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Après la large victoire électorale de la gauche en Grèce : «Le printemps européen» ?

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Une victoire électorale historique est intervenue en Grèce, où pour la première fois dans l’histoire du pays, une formation politique -le parti de la gauche radicale Syriza- est arrivé largement en tête aux élections législatives anticipées. La victoire de Syriza, en tête des sondages, depuis plusieurs mois, constitue une première dans la zone euro, avec la possible constitution d’un gouvernement, ouvertement, opposé aux contreparties exigées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, pour sauver le pays de la faillite. Cela constitue également un changement de cap significatif après les mesures annoncées par la Banque centrale européenne (BCE), visant à injecter de très importantes liquidités dans les économies ayant adopté la monnaie unique. Le leader charismatique de Syrisa, Alexis Tsipras, doit maintenant former un gouvernement après une large victoire aux élections législatives. Il a obtenu plus de 36% des voix, et devance ainsi les conservateurs de plus de 8 points. Mais il rate la majorité absolue au Parlement pour deux sièges. Le parti a entamé donc, lundi, les négociations pour la formation d’une coalition.
Première étape, il doit trouver un allié parmi les partis entrés au Parlement. Alexis Tsipras a discuté avec Panos Kammenos, le leader des Grecs indépendants. Cette formation est constituée d’anciens membres de la frange la plus à droite des conservateurs. Elle est considérée comme nationaliste et anti-européenne. Mais, elle fait partie des favoris car elle partage le programme anti-austérité de Syriza. Parmi les candidats pour former une solide majorité parlementaire, il y a aussi «La Rivière» (To Potami) de Stavros Theodorakis, l’ancien journaliste. Il s’agit là d’un parti de gauche sur le plan social et libéral sur le plan économique.
Mais, il refusera de participer à une coalition anti-européenne. Si Alexis Tsipras ne trouve pas de partenaire d’ici trois jours, le président anti-européenne grec devra transférer cette mission au parti arrivé en deuxième position, puis, en cas d’échec, à celui ayant terminé en troisième position. Enfin, si cela ne fonctionnait pas, il y aurait de nouvelles élections. Mais ce dernier scénario semble plutôt improbable. Alexis Tsipras a déjà commencé les discussions depuis plusieurs semaines, et il lui sera facile de constituer une majorité de gouvernement. Mais tout l’enjeu est d’obtenir un gouvernement stable, plus stable, en tout cas, que la coalition sortante, celle des conservateurs et des socialistes qui n’avait que 155 sièges sur 300. En effet, la gauche radicale devra négocier avec la troïka (UE-BCE-FMI) pour la fin du deuxième plan d’aide et cela ne va pas être facile, car le FMI et l’UE comptent maintenir l’austérité. Une autre négociation difficile attend Syriza : celle de la restructuration de la dette colossale du pays qui représente actuellement 175% de son PIB.
Quoi qu’il en soit, la politique qu’entend appliquer Alexis Tsipras sera en rupture totale avec celle menée par le gouvernement de droite sortant. Il a tenté de rassurer les sphères européennes, pendant la campagne, et a aussi voulu le faire, ces derniers jours, vis-à-vis de ses électeurs : la Syriza «affrontera» les créanciers, qui ont prêté jusqu’ici 240 milliards d’euros au pays, en échange de réformes, a-t-il promis. La Syriza souhaite obtenir l’annulation d’une partie de la dette, de 321,7 milliards d’euros (qui représente 175% du produit intérieur brut), et modifier le mécanisme de remboursement du reste de la charge. «Une dette est une dette, c’est un contrat. Faire défaut, restructurer, changer les termes a des conséquences sur la signature» d’un pays, a prévenu la directrice du FMI, Christine Lagarde. Le programme de Syriza prévoit deux grands chantiers : le traitement de «la crise humanitaire» et la relance de la croissance. Parmi les mesures, on relève : le courant électrique gratuit pour trois cent mille ménages. Des milliers de foyers défavorisés sont sans courant pour cause d’impayés auprès de la compagnie nationale d’électricité. La création de trois cent mille emplois. Le rétablissement du salaire minimal à 751 euros. Celui-ci a été abaissé à 586 euros en 2012. La gratuité des soins de santé pour tous. Près d’un quart des Grecs n’ont plus de couverture sociale, selon l’Organisation non gouvernementale Médecins du Monde. La victoire de Syriza fascine de nombreux partis de la gauche radicale, européens, qui y voient un appui populaire à leur lutte contre les politiques de rigueur dans la zone euro. Pablo Iglesias, leader de Podemos en Espagne, voit en cette victoire «le retour de la souveraineté nationale» pour les pays du Sud, davantage minés par la crise économique. Quant à Jean-Luc Mélenchon, à la tête du front de gauche en France et qui souhaite rallier à son front les écologistes, il parle de l’avènement d’un «printemps européen».
La leçon Syriza aura-t-elle des échos en Algérie, au moment où pour toute solution à la baisse des prix du pétrole l’on ne parle que d’abandon des acquis sociaux, telles la médecine gratuite et l’accélération des grandes privatisations avec la prochaine arrivée en force du privée, dans le transport aérien et maritime et une plus grande présence dans les secteurs stratégiques de l’énergie et des mines.
M. Bendib

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