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Cadre de vie à Adrar : Le quartier “Bniousskoute” en ébullition

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Bniousskoute comme on le prénomme ‘construis et tais –toi ‘ est un quartier de la ville d’Adrar .Peuplé  par les touareg qui s’installèrent n’importe comment et n’importe où , le quartier a pris de l’ampleur au fil des ans, pour devenir un quartier imposant composé  d’un brassage de populations venues des quatre coins du pays. Si auparavant, ce quartier, né des brumes et du néant était complètement délaissé, voire abandonné, sans eau ,sans électricité ni réseau d’assainissement ,aujourd’hui ,les choses ont bougé et changé pour voir des écoles primaires ,des collèges surgir afin de permettre  une meilleure intégration de la population targuie.

Les supports électriques, les conduites d’eau potable, témoignent des efforts colossaux déployés par l’état au profit de ces habitants qui n’hésitent pas à exprimer leur soulagement et leur satisfaction. Le quartier de ‘Bniousskoute’ est en train de revivre, de renaître sous de meilleurs facettes et quelques constructions timorées en dur ont émergé ,remplaçant les vieilles demeures, construites en pisé ( toub) devenues vétustes. Cet endroit est surtout connu pour son marché de bétail de chèvres, d’ovins, une race locale, connue sous le nom de ’si daoun’ et de dromadaires. Parfois, les bestiaux sont égorgés sur le champ à la demande de l’acheteur qui s’empresse d’emballer le tout dans un sac en plastique, laissant l’endroit conquis par une nuée d’insectes qui s’en donnent à cœur joie . Les mouches prolifèrent ,les chiens aussi. Mais depuis quelques jours les touareg, habitants de ce quartier de ‘bniousskoute ‘ manifestent leur colère et leur mépris pour la tournure des événements qui ont modifié l’éthique, l’image et la réputation de leur cité. En effet, des femmes ,des hommes aisés ont pu s’accaparer de vieilles bâtisses qu’ils ont rénovées aménagées en maison de rendez-vous où les habitués et les étrangers viennent se divertir et prendre plaisir. Vous cherchez à passer un bon moment sans encombres avec tout le confort requis ,alors direction ‘bniousskoute ‘Bien-sûr, les sommes demandées ne sont pas des moindres et les clients disposent de plusieurs tarifs.Généralement ,la ‘marchandise’ comme on l’étiquette ici, provient des villes du Nord et de l’Est. Des filles d’un certain âge pour la plupart ,ne dépassant guère les 25 voire 26 ans sont livrées aux ‘ prédateurs ‘ qui, satisfaits de leur choix, ,n’hésitent pas à payer le prix fort sans s’en rendre compte du risque des maladies transmissibles tel que le sida qui guette et qui pourrait frapper à tout moment. D’ailleurs ,on recense quelques cas dans la wilaya d’Adrar dus à la fréquentation de ces lieux et à la présence de migrants clandestins en provenance du Mali, du Niger, de la Côte d’Ivoire. Ces filles ,en véritables’ outils’ de travail mettent les bouchées doubles ,exerçant le plus vieux métier du monde ,de jour comme de nuit. C’est le soir, ,tant convoité que ces filles de joie s’en mettent plein les poches. Une partie de cet argent est versée à la propriétaire qui supervise les entrées, ,le reste pour ‘ l’ouvrière ‘. Beaucoup de filles repartent ,après une année de dur labeur avec un bon pactole en fin d’année qui leur permet d’acheter un véhicule. Oui, un marché juteux ,un marché de la honte un marché de risques. Les habitants de ce quartier en ont ras le bol de la présence de ces lieux de débauche à tombeau ouvert ; leurs familles ,leurs enfants sont exposés aux multiples dangers sachant que ces familles sont pratiquement toutes démunies et n’ont pas les moyens d’intervenir en cas d’attaques sévères de maladies qui pourraient se déclarer. Résultat : routes bloquées et pneus brulés poussant les services de police à intervenir afin de dégager la voie ,mettant ainsi fin à ce conflit ; le renfort de plusieurs unités de la sûreté urbaine a été nécessaire. Des manifestants furent embarqués, ce qui envenima la situation. Le lendemain, la manifestation reprit de plus belle, mais cette fois-ci devant les sièges de la wilaya et du tribunal. Tout ce que nous demandons et voulons nous expliquer un homme d’un certain âge, la quarantaine bien entamée, le teint basané , les dents jaunies par le tabac, la tête enroulé dans un immense chech ( turban) ,la voix rauque ,sans doute par l’abus de cigarettes ,que ces maisons de rendez-vous (diarfssede) disparaissent du paysage ,et ainsi rendre à César ce qui lui appartient. Des représentants de ce quartier furent reçus par le wali en vue d’amorcer cet épineux épilogue qui commence à peser lourd, dérangeant ses habitants qui ne cherchent qu’une chose : vivre en parfaite harmonie, savourer la vie familiale en s’éloignant des tentations qui nuisent constamment à leur image de marque à laquelle ils tiennent énormément. Des promesses fermes leur furent exprimées en vue d’endiguer ce phénomène qui empoisonne leur quotidien. Les allées et venues d’éventuels clients constituent un véritable marasme et souvent , des rixes éclatent au beau milieu de la nuit qui nécessite la présence des forces de l’ordre. Les boissons alcoolisées ,des psychotropes et d’autres substances hallucinogènes qui corrodent les esprits font leur apparition au grand dam des enfants qui arpentent les ruelles sablonneuses du quartier au milieu des chèvres des femmes qui, parfois, font leur lessive à l’extérieur ,faute de place car la promiscuité à l’intérieur est à déplorer. Il faut préciser que leurs maisons sont souvent partagées avec le bétail ,des chèvres nourricières pour la plupart dont la traite profite allègrement à toute la famille qui consomme énormément de lait, sans doute impliqué dans leur résistance contre toute menace sanitaire. .Les enfants sont constamment pieds nus et peu vêtus ,mais ceci ne les empêche nullement de gambader, de jouer jusqu’à la nuit . Ils rentrent le soir avec le troupeau, afin de savourer le liquide chaud et crémeux . Aujourd’hui le retour au calme est revenu et la vie normale a repris ses droits en attendant meilleurs avec la ferme intention de suivre ce contentieux de près. En attendant , croisons les doigts !
SAFI A.T.

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