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Après l’abrogation de l’article 87-bis : entre le marteau des Syndicats et l’enclume de la rigueur

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L’abrogation de l’article 87-bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail, longtemps réclamée par les Syndicats, est enfin rentrée en vigueur, avec effet rétroactif à partir de janvier 2015. L’abrogation de l’article 87-bis du Code du travail, dont les modalités d’application ont été publiées, la semaine dernière, dans le dernier «Journal officiel», est loin de faire consensus au sein des Syndicats de plusieurs secteurs. Ainsi, l’abrogation de l’article en question, ayant trait à la revalorisation salariale des travailleurs, taraude l’esprit des employés algériens et alimente les spéculations, quant à sa mise en œuvre effective, depuis son entrée en vigueur, en janvier dernier. Manifestement, elle devra être appliquée à partir du mois d’août prochain, selon le gouvernement. Néanmoins, l’abrogation ne fait pas que des heureux. En effet, côté Syndicats, le mécontentement commence, d’ores et déjà, à se faire sentir. Le marasme des Syndicats ne semble pas la seule entrave qui pourrait compromettre l’abrogation. Nombre d’experts ont mis en garde, à maintes reprises, contre cette démarche qu’ils n’hésitent pas a qualifiée d’«hâtive», au vu des indicateurs microéconomiques et du constat, peu reluisant, de la Banque d’Algérie, sur la situation financière du pays à la lumière de l’effondrement du marché pétrolier. Ainsi, ces Syndicats commencent, d’amblée, à calculer les incidences financières d’une telle augmentation. Joint, hier, par téléphone, le président du Syndicat national des corps communs (SNCCS), Mounir Betraoui, nous a déclaré : «Tous les travailleurs touchant des salaires minables ne seront pas concernés par cette augmentation». De ce fait, le SNCCS considère l’augmentation, incluse dans l’abrogation de l’article 87-bis, d’aléatoire, vue qu’elle n’atteindra pas les 3 500 DA dans les meilleurs des cas. À titre d’exemple, les travailleurs répertoriés à la catégorie professionnelle 1 recevront 3 452 DA, alors que ceux de la catégorie 10 ne recevront que 698 DA. Quant aux catégories 11 et plus elles ne toucheront aucune augmentation. Dans ce registre, Betraoui a exprimé sa déception en considérant que les augmentations prévues dans l’abrogation de l’article 87-bis ont fait beaucoup de bruit pour rien. «Nous avons attendu une année pour une simple abrogation, et non une suppression. Nous prévoyons de revenir à la charge dès la rentrée sociale prochaine. On ne peut pas rester les bras croisés, quant aux manipulations du gouvernement», dira l’interlocuteur. Frustrés, mais surtout en colère, les représentants des corps communs de la santé expriment leur «mécontentement» concernant cette abrogation. De son côté, le porte-parole du Syndicat national du personnel de l’administration publique (Snapap), Rachid Malaoui, évoque une «une promesse non tenue» de la part du gouvernement qui avait assuré, lors de la Tripartie de 2014, de s’investir davantage dans la revalorisation des salaires et l’amélioration du pouvoir d’achat des Algériens. Dans ce sillage, Malaoui a déclaré: «Si l’article 87-bis du décret législatif N°94/03 est réellement abrogé, le Salaire national minimum garanti (SNMG) sera égal au salaire de base de la catégorie 1, à savoir 18 000 DA.
Cet amendement provoque une augmentation entre 9 000 DA (catégorie 1) et 945 DA (catégorie 8) et le salaire minimum d’un travailleur en Algérie devient comme suit : 18 000 DA (salaire de base) + différentes indemnités + indemnité d’expérience professionnelle (IEP) + allocations familiales.
Ce nouveau mode de calcul du SNMG va aboutir à un salaire minimal net de 23 000 DA. Selon le Syndicat, «cette nouveauté ne concerne pas les travailleurs classés à la catégorie 9, 10, 11 et plus. Ce qui est contraire au principe de l’équité, du moment qu’une catégorie large des travailleurs n’auront pas les mêmes avantages que les autres, sachant que l’impact du pouvoir d’achat touche tous les travailleurs en Algérie». S’agissant de l’impact sur l’économie algérienne, marquée par la chute des prix du pétrole, l’interlocuteur a indiqué que «chaque revalorisation des salaires a un impact sur le budget de l’État. Toutefois, en Algérie, nous ne touchons pas des salaires, mais plutôt des primes». Quant aux entreprises privées, qui s’inquiéteraient de ne pouvoir prendre en charge l’impact financier, le porte-parole du Snapap considère qu’elles ont déjà bénéficié de beaucoup d’avantages à travers «les crédits bancaires et les rééchelonnements des dettes.» Enfin, il affirmera que le combat continue pour acquérir les droits des travailleurs algériens.
Pour ce qui est des Syndicats dans le secteur de l’Éducation, le scénario n’est pas meilleur. En effet, lors d’un appel avec le porte-parole du l’Union national des professionnels de l’éducation et de la formation, Amraoui Messaoud, a fait part de l’implication de l’UGTA dans la non-suppression de l’article. Il évoque, à cet égard, le retour à la protesta, dès la rentrée sociale prochaine. Pour ce qui est de la chute des prix du pétrole Amraoui s’interroge comme les voix se lèvent pour évoquer la chute des revenus de l’État, or, la loi de Finances est calculée sur la base de 73 dollars le baril du pétrole.
Par ailleurs, le réaménagement du 87-bis «peut créer des conflits dans le monde du travail, car si l’on touche les bas salaires, il faudra aussi revaloriser les hauts salaires. Un non diplômé ne peut pas être payé comme un -diplômé», prévient Amraoui.
Lamia Boufassa

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