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Boualem Amoura, secrétaire général du SATEF : «Les conditions ne sont pas favorables pour la réussite de la rentrée scolaire»

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Au vu des nombreux problèmes auxquels fait face le secteur de l’Éducation nationale, accentués par la pandémie du Covid-19, le bon déroulement de la prochaine rentrée scolaire sera compromis pour de nombreux professionnels du secteur qui estiment que les conditions ne sont pas favorables pour la réussite de ce rendez-vous éducatif.

C’est le cas pour le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), Boualem Amoura, qui n’est pas allé sur le dos de la cuillère pour décrire une situation « catastrophique » à la veille de la rentrée des classe prévue le mardi prochain. Contacté hier, Amoura a évoqué plusieurs problématiques qui empêcheraient d’après lui à ce que l’année scolaire se déroule dans les conditions voulues, surtout que les solutions pour y faire face n’ont pas vu le jour. Le syndicaliste a d’abord évoqué la situation sanitaire marquée par la pandémie du Covid19. Rappelant que l’année dernière le protocole sanitaire n’a pas été appliqué comme il se doit dans la plupart des établissements, en raison de manque de moyens, il a relevé que pour cette année ça sera « pire », en raison de la crise de l’eau. «  Il ya des régions ou l’eau est coupée durant plusieurs jours. Comment voulez-vous que l’on applique les mesures de protections contre le Covid s’il n y a pas d’eau ? S’est-il interrogé avant de souligner que ce ne sont pas tous les établissements qui sont dotés de réservoirs ou de grandes citernes. Toujours en ce qui concerne le manque d’eau, Amoura signale que cela posera également problème pour le bon fonctionnement des cantines scolaires, qui ne pourront être opérationnels sans cette ressource. En outre, il a souligné que l’augmentation vertigineuse des prix des produits de large consommation a poussé beaucoup de fournisseurs à résilier leurs conventions avec les établissements scolaires car ne voulant pas travailler à perte.

« Le planning d’enseignement, un vrai casse tête »
D’autre part, le SG du SATEF évoque le plan exceptionnel de l’enseignement mis en place par la tutelle qui suscité beaucoup d’interrogations sur la possibilité de son application sur le terrain. Selon Amoura, les directeurs d’établissements ne sont pas arrivés à confectionner les emplois du temps des enseignants en raison du volume horaire imposé par le plan. En effet, les enseignants sont appelés à assurer des heures supplémentaires de travail, au moment ou le secteur enregistre un manque flagrant d’encadrement. Une situation qui risque de provoquer des bras de fer entre les syndicats et le MEN après que celui-ci ait décidé de ne pas organiser de concours externe de recrutement. « Le Satef n’acceptera jamais à ce que les enseignants soient exploités, de même pour le personnel administratif » a menacé à ce propos Amoura.

Djamila Khiar : « L’inquiétude des parents est légitime »
De son côté, la présidente de la Fédération nationale des parents d’élèves, Djamila Khiar, a estimé que l’inquiétude et l’appréhension des parents en cette veille de la rentrée est légitime. Elle a fait savoir que les parents sont réellement préoccupés en raison de la conjoncture sanitaire surtout après l’apparition du variant Delta qui touche également les enfants. Aujourd’hui, ce qui nous intéresse le plus, c’est l’application stricte et rigoureuse du protocole sanitaire contre la Covid-19 dans les établissements, a-t-elle déclaré, notamment pour éviter le scénario de l’année précédente ou des manquements et des dysfonctionnements ont été enregistrés dans ce domaine. Relevant avoir travaillé avec le ministère de l’Education pour préparer la rentrée des classes, Khiar a souligné qu’outre l’application des mesures de prévention, de nombreuses propositions ont été également faites pour parer au problème de la lourdeur du cartable, et de la surcharge des programmes. Djamila Khiar a d’autre part évoqué les élèves des régions touchées par les derniers incendies et a mis l’accent sur la nécessité de leur prise en charge que ce soit par l’État ou par les associations de solidarité. Pour finir, la présidente de la fédération des parents d’élèves a fait état de la mise en place de commissions au niveau de toutes les wilayas du pays pour suivre la rentrée scolaire de « près ».

«Des familles victimes d’incendies sont toujours logées dans des écoles»
Évoquant, par ailleurs, les incendies qui ont touché le mois d’août dernier plusieurs régions du pays dont particulièrement la wilaya de Tizi Ouzou, Amoura a attiré l’attention sur le fait que des familles sinistrées avec des enfants scolarisés soient aujourd’hui encore hébergées dans des établissements scolaires comme c’est le cas à Aïn El hammam, a-t-il cité en exemple. « Nous nous demandons comment les autorités vont faire avec ces personnes qui sont dans des conditions « catastrophiques », à quelques jours seulement de la reprise des cours ? S’est-il encore interrogé.

« Il n’y a pas eu de rencontre avec la tutelle pour préparer la rentrée »
Boualem Amoura a, pour conclure, fait savoir qu’au vu de tous les problèmes face auxquels le secteur est confronté, aucune rencontre n’a été programmée entre le ministre de l’Éducation nationale et les syndicats, pour discuter de la rentrée scolaire et de surtout tenter de trouver des solutions afin d’assurer les bonnes conditions de scolarité aux élèves, et de bonnes conditions de travail à tout le personnel, une démarche qui devait pourtant être suivie à la veille de la rentrée, comme cela se fait chaque année, déplore notre interlocuteur, soulignant que Belabed est pourtant un enfant du secteur, et il sait très bien ce qu’il faut faire. « Nous ne comprenons pas pourquoi ce silence radio, a confié Amoura qui termine en disant que la rentrée s’annonce mal, en raison des conditions pédagogiques défavorables et des problèmes socioprofessionnels accentués par l’érosion du pouvoir d’achat et l’augmentation des prix.
Ania Nait Chalal

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