Accueil MONDE Brésil : Dilma Rousseff a perdu son palais, mais reste combative

Brésil : Dilma Rousseff a perdu son palais, mais reste combative

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Dilma Rousseff va bientôt devoir abandonner sa résidence présidentielle de Brasilia avec ses luxueuses installations sportives, sa piste d’hélicoptère… et va devoir chercher à s’occuper dans une vie post-destitution qui ne devrait être ni inconfortable, ni retirée.
«Elle n’est pas du tout déprimée (…), la destitution lui a redonné de l’énergie », confie à l’AFP une source dans son entourage. « Ce n’est qu’un au-revoir. Nous reviendrons! », a-t-elle lancé après sa révocation. Destituée mercredi par le Sénat pour maquillage des comptes publics à l’issue d’une procédure hautement controversée, la première femme élue à la tête du Brésil a 30 jours pour rendre les clés du palais de l’Alvorada (« aube » en portugais) à Brasilia. L’ex-guérillera de 68 ans va redécouvrir la vie sans avion présidentiel, sans armée de secrétaires, conseillers, cuisiniers et gardes de corps. Adieu aussi au salaire mensuel de plus de 9 000 dollars. Elle pourra toutefois conserver quatre gardes du corps, deux conseillers, deux chauffeurs, selon les médias brésiliens.
Dilma Rousseff devrait revenir, dans les prochains jours, avec son teckel Fafa et sa mère de 92 ans avec qui elle vit depuis 2011, dans sa ville natale de Porto Alegre (sud) où elle conserve un modeste appartement.
Son déménagement sera pris en charge. Elle pourra utiliser, une dernière fois, un avion de l’armée, assure le quotidien Folha de Sao Paulo.

Le quartier de la tristesse
Ces dernières semaines, alors qu’approchait son procès à l’issue presque écrite d’avance, Dilma Rousseff avait déjà commencé à transporter livres et vêtements du palais vers Porto Alegre (sud), raconte Folha.
Pendant le long processus de destitution, Dilma Rousseff s’échappait parfois de Brasilia pour rejoindre sa ville natale. Là, elle faisait du vélo le matin et voyait sa fille Paula, son ex-mari Carlos Araujo et ses petits-fils Gabriel et Guilherme, selon ZH Politica. Certains estiment qu’elle sera même soulagée de quitter l’Alvorada : dessiné par le célèbre architecte Oscar Niemeyer, ce bâtiment blanc peut sembler un peu lugubre et isolé.
Il y a des murs en verre, une vaste pelouse, une énorme piscine, une chapelle, un centre médical et une salle de cinéma. Et comme on est au Brésil, il y a évidemment un terrain de football. « Honnêtement, je pense qu’elle se sentirait mieux dans un mode de vie plus simple », commente Alexandre Fragos Lacerda, informaticien de 41 ans venu face au palais afficher son soutien à l’ex-dirigeante.
« Elle va être triste de partir. Elle a un docteur 24 heures sur 24. Elle ne peut même pas savoir comment les Brésiliens ordinaires vivent et à quel point nos hôpitaux publics sont affreux », estime à l’inverse la guide Irma Ferreira, 47 ans, qui connaît le palais par coeur.

Rousseff députée ?
Une autre question se pose : que fera désormais une ex-présidente connue pour être un bourreau de travail? Dilma Rousseff a déjà dit non à deux offres pour étudier à l’étranger, l’une de France et l’autre des états-Unis, selon Folha. Mais s’ils l’ont destituée mercredi, les sénateurs ont créé la surprise en ne lui retirant pas ses droits civiques pour huit ans. Elle qui craignait une « peine de mort politique » pourrait donc repartir en campagne. Revenir à la présidence dès le scrutin de 2018, comme exquise revanche?
C’est exclu, car elle a déjà remporté deux élections consécutives, en 2010 et 2014, le maximum prévu par la loi. Sans oublier qu’elle reste très impopulaire dans ce pays qui connaît une récession historique. Mais Dilma Rousseff pourrait, pourquoi pas, se présenter comme députée ou surtout sénatrice. Se disant victime d’une injustice, l’ex-guerillera a contre-attaqué mercredi, en dénonçant avec vigueur un « coup d’état parlementaire » et en promettant une féroce opposition au « nouveau gouvernement putschiste ».

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