquer d’une colombe blanche dans les livres d’histoire. Le gouvernement a signé avec la guérilla des Farc un accord de paix qui met fin à un conflit armé sanglant de plus d’un demi-siècle. L’accord a été signé par d’anciens faucons qui ont fait de la paix leur fer de lance : le président Juan Manuel Santos et le commandant en chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez et de Timochenko.
Tous deux sont apparus vêtus de blanc, comme les 2 500 invités, dont 250 victimes du conflit (personnes enlevées ou blessées, proches…), qui ont pu accéder à l’enceinte tendue de blanc et hautement sécurisée où se tenait cette émouvante cérémonie, à Carthagène des Indes, sur la côte caraïbe (nord). Convié à parler en premier, Timochenko a salué « une nouvelle ère de réconciliation et de construction de la paix » et a pour la première fois demandé « pardon » à « toutes les victimes du conflit ». Carthagène a ensuite été survolée par une escadrille d’avions, le chef des Farc plaisantant sur le fait qu’ils viennent « saluer la paix et pas avec des bombes », ce que Juan Manuel Santos, souriant, a confirmé, avant de parler à son tour.

«Le meilleur accord possible »
« Plus de guerre ! Plus de guerre ! », a lancé le chef de l’État, repris en choeur par l’assistance. « Plus de morts (…) pour une guerre absurde », a-t-il affirmé, saluant la décision des Farc de « changer les balles pour les votes » par cet accord qui leur permet de se convertir en parti politique. « Bienvenue dans la démocratie ! » leur a-t-il souhaité, réaffirmant préférer « un accord imparfait, qui sauve des vies, à une guerre parfaite ». Santos a signé le document de 297 pages avec un « baligrafo », stylo fabriqué avec une balle du conflit. Et il a offert à Timochenko une broche représentant une colombe blanche, avec dans son bec un rameau d’olivier et un ruban aux couleurs jaune, bleu, rouge du drapeau colombien. Symbole dont était parée Carthagène.
« La base de tout cela est de ne pas nous entretuer pour des idées », avait auparavant déclaré le chef des négociateurs de paix du gouvernement, Humberto de La Calle, qui a parlementé pendant près de quatre ans avec les Farc et estime que « c’est le meilleur accord possible ». Quinze chefs d’État latino-américains ont assisté à cette cérémonie inédite, à commencer par le Cubain Raúl Castro, dont le pays a accueilli les négociations ayant abouti le 24 août à cet accord avec les Farc, sous les auspices aussi de la Norvège, du Venezuela et du Chili. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, était également à Carthagène, ainsi que le secrétaire d’État américain John Kerry, selon lequel la Colombie a franchi lundi « un pas de géant ». Parmi les 27 ministres des Affaires étrangères présents, le Norvégien Borge Brende, dont le pays a été facilitateur de la paix, a salué cet « accord historique », mais a averti que sa mise en oeuvre allait « demander beaucoup de leadership ». La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a pour sa part appelé à l’instauration de « l’équité et la justice qui restent à bâtir en Colombie ».

Hommage aux forces de l’ordre
De son côté, l’Union européenne a suspendu les Farc de sa liste des organisations terroristes après la signature officielle de l’accord de paix. L’ex-otage des Farc Ingrid Betancourta pour sa part exprimé son « très grand soulagement » et a salué « la fin d’un cauchemar ». « Heureusement, c’est fini », a-t-elle déclaré. Tôt lundi, Santos avait rendu hommage aux forces de l’ordre « pour avoir atteint ce point d’inflexion (…) qui consiste à signer la fin du conflit avec les Farc ». Puis il a participé à « une prière pour la réconciliation de tous les Colombiens », menée par le cardinal Pietro Parolin, numéro 2 du Vatican, et reprise dans « tous les lieux de culte » du pays.
Les Farc, issues en 1964 d’une insurrection paysanne et qui comptent encore quelque 7 000 combattants armés, avaient ratifié l’accord vendredi pendant leur conférence nationale. Le complexe conflit colombien a fait plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés en impliquant plusieurs guérillas d’extrême gauche, des paramilitaires d’extrême droite et l’armée. La paix ne sera pas complète tant que l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste), encore active avec 1 500 combattants, n’aura pas aussi dit adieu aux armes.
L’ELN et le gouvernement se sont engagés en mars à entamer des pourparlers, mais sans fixer de date. La guérilla a toutefois annoncé une trêve unilatérale du 30 septembre au 5 octobre « pour faciliter la participation des gens » au référendum du 2 octobre, dont dépend l’entrée en vigueur de l’accord. Ce qui a été négocié avec les Farc est très critiqué par l’opposition, emmenée par l’ex-président Alaro Uribe, qui a participé lundi dans la cité caribéenne à une chaîne humaine contre la signature.

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