Accueil MONDE Impasse politique en Espagne : Pression maximale sur les socialistes

Impasse politique en Espagne : Pression maximale sur les socialistes

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La pression était à son comble, lundi, sur le chef du Parti socialiste espagnol Pedro Sanchez, au lendemain d’une nouvelle défaite électorale, pour qu’il laisse le conservateur Mariano Rajoy former un gouvernement, ce qu’il a rejeté.

«Le PSOE coule », « Sanchez perd du terrain »: la presse de gauche comme de droite était unanime dans ses titres. Ce que le parti historique de la gauche espagnole craignait le plus est arrivé: lors d’élections dans deux régions du Nord, la Galice et le Pays basque, les socialistes ont été dépassés par des formations alliées au parti de gauche radicale Podemos.
Ainsi, en Galice, En Marea a obtenu plus de voix, arrivant deuxième derrière le Parti populaire (PP) de M. Rajoy. Au Pays basque, le PSOE a vécu une dégringolade, perdant sept députés et « Elkarrekin Podemos » (Ensemble nous pouvons) l’a relégué à la quatrième place.
Aux commandes depuis 2014, Pedro Sanchez, l’homme qui devait incarner le renouveau du parti, semblait au contraire associé lundi à ses échecs. Le PSOE a perdu 20 députés lors des législatives de décembre 2015, ne conservant que 90 sièges. Et il a fait pire encore en juin, tombant à 85 députés.
Ses élus sont du coup gagnés par le doute et les critiques se multiplient.
Mais Pedro Sanchez a annoncé qu’il maintenait sa position et lancé une contre-offensive face à la dissidence interne. « Le non à Monsieur Rajoy…. n’a jamais été aussi justifié », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Madrid.
M. Sanchez a confirmé qu’il souhaitait encore former un gouvernement alternatif avec les partis de « changement »: Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (centre).
« Je défends un projet de gauche » différencié du Parti populaire de Mariano Rajoy, a-t-il dit en expliquant sa position par le refus de transformer sa formation en un « parti subalterne » des conservateurs, au pouvoir depuis 2011. Le PP ne dispose que de 137 élus sur 350 dans ce parlement fragmenté. Il a obtenu le soutien des centristes de Ciudadanos, mais leurs 32 élus ne pèsent pas lourd face aux 85 députés du PSOE et aux 71 élus de Unidos Podemos.
Si le PSOE ne votait pas contre lui comme il l’a fait en septembre, Mariano Rajoy pourrait former un gouvernement minoritaire et sortir l’Espagne de neuf mois de paralysie pendant lesquels le gouvernement sortant n’a pu que gérer les affaires courantes. Lundi soir, M. Rajoy n’a pas attaqué directement son adversaire, se bornant à appeler toutes les forces politiques à faire « preuve de responsabilité ». « Nous ne renoncerons pas à former un gouvernement », a-t-il dit avant de regretter « le lamentable spectacle », offert par l’Espagne.

Résister à Podemos
Officiellement, Pedro Sanchez lui reproche sa politique d’austérité et la corruption de son parti. Il estime aussi que son veto est le seul moyen de résister à l’ascension de Podemos, qui rêve de le pousser dans les bras de la droite pour apparaître comme le seul vrai parti de gauche.
La stratégie de Pedro Sanchez est cependant difficile car les centristes refusent de faire partie d’une alliance avec Podemos. Il a admis qu’il existait « un débat profond » au sein même de son parti sur cette question et a annoncé qu’il ferait valider sa position par le comité fédéral, c’est-à-dire son organe exécutif, samedi.
Persuadé qu’il dispose du soutien des militants, il a annoncé qu’il souhaitait organiser des primaires pour remettre son mandat en jeu le 23 octobre. Seulement une semaine plus tard, le 31 octobre, expire le délai au-delà duquel le roi Felipe VI devra dissoudre le parlement et convoquer de « troisièmes élections » en moins d’un an, faute d’accord entre les partis pour investir un nouveau gouvernement.
Mais Pedro Sanchez a considéré qu’il pourrait mener de front les discussions en vue de former un gouvernement alternatif et une campagne en interne pour garder le pouvoir dans son parti.
« Il y a assez de temps pour que le débat ait lieu (….) et que nous formions un gouvernement alternatif », a-t-il assuré. « Que celui qui pense qu’il peut mieux faire », se présente, a averti Pedro Sanchez à l’attention des « barons » de son parti.

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